PEROU ET BOLIV1E.
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:m choix des instltutions nouvelles?
N'était-il pas étrange que la loi fonda–
mentale de
l'~ lat,
propo ée par le Li–
bérateur, cont1nt , dans sa di position
la plus importante, une violation aussi
manifeste des príncipes du gouverne–
ment républicain? Cette réflexion ,
faite des l'ahord par les démocrates
les plu éclairés, avait déterminé les
répulsions du peuple pour le code bo–
Ji vien ,
t
quelques esprits méfiants,
cherchant
a
se rendre compte de l'in–
tention qui avait dicté a Bolivar ce sin–
gulierarticle de sa con titution , furent
tout naturellement conduits
a
luí sup–
poser des projets de royauté et de dy–
nastie; de la un commenr.ement d'im–
populnrité.
A cette cnuse ele désaffection, il
fauL
ajouter l'impatience melée de colere
al't'c lar¡urlle Je peuple clu bas Pérou
supportnit In 1iré ence de troupes co–
lombienne sur son tcrritoire. l\Ialgré
Ja sévere discipline
á
lnquelle ces trou–
pe étaient soumises, leurs mcem·s
et leu r habitudes nationales étaient
trop antipathiques aux Péruviens pour
qu'ils pu sent le tolérer longtemps.
11
s'était formé peu
a
peu un pm:ti__oom–
breux qui réclamait éncrgiquement
l'cxpulsion des oldats étranger . Bolí–
var, mér.onnais ant
C!'
qu'il y al'ait de
légitimll et de
1·e
pectable dan cette
exigence, fermnit l'oreille aux mur–
mures qui nrrivaient jusqu'a Jui. Cette
imprudente obstination exaspéra In
multitude des mécont¡mts. On décou–
vrit une conspiralion qui, dít-on,
avait pour objet l'assa sinat de Bolívar
et l'expul ion de Colombiens. Bien
que, suivant des personne en posi–
tion d'8tre bien informées, le comp lot
n'eilt réuni que des
ge.nssans ímpor–
tan ce, et que mllme, au dired'un grand
nombre de cítoyen , il füt compléte–
ment imagiaaire , l'a utoljté recourut
aux mesure le plus rigoureu e . On
forma un tribunal supr8me- chargé de
poun•oir oux néce si tés du moment;
lt>
dorteurs Estenos, Pancon o et
Freyre, membres de cette junte pré–
votale, príre11t
a
tache d'imit
l'
et de
lll'p<IS er le zele odieux déployé par
R.i\•uden yra dans ses fonctions de pré-
sident de l'anclen ne cour martiale. Le
li eutenant Aristabal fut condamné
a
lltre fus illé , et son dernier oupir
s'exhala dans un vceu patriotique. n
chef de guérillas , nommé iaavilca,
et plusieurs autre3 qui, comme luí
avaient pris la fuite, furent
condam~
nés par contumace
f¡
etre étranglés '
et cela au mépris d'un décret du
3
jan–
vier
1822.,
par lequel ce mode de sup–
plice avait eté abolí. Le colonel Vidal,
dont le courage , les talents militaires,
la probíté et le patriotisme étaient
connus et apprécié de tous, fut con–
damné, éga lement par contumace, a
la dégradation et
a
l'exil; d'autres su–
birent des
chfitimen~
analogues. L'a–
miral Guise fut mis en jugement et
acquitté. Tous les Buénos-Ayriens et
les Chilien r é idant au Pérou furent
tenus de se présenter aux autorités de
la capitale et soumis
a
une surveillance
des plu sévereó". Les généraux eco–
chea et C9rrea , les colonels Estomba
et Baulet, ainsi qu'un grand ombre
de négociants honorables, parmi Ies–
quels don Juan-José San:atéa, dont
le patriotisme n'avait jamais été mis
en doute, durent quítter immédiate–
ment 1 pays. ecoehea renvoya au
gquvernement son brevet de général,
ainsi que plu ienrs bons sur le tré or
qui lui avaient été donnés en récom–
pense de ses loyaux servi ces. " Je ne
veux, écrivaít-il , emporte.r de ce pa s
que les bles ures que j'ai
re~ues
pour
lui. • Le conseil , ans 11181110 accu er
réception de la lettre du géaéral , ac–
cepta sa démission et les bons du
trésor.
On ne aurai t trop blamer l'exces–
sive rigueu r dont Bolívar, dans cette
circon tance, fit usage envers des ad–
''er ai res dé armé . Cette risueur n'é–
tait pas seu lemen t impolit1que, elle
était ou i ondamnable aux yeux de
l'humanilé et de la ju tice. Alors
me
me que le comp lot eatntlein t les pro–
portions effrayautes que l'autoríté e
plut
iJ
lui atlribuer, les conspirateurs,
vu l'état général <le e pr1ts au lende–
mnin d'une ré olution, eussen t mérité
plus d'inclulgence. II
y
eut d'ailleurs
dans les chfitiments une sévérité vrai-