Table of Contents Table of Contents
Previous Page  632 / 678 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 632 / 678 Next Page
Page Background

508

L'UNIVERS.

tions et Ja formation d'un congres qui

se réunit a Lima le 24 juin. La charte

antirépublicaine de Bolivar fut dédai–

gneusement répudiée, et le généra"l La

:Mar fut élu président de la république,

avec don Manuel Salazar

y

Baquijano

pour vice-président. Suivant M. l\1iller,

la nomin.ation de La Mar

causa une

satisfaction générale et fut univers.el–

Iement considérée comme un événe–

ment des plus heureux. Le Pérou étai t

done perdu pour Bolivar. On a ac–

cusé les Péruviens d'ingratitude; mais

quand on considere l'obstination dé–

raisonnable avec laquelle le Libérateur

chercha

a

foire adopter sa constitution

aristocratique, si

l'on tient compte

surtout de la résistance qu'il ne cessa

d'opposer

a

ceux qui réclamaient l'é–

loignement des troupes boliviennes ,

on reconnaitra que ce fut en grande

partie par sa faute qu'il perdit l'affec–

tion des populations péruviennes. Si

l'on fait aussi la part de la fougue po–

pulaire qu'aucun obstacle n'arrétait

plus, depuis le départ de sohlats étran–

gers, on s'expliquera la brusquerie, et

meme l'espéce de brutalité avec Ia–

quelle Bolivar fut dépouillé de son au–

torité supreme et presque relégué au

rang des ennemis du Pérou. Pour qui–

conque a étudié les vicissitudes des

révolutions , cet événement n'a. rien

que de naturel.

Le nouveau président ne répctndit

pás a toutes les espérances que sa no–

ruir\ation avait fait concevoir. Trop ex–

clusivement préoccupé de son désir de

concilier tous les partis, il preta une

oreille CQmplaisante

il

certains brouil–

lons politiques qui lui conseillaient de

prendre une attitude militaire formi–

dable, afin d'intimider la Colombie et

de prévenir ses usurpations. Au Iieu

de ré<luire l'effectif de l'armée active,

ce qui aurait singulierement diminué

les charges publiques, il le porta a

12,000 hommes; or, les revenus de

l'État se trouvant alors insuffisants

pour la solde et l'en tretien d'un aussi

grand nombre de troupes, il fallut

avoir recours a <les augmentations suc–

cessi ves d'impots, et meme

il

des ex–

torsions qui appauvrirent les contri-

buables et porterent un coup funeste

a

la popularité du général La Mar.

Cet accroissement de forces militai–

res n'était que le prélude indispensa–

ble d'un événement plus important.

Les rapports du Pérou et de la Co–

lombie étaient devenus si équivoques,

qu'il était facile de prévoir une rup–

ture prochaine. La guerre fut déclarée;

elle le fut par les Péruviens et avec

des circonstances qui aggravaient leurs

torts. Dans une proclamation furi–

bonde, datée de Tambo-Grande, 12

octobre 1828, La Mar

s'effor~a

de re–

jeter tous les torts, et surtout celui de

l'agression, sur Boli-var ; il l'appelait

l'ennemi juré

de

l'indépendance pé–

ruvienne; le contempteur des droits

de la nation; le seul homme qui vou–

lút imposer le despotisrne aux Arné–

ricains.

"Le général Bolívar, ajoutait

le président, en s'adressant

a

ses sol–

dats, a osé nous déclarer la guerre ,

et sa priisence sur les frontieres a été

le signal de la lutte. Vous vaincrez les

esclaves insolents qui l'accompagnent

dans cette entreprise fratricide; vous

vengerez les outrages faits

a

votre

bonneur; vous punirez les inrnltes

prodiguées

a

la république. " Un pa–

reil langage était déja coupable vis-a–

vis de l'homme qui avait donné l'in–

dépendance au Pérou; il l'était dou- ·

blement dans la bouche du successeur

de Bolivar, du premier magistrat d'une

nation. Répréhensible par la forme,

cette déclaration d'hostilités l'étaitbien

autrement par ses motifs. Le gouver–

nement péruvi en accusait la Colombie

de s'etre liguée avec la république de

Bolivie pour envahir le Pérou, et rien

ne justifiait cette grave imputation.

C'était, au contraire, l'armée péru–

vienne qui avait occupé le territoire

bolivien , alors que le général Sucre

se bornait a prendre des mesures de

précaution a peu pres insignifiantes.

Le véritable mobile de la conduite de

La Mar était le désir de

s'empar~r

de

Guayaquil et d'en faire un port péru–

vien; \'Oila la cause secrete de la guerre.

Quant a la Colombie, son principal grief

était le non - payement des 3,595,000

dollars que lui devait le Pérou pour