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PEROU ET BOLIVIE.

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la généreuse assistance qu'elle lui avait

pret"ée dans la lutte de l'indé1i.endance.

A ces motifs de l'll(Jture, il fout ajou·

ter l'implacable animosité qui régnait

entre les Colombiens et les Péruv1eus,

anirnosité essentiellement nationale,

instinctive, sans fondement raisonna–

naole , mais plus énergique et plus vi–

vace que celle qui avait si longtemps

existé entre ces memes peuples et les

Espagnols. Toutefois, comme ces hai–

nes popúlaires ne ju tifient pas des

actes semblables

a

cclui dont il s'agit,

la responsabilité et le blame de cette

guerre impie doivent retombcr sur le

gouvernement péruvien. Le reproche

d'ingratitude, dont nous avons cher–

cher

a

le laver tout

a

l'heure, lui revient

de droit dans cette circonstance, et

ce era une tache éternelle pour le Pé–

rou d'avoir tiré l'épée contre des voi–

sins , contre des freres qui l'avaient

si puissamment aidé

a

conquérir l'in–

dépendance et la liberté.

Aussitót que la déclaration de guerre

du Pérou .fut connue, Bolívar marcha

sur Popayan avec

10,000

hommes ,

do11t

3,000

furent détachés pour aller

défendre Guayaquil contre l'e clldre

de l'amiral Guise ; précaution irrntile,

car, le 21 janvier 1828, cette Yille

e

rendit

a

l'amiral péru1•ien. L'armée du

Pérou envahit alors le territoire co–

lombien. Le 25 février, eut lieu

a

Tar–

qui, pres de Si ron, dans la province

de Quito, une bataille sanglante dans

laquelle , malgré la plus vigoureuse

résistance,

l'armée péruvienne fut

presque entierement détruite. Le len-

- demain, les commíssaires désignés par

· les deux généraux ennemis poserent

les bases des préliminaires de paix.

Lrs principales clauses étaient: 1º que ,

les forces militaires du Pérou , can–

tonnées daos le nord du pays, seraient

r éd uites au pied de garnison; 2° que

des comrnissaires spéciaux détermine–

raient les frontieres des deux républi–

ques, en prenant pour base la divi–

sion pol

i tique des vice - royautés de

Lima.et

de la ouvelle-Grenade, telles

qu'elles é

taient constituées en ao ut

1809;

que le gouvernement péru–

vien ferait honneur

a

sa 'dette envers

l'armée colombienne pour les services

de cette <lerniere dans la guerre de

l'indépendance; 4° qu'aucune eles deux

répuhliques n'interviendrait daos les

affaires intérieures de sa voisine, et

qu'en outre, l'i ndépeudance de la Bo–

li vie serait respectée par elles; 5º qu e,

~e

traité une fois ratifié, le gouver–

nernent des Etats-Unis de l'Amérique

du Nord serait prié de garantir l'exé–

cution de ces clauses, en qualité de

médiateur. La p10gération de ces sti–

pulations sera remarquée par tout le

monde ; elle foit honneur aux vain–

queurs de Tarqui, et l'on doit recon–

naitre que Bolívar donna, dans cette

conjoucture, une

le~on

de générosité

et de fraternité

a

ses adversaires.

Cependant la réaction qui

s'était

opéree

a

Lima contre l'influence co–

Jombi enne, et qui avait amené la dé–

claration de guerre, avait eu son con–

tre-coup dans la Bolivie. Ce n'.était pas

a sez pour le gouvernement péruvien

d'avoir expul

é

les troupes étrangeres

du territo1re de

l'a

république ,

ji

con–

sentit encore

a

appuyer un parti anti–

colombi en qui s'était formé daus l'É–

t3t voisin. :Bien que le général Sucre

eut été nommé président de la Bolivie

p~r

le choix libre et spontané de la

nation, ratitié par le congres; bien que

la condition imposée par lui de garcler

aupres de sa personne

2,000

soldats

colombiens, eat été acceptée sans con–

testation, néanmoias la fierté natio–

nale des Bolivieos ne souffrait qu'avec

peine la présence des troupes auxiliai–

res, et ils résolurent d'accélérer le mo–

ment ou ils devaient en etre délivrés.

Le partí révolutionnaire sollicita et

obtint l'assistance du gouvernernent

péruvien. Un corps de troupes fut

cbargé, sous le comrnandernent du gé–

néral Gamarra, de coopérer avec les

mécontents, mesure qui fut justement

reprochée au cabinet de Lima, et dont

il fut puní comme il le méritait. Sucre

fit une résistance énergique, et quoi–

que blessé au bras , dans une reucon–

tre, il n'en continua pas moins

a

com–

battre les troupes coalisées. Malgré ses

efforts bérolques, il finit par perdre

du terraio; enfin abandonné par ses