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L'UNlVERS.
et de respect pour les volontés d'une
nation :
" Apres avoir longtemps réOéchi ,
disait Bolivar, sur les articles délibP.–
rés par les cinquante · deux représen–
tants au congres général, je ne pu is
que féliciter ces honorables citoyens
de ce qu'ils veulent recourir, dans les
difficiles circonstances ou ils se trou–
vent, a la source de laquelle émanent
leurs pouvoirs. Rien
n'est
pTus con–
forme aux doctrines de la souveraineté
nationale que de consulter la nation
en masse sur les points qui doivent
lltre la base constituante de la liberté
des États, de I'autorité des lois, et du
pouvoir chargé
d~
. .-ies exécuter. Tous
les hommes indivIBuellement sont su–
jets
iJ
l'erreur et a la séduction; il n'en
est pas ainsi du peuple,
~ui
possede
au <legré le plus éminent la conscience
de ce qui peut faire son bien-etre et
assurer sa liberté. Son jugement est
sílr et sa volonté forte;
il
n'est pas
plus possible de le corrompre que de
l'intimider. J'ai déja éprouvé combien
le peuple est apte a
pren~re
de gran–
des résolutiOJlS; aussi j'ai
toujours
préféré son opinion a celle des sages.
Qu'on recoure done a l'opinion _du
peuple, ainsi 9ue cela est proposé, on
verra si les Jo1s ont recu l'assentiment
de tous et quel est le magistrat su–
prerne entre les mains de qui la na–
tion désire que je remette le pouvoir.
Je dois ajouter, avec la fraacbise la
plus absolue, que le besoin de dépo–
ser au plus tot l'autorité dont je suis
revetu, nr. me permet pas d'attendre
pour la convocation du congres l'épo–
que fixée par la loi; que, rappelé par le
cri de mes compatriotes , et désespé–
rant presque de retourner en Colom–
bie, j'ai le plus vif désir de voir le
congres du haut Pérou mettre un ter–
me aux 'relation!J ambigues, et je pu is
di re extraordinaires, qui existent en–
tre ces deux pays. Toutefois, je mets
de coté ces considérations pour ne
m'occuper que de l'intéret du Pérou,
intéret qui ne peut etre raisoanable–
ment sacrilié a celui d'un autre pays.
La situation de l'Amérique est telle,
que le sort de ses divers États est
étroitement
lié,
et qu'on ne peut ren–
dre .service a l'un sans rendre service
a J?autre. "
Cette réponse aux députés fut im–
médiatement suivie d'un décret qui
ordonnait un nouveau recensement
de la population péruvienne et la for–
mation de nouveaux colléges électo–
raux.
Ce fut a peu pres a cette époque que
le Libérateur rédigea une constitution
pour la république de Bolivie, consti–
tution qui fut adoptée par les repré–
sentants de ce pays, dans le courant
de mai
1826.
Un président
i:t
vie de–
vait etre nommé. Lé choix du congres
bolivien tomba sur le général Sucre,
qui accepta' a condition que ses pou–
voirs ne dureraient que deux ans, et
qu'on lui permettrait de garder aupres
de lui un corps de 2,000 Colombiens.
Soit amour- propre d'auteur, soit
arriere-pensée melee d'ambition, Bo–
livar désil'ait faire adopter le
code bo–
livie¡i
par la r épublique
di~
bas
~érou,
de telle
fa~on
que les deux Etats iussent
politjquement son Ollvrage, comme ils
l'étaient sous le napport de l'indépen–
dance. 11 se flattait que sa constitu–
tion serait favorablement accueillie par
la majorité de
la nation, et. il était
entretenu dans cette erreur par des
courtisans trop jaloux de lui ')Jlaire
pour lui révéler les répugnances du peu–
ple. TI ne savait pas que sa popularité
diminuait de jour en jour et que ses
désirs n'étaie1h plus des lois pour les
Péruviens. Le'Code bolivien était d'ail- -
leurs peu en harmonie, dans plusieurs
de ses dispositions
fondamentales ,
avec les principes professés, en toute
occasion, par son auteur. C'est ainsi
que, malgrJ! l'opinion plusieurs fois
émise par Bolivar su1· la nécessité de
renouveler périodiquement le pouvoir
exécutif, la constitution dont il s'agit
établissait un président a vie, et le
président pouvait désigner son succes–
seur . Ce n'était, évidemment, autre
chose qu'une monarchie élective avec
une espece d'hérédité testamentaire.
Que devenaient, des lors, les príncipes
démocratiqurs qui , suivant \es pa–
triotes péruviens, devaient présider