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PÉROU ET. BOLIVIE.

501

dants qui en font un carnage horrible.

Le vice-roi est blessé et fait prison-

1'ier. Les füyards essayent de grirnper

le long des flanes du Condorkanki,

rnais les patriotes tlirigent sur eux un

feu meurtrier, et une multitude de ces

malheureux, atteints par les bailes,

tombent et roulent au bas de la mon–

tagne, ou leurs corps restent suspen–

dus aux pointes des rochers ou aux

ronces du tavin.

·«

Le général Miller, qui avait ac–

compagné la division Cordová, voyant

le succes de son attaque , rejoi gnit le

régiment des hussards de Junin qui ,

fort heureusement, avait été laissé en

réserve.

« A la póinte du jour, la division

royaliste de Valdez avai t commencé

a

faire un détour de pres d'une lieue.

Descendant le Condorkanki sur son

coté 'septentrional, Valdez se

pla~a

sur

la gauche des patriotes, dont il n'était

plus séparé que p:ir un ravin étroit.

Au moment oli s'engaO'ea le combat

que nous venons de décrire, il ouvrit

un fou de file appuyé par

qua~re

pieces

campagne. Cette attaque obligea la

divi·sion péruvíenne de I,a 'lar

a

pren–

dre la fúite . Le bataillon colombien de

Borgas, chargé de soutenir

Ta

di vi íon

péruvienne, recula aussi devant l'en–

nemi. Deux bataillons royali tes tra–

verserent, sur la gauche, le ravin

dont nous avons parlé, et s'élancerent,

au pas de course,

a

la poursuite des

patriotes. Le moment était critique,

et tout était perdu pour les indépen–

dants, si le général l\'Iiller n'avait exé–

cuté'

a

la tete des hussards de Junin,

- une charge brillante contre les Espa–

gnols' qui,

a

leu r tour' s'enfuirent

épouvantés. Mi ll er franchit le ravin

et les poursuivit

a

outrance' aidé par

les grenadiers

a

cheval et par la divi–

sion La Mar qui s'était reformée. L'ar–

tillerie de Valdez

fut

prise, sa cavale–

rie batti t en retrai te, et son infanterie

se dispersa dans toutes les directions.

«La bataille était eerdue pour les

royalistes; aussi gagnerent-ils en toute

hate les hauteurs d'ou ils étaient des–

cendus dans la matinée avec tant de

confiance. L'action avait duré une

heure. La perte des Espagnols fut ele

1,400 tués et 700· blessés; celle des

patriotes, de 370 tués et 609 blessés.

«

Les royalistes, en arrivant sur le

plateau supérieur de Condorkanki,

rallierent autant de soldats que

possi~

ble. Les divisions patriotes La Mar

et Lara se trouverent,

a

une heure

apres midi, sur la crete de la montagne.

Avant le coucher du soleil, Canterac

demanda

a

capituler, et une heure

apres, il se rendit dans la tente du

général Sucre, ou/ la convention fut

conclue et signée. Le vice-roi la Serna,

les généraux Canterac, Valdez, Car–

ratala, Monet, Villalobos et dix au–

tres, seize colonels, soixante-huit lieu–

tenants-colonels, quatre cent quatre–

vingt-quatre officiers et trois mille

deux cents soldats devinrent prison–

niers de guerre. Le reste s'était dis–

persé et avait pris la fuite.

»

Un assez grand nombre d'officiers

espagnols, s'appuyant sur les termes

de

la capitulation, demanderent et

obtinrent leurs passe-ports pour re–

tourner en Espagne. Quelques - uns

seulernent resterent pour meure ordre

a

leurs a faires. Quelques soldats roya–

listes se firent incorporar dans les ba–

taillons patriotes; mais la plupart re–

gagnerent leurs foyers.

Telle fut la bataille d'Ayacucho, la

plus importante et en meme temps la

plus brillante qui ait été livrée dans

l'Amérique du Sud. Si l'on considere

gue les deux armées étaient égale–

ment bien disciplinées et aguerries,

que toutes deux déployerent dans cette

journée mémorable une valeur digne

des meilleures troupes européennes (*);

si l'on rélléchi t, en outre, aux résultats

immenses que devait produire la vic–

toire des patriotas, on reconnaltra

qu'un parei l événement méritait qu'on

(') Un escadron el tous les ofíiciers d'un

ré¡;iment de cavalerie royaliste porlaient

des casques d'argenl. Celte coiffure atlira

l'atteution des patrioles, qui poursuivirent

avec acharnement ces cavaliers d'élile et en

firent un carnage affreux. Il n'y eut de sau–

vés que ceux qui eurenl la présence d'espril

de se déharrasser de leurs riches mais dan–

gereux ornements. (Miller.)