PÉROU
'ET
BO'LIVIE•
sór
.....
:Bolivar parut et tout
\:~ntra
dans
J'ordr~
autour de lui. Une amnistie
générale compléta la pacification de
I~
Golombie. L'habile générosité dont il
fit preuve dans cette crise difficile fait ·
ressortir ce que sa µolitique avait eu de
b111.mable dans l'affaire de la conspira–
tion de Lima. Le pardon accordé au
rebelle Paez rend encore plus odieux
Je supp)ice du lieutenant Aristabal.
Nous ne devons pas omettre ici un
fait qui jette un jour éclatant sur les
arriere- pensées de
Bolivar.etqui jus–
tifie ,les délfances éveillées dans \'es–
prit des citoyens de Lima µar les ten–
dances du code bolivien : le dietateur
profita de la réaction qui s'était opérée
en sa faveur dans la Colombie, pour
tacher de faire adopter dans cette ré–
publique sa charte, de prédilection . Il
voulait que la législation politique,
tombée un beau jour de sa pluine, ré–
glt toute cette vaste région q11i s'étend
de Potosi
a
l'Orénoque. La Boliv1e, le
Pérou et la Colombie auraient for–
mé une confédération placée s us l'au–
torité d'un pi:ésident
uniq.ue, qui , bien
entendu , n'aurait été autre que Bolí–
var. M:alhcureusement j!OUr l'ambi–
tión du Napoléon amérfoain, e code
bolivien était aussi impopulaire dans
la Golombie qu'an Pérou, et les efforts
des amis du dictateur ne purent mo–
difier;
a
cet égard' le sentin1ent po–
pulaire' qui persista
a
repousser la
cbarte bolivienne.
Le 9 décembre 1826, jour anniver–
saire de la victoire d'Ayacucho, eut
l.ieu dans les provinces du Pérou la
prestation du serment
a
la constitu–
tion de Bolívar; vaine formalité, et
qui ne pouvait rien contre les répu–
gnances du peuple. Le moment était
meme venu ou le ressentiment des
masses ne pouvait rester plus long–
temps comprimé. Apeine Bolívar eut-il
quitté Lima, que le
m écontentem~nt
de la populatlon
fit
explosion de toutes
parts. Les Péruviens aviserent , des
ce moment,
a
se débarrasser et de la
cónstitution et des troupes colom–
biennes. Le colonel Bust-amante, jeune
Colombien plein de courage et d'a u–
dace, donna le signal de l'insurrection.
Dans la nuit du 26 janvier 1
S~7,
il se
rendit'
a
la tete ae qÜelques hommes
déterminés, ati domicíie des généraux
Lar¡¡ et Sands, et les arreta aans leurs
lits a'insi qué pltisieurs autres officiers
des troupes
étrc1r\ger~s
connus pour
leurs sentiments hostiles. Bustamante
avait préparé un vaisseau dans le port
du Callao et y fit embarque\' sur-le–
champ pour Guayaquil les officiers pri–
sonniers. Les ministres, frappés d'é–
pouvante , donnerent leur démission,
et un nouveaf cabinet fut aussitot
formé; mais Santa-Cruz, qui se trou.
vait en ce moment dans la capitale ,
fut
maintenu
a
la tete du gollverne–
ment.
11
est
a
remarquer que les jour–
naux péruviens, en annorn;;ant cette
brusque révolution, parlaient avec res–
pect de Boli var, mais applaud issaient
néanmoins
a
la résolution prise par
l'administration nouvelle de mettre un
terme
a
toute intervention étrangere
dans les affaires du Pérou . On recon–
na\ssait done enfin que
J~
p,euple avait
eu raison de réclamer l'éloignement
des troupes colombiennes.
Le no\)veau gouvernement était im–
patient
cl'll
voir les étrangers quitter
la république; mais
il
y
avait
a
cela
une- difficlllté: on devait
a
ces troupes
\.m
certain arri éré de solde et le trésor
était vide. On parvint
a
réunir 200,000
doliJ¡rs, dont les
troi~
quarts furent
distribués aux Colomhirns; le reste
servit au transport de ces auxili aires
du Callao
a
Guayaquil , ou le colonel
Bustamante les coaduisit, dans le mois
de mars 1827.
Alors la réaction, un moment com–
primée
r.arla présence <le Bolívar et
de ses soldats privilégiés , se manifesta
dans toute son énergie. Les Péruviens
déclarerent d'une voix presque una–
nime que le code bolivien leur avait
été imposé par la ruse et la force, que
leu r bonne foi avait été surprise, que
les colléges électoraux n'avaient pas
eu qualité pour voter l'adoption de
cette constitQtion , qu 'un congres gé–
néral avait seul le pouvoir de décid er
la forme de gouvernement
a
laquelle
le pays devait se soumettre. En con–
séquence, on décréta de nouvelles élec-