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L'UNIVERS.

anciens courtisans , et écrasé par des

forces su périeures , le président capi–

tula et s'emli>arqua pour regagner son

pays natal. Ainsi tomba le vainqueur

d'Ayacucbo, le véritable libérateur de

la :Solivie; mais du moins sa chute

fut honorable et digne de Jui. En ar–

rivant au Callao,

il

s'..empressa d'of–

frir ses services au cabinet prruvien

pour essayer d'aplanir les différends

qai s'étaient élevés entre les gou·ver–

nements de Lima et de Colombie.

Cette offre généreuse fut malheureu·

·sement repoussée. Dés son arrivée a

Quito, il fut nommé par Bolil

1

ar chef

supérieur des départements méridio–

naux de la Colombie, et ce fut en cette

qualité qu'il eut l'honneur de dicter

les termes du traité si modéré dont

nous avons rappelé les principales sti–

pulations.

Tandis que l'influence de Bolivar

était

a

jamais perdue Jans le Pérou et

dans la Bolivje, une conspiration ré–

publicaine se tramait contre sa per–

sonne d11ns la Colornbie.

11

n'entre pas

dans notre sujet de faire le récit dé–

taillé de cet événement; nou

ne le

mentionnon meme que pour achever

de proulVer le peu de magnanil'nité de

Bolívar envers ses eauemis person–

nels. On se rappelle la sévér1té a ec

laquelle furent chaties par son ordre,

ou du moins avec son asseotinient,

les conspirateuts de Lima; sa con–

duite

i.i

Bol!;Ota, apres la découverte

de la conjuratioo, complete la démon -

tration, car l'échafaud se drt<ssa pour

pl,usieurs des coupables et les autres

fu.rent condamnés a un long exil. Le

général Santander fut seul gracié; et

il dut sa commutation

a

des motifs par–

ticul~ers

qui a,uraient pu faire croire,

s'il avait été exécuté, que Bolivar avait

vengé

d?ancienn~

injures. Ces san–

glantes représailles contre des ennemis

désarmés, alors qu'il s'agissait de pu–

nir une attaque personnelle, prouvent

que le caractere de Bolivar n'était pas

exempt de cette espece de barbarie

qui, prenant sa source da ns l'égolsme,

est la compagne ordináire de llambi–

tion. On eut aimé

a

le voir pardonner

a des adversaires vainCU$

1

et

a

J

en•

tendre prononcer ces paroles d'indul–

gence qui sont si bien vlacées dans la

bouche d'un grand homme; le sang

vers_é par son ordre, pour se délivrer

des plus fougueux démocrates , crie

contre lui d'autant plus énergique–

ment qu'en le faisant couler, il n'o–

béissait a aucune exigence de politi–

que générale ni meme

a

aucun intéret

de dynastie future.

A·partir de l'époque a laquelle notre

récit est parvenu, le Pérou et la Bo–

li vie ont été agités par des désordres

qui , jusqu'a ce jour, n'ont rien pro–

duit de grand ni de stable dans ces

deux républiques. G-uerre contre la

Colombie, guerre contre le Chili "'

guerre entre la Bolivie et le Pérou,

factions turbulentes et sanguinaires

au dedans, diminution de la richesse

publique, anarchie comp lete dans le

pouvoir et dans la nation, temps d'ar–

ret dans lts progres de !'esprit huma in,

bouleversernent des in titutions ; tel

est le spectacle qu'ont offert depuis

une douzoine d'années les deux États

qui font l'objet de ce résumé hi tori–

que. Nous ne voulons pas nous enga–

ger dans le dédale de ces événements ,

trop pitoyables et en méme temps trop

imperceptibles pour mériter la plus

Jégere mention. L'historien se com–

pla¡i au récit des choses qui frappent .

l'imagination par leurs prop'tlrtions

grandioses, ou qui, petites

en

elles–

mémes, ont produit des résultats im–

portants; mais il dédaigne les faits mi–

croscopiques et les per onnages -mir–

midons qui agitent

les États saos

méme réussir

a

les révolutionner.

Nous passerons done sous silence,

et nos lecteurs nous en sauront gré ,

les

temps qui s'écoulerent immédiate–

ment apres la conclusion du traité de

paix entre la Colombie et le Pérou,

traité qui, pour le dire en passant, ne

fut pas ratilié par le congres de Lima.

Nous en ferions autant pour les der–

nieres années de l'existence des deux

républiques , si cette récente période

n'avait pas vu s'acco1nplir dans ces

contrées un notable changement poli–

tique et une nouvelle division de ter–

ritoire. Sous ce rapport, on

~e

peut