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500

VUNIVERS.

fonds et escarpés. pans le fond de la

plaine , c'est-a-dire du cóté de l'ouest,

le terrain descend graduellement pen–

dant l'espace de deux lieues, jusqu'a

la grande route qui mene de Gua–

manga

a

Guanta , et qui serpente au

pied d'une cha1ne de montagnes saos

solution de continuité. La limite orien–

tale de la plaine est formée par la

cha1ne abrupte et formidable de Con–

dorkanki , boulevard

gi~antesque

qui,

courant du nord au sud , domine les

champs d'Ayacucho. C'est un peu au–

dessous du sommet de ces montagnes

qu'était placée l'armée royale.

'

«

L'armée libératrice était campée

daos la· plaine, en face et

a

environ

un mille des Espagnols, ayant Qui–

nua en arriere , et formée en colonnes

serrées daos l'attente d'une prochaine

attaque.

• Pendant la nuit du 8 décembre,

un feu vif fut soutenu par les postes

avancés des royalistes et des patriotes.

Sucre voulait empecber les Espagnols

de descendre a la faveur de l'obsou–

rité;

a

cet ef et,

il

ordonna aux mu–

siciens <le deux bataillons d'all e11 , sous

J'escorte d'une compagnie, se placer

au pied des montagnes , et de jouer

de leurs instruments, alin de faire

croire

a

l'ennemi que la région infé–

rieure du platean était occupée. Les

musiciens exécuterent cet ordre péril–

leux, et jouerent jusqu'a ce qu'un feu

roulant fut dirigé conlre eux. Cette

ruse eut le résultat désiré; elle empé–

cha les royalistes de sortir de leurs

lignes.

·" A neuf heures du matin, la divi–

sion Villalobos

commen~a

a descendre;

le vice-roi la dirigeait en personne et

a

pied ; les soldats se mirent

a

courir

le long des flanes escarpés du Condor–

kanki' en obliquant un peu

a

gauche.

La division l\Ionet, qui formait la

droite des roya listes, commenqa en

méme temps

a

délller directement vers

la plaine. La cavalerie, pied

a

terre et

les chevaux tenus par la bride,

lit

le

meme mouvement, rnais avec plus de

difficulté, et en se

pla~a nt

daos les in–

tervalles compris entre les divisions

d'infanterie. Quand l'ennemi arriva

dans la platne, il se forma immédia·

tement en colonnes. Ce fut un moment

plein d'émotion et pendant Jeque] cha–

cun sentit battre son creur d'amiété

et d'espérance.

'

«

Durant cette opération , le géné–

ral Sucre passa devant le front de ses

troupes et leur rappela, en

termes

. emphatiques, le souvenir de leurs ex–

ploits. Puis il se

pl n~a

au centre de

l'armée libératrice et d'une voix ins–

pirée, il s'écria: " Cette journée doit

décider du sort de l'Amérigue du Sud;

soldats

!

une gloire nouvelle va cou–

ronner vos constants efforts.

»

Ces

quelques mots , prononcés avec feu ,

produisirent un effet électrique et

fu–

rent accueillis par un

vivat

unanime.

" Tandis que la moitié des divisions

royalistes, Monet et Villalobos , se

formai ent dans la pl aine, .le général

Sucre ordonna a la division Cordova

et a deux régiments de cavalerie de

charger l'ennemi. L'intrépide Cordova

met pied

a

terre et plongeant son épée

dans la poitrine de son cheval, il dit

a

ses soldats : "Vous Je voyez, je n'ai

plus aucun moyen de fuir;

il

faut que

nous combattions ensemble jusqu'nu

bout. " Puis

il

se placa a environ

15

toises en avant de sa division formée

en quatre colonnes paralleles, avec la

cavalerie dans les intervalles. Agitant

son chapean au-dessus de sa téte,

il

s'écrie: " En avant

!

dupas dont mar–

chent les vainqueurs

!

»

Ces mots ,

distinctemeut entendus des soldats,

Jeur communiquent une ardeur en–

thousiaste; les bataillons se précipi–

tent sur l'ennemi avec une impétuo–

sité formidable, mais dans le meilleur

ordre. Les Espagnols

re~oivent

le choc

avec fermeté. Les balonnettes se croi–

sent, et pendant quelques minutes,

patriotes et royalistes luttent corps a

corps, sans qu'on puisse prévoir

a

quel

drapeau restera l'avantage. A ce mo–

ment , la cavalerie colombienue, com–

mand ée par le colonel Silva, exécute

une cbarge furieuse. Ce brave officier

tombe couvert de blessures, mais l'é–

lan de ses soldats est irrésistible. Les

royalistes tachent pied et battent en

retraite, poursuivis par les iildépen-