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VUNIVERS.
fonds et escarpés. pans le fond de la
plaine , c'est-a-dire du cóté de l'ouest,
le terrain descend graduellement pen–
dant l'espace de deux lieues, jusqu'a
la grande route qui mene de Gua–
manga
a
Guanta , et qui serpente au
pied d'une cha1ne de montagnes saos
solution de continuité. La limite orien–
tale de la plaine est formée par la
cha1ne abrupte et formidable de Con–
dorkanki , boulevard
gi~antesque
qui,
courant du nord au sud , domine les
champs d'Ayacucho. C'est un peu au–
dessous du sommet de ces montagnes
qu'était placée l'armée royale.
'
«
L'armée libératrice était campée
daos la· plaine, en face et
a
environ
un mille des Espagnols, ayant Qui–
nua en arriere , et formée en colonnes
serrées daos l'attente d'une prochaine
attaque.
• Pendant la nuit du 8 décembre,
un feu vif fut soutenu par les postes
avancés des royalistes et des patriotes.
Sucre voulait empecber les Espagnols
de descendre a la faveur de l'obsou–
rité;
a
cet ef et,
il
ordonna aux mu–
siciens <le deux bataillons d'all e11 , sous
J'escorte d'une compagnie, se placer
au pied des montagnes , et de jouer
de leurs instruments, alin de faire
croire
a
l'ennemi que la région infé–
rieure du platean était occupée. Les
musiciens exécuterent cet ordre péril–
leux, et jouerent jusqu'a ce qu'un feu
roulant fut dirigé conlre eux. Cette
ruse eut le résultat désiré; elle empé–
cha les royalistes de sortir de leurs
lignes.
·" A neuf heures du matin, la divi–
sion Villalobos
commen~a
a descendre;
le vice-roi la dirigeait en personne et
a
pied ; les soldats se mirent
a
courir
le long des flanes escarpés du Condor–
kanki' en obliquant un peu
a
gauche.
La division l\Ionet, qui formait la
droite des roya listes, commenqa en
méme temps
a
délller directement vers
la plaine. La cavalerie, pied
a
terre et
les chevaux tenus par la bride,
lit
le
meme mouvement, rnais avec plus de
difficulté, et en se
pla~a nt
daos les in–
tervalles compris entre les divisions
d'infanterie. Quand l'ennemi arriva
dans la platne, il se forma immédia·
tement en colonnes. Ce fut un moment
plein d'émotion et pendant Jeque] cha–
cun sentit battre son creur d'amiété
et d'espérance.
'
«
Durant cette opération , le géné–
ral Sucre passa devant le front de ses
troupes et leur rappela, en
termes
. emphatiques, le souvenir de leurs ex–
ploits. Puis il se
pl n~a
au centre de
l'armée libératrice et d'une voix ins–
pirée, il s'écria: " Cette journée doit
décider du sort de l'Amérigue du Sud;
soldats
!
une gloire nouvelle va cou–
ronner vos constants efforts.
»
Ces
quelques mots , prononcés avec feu ,
produisirent un effet électrique et
fu–
rent accueillis par un
vivat
unanime.
" Tandis que la moitié des divisions
royalistes, Monet et Villalobos , se
formai ent dans la pl aine, .le général
Sucre ordonna a la division Cordova
et a deux régiments de cavalerie de
charger l'ennemi. L'intrépide Cordova
met pied
a
terre et plongeant son épée
dans la poitrine de son cheval, il dit
a
ses soldats : "Vous Je voyez, je n'ai
plus aucun moyen de fuir;
il
faut que
nous combattions ensemble jusqu'nu
bout. " Puis
il
se placa a environ
15
toises en avant de sa division formée
en quatre colonnes paralleles, avec la
cavalerie dans les intervalles. Agitant
son chapean au-dessus de sa téte,
il
s'écrie: " En avant
!
dupas dont mar–
chent les vainqueurs
!
»
Ces mots ,
distinctemeut entendus des soldats,
Jeur communiquent une ardeur en–
thousiaste; les bataillons se précipi–
tent sur l'ennemi avec une impétuo–
sité formidable, mais dans le meilleur
ordre. Les Espagnols
re~oivent
le choc
avec fermeté. Les balonnettes se croi–
sent, et pendant quelques minutes,
patriotes et royalistes luttent corps a
corps, sans qu'on puisse prévoir
a
quel
drapeau restera l'avantage. A ce mo–
ment , la cavalerie colombienue, com–
mand ée par le colonel Silva, exécute
une cbarge furieuse. Ce brave officier
tombe couvert de blessures, mais l'é–
lan de ses soldats est irrésistible. Les
royalistes tachent pied et battent en
retraite, poursuivis par les iildépen-