PÉROU ET
BOLIVIE.
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ayant pour instruction, dans le cas ou •
l'ennemi se montrerait, de se reliirer
sans risquer le combat. lea est une
déte table position mili taire, et cepen–
dant Tristan n'avait pris aucu ne des
précauti ons que le simple bon sens
indiquait. 11 fut su rpris par le e:énéral
CarHerac (avril 1822), qui avai'i eu le
soin de 111i couper d'avance la retrai te.
Les patriotes se disperserent des le
début de l'action; mille d'entre eux
furent t\lits prisonnie rs, et quatre
pieces d':¡rtillerie ainsi qu'un grand
nombre de chevaux, de mul e et de
bceufs, tomberent au pouvoir des
roynlistes. L'effe t moral de cette
fu–
ne"ste rencontre fut désasLreux , en
ce
que le prestige qui jusque-la n'avait
ces é d'environner les armes des pa–
triotes, fut dr.truit, et que le peuple,
dé ormais moins confiant en la supé–
riorité des indépendants,
fut,
pm· r.ela
meme, moins dévo ué
il
la cause libé–
rale.
Le seul événement qui pi\t compen–
ser les résultats de ce rerers, fut la
victoire de Pinchincha
1
rer11portée le
24 mai 1822 par le
gé~ernl
co lombien
Sucre et le colonel Santa-Cruz, qui
commandait un corps i1u ·ilini re péru–
vien, envoyé de Truxi!Jo. Cett ba–
taiUe, qui assura l'ind+pendauce de
Ja Colombie,
lit
grand honneur aux
soldats du Pérou.
Sur ces entrefaites, San !\Jmti.11
quitta la capitale et se rendit
a
Guaya–
quil. Qu'a llait-il faire dans cette vi lle?
Le peu ple s'adressait cette ques·tion
avec une certaine anxiété , lorsqu'i l
apprit que Je Protccteur avait eu une
entrevue avec Bolívar. Apres quarante–
huit heures de séjour
a
Guayac¡uil, San
Martin reprit la route du Ca lao. On
en conclut que la conférence n'avai t
eu aucun résu ltat satisfoisant. Le
Protecteur déclara qu'il avait désiré
obtenir la cession de Guayaquil pour
en faire le grand arsenal de la marine
péruvienne , mais que Bolivar avait ré–
solu , de son coté, d'a nnexer cette
ville a la Colomhie. I1 est certain que
les deux hommes d'État devaiént aussi
différer sur d'autres points de la po·
litique, et l'on dit que Bolívar, dans
cette courte entrevue, traita San Mar•
tin- avec une hauteur et une morgue
injurieuses. D'autre part , cependant,
le colonel Miller afílrme qu e le résul–
tat de la conférence fut l'envoi d'un
corps auxiliaire de 2,000 Colombiens
a
Lima; mais cet histo rien ajou te que
la junte qui succéda au protectorat
·enjoi.gnit aux troupes colombien nes
de retourner
a
Guayaquil.
San Martín, avan t de quitter Lima,
avait délégué son autorite cil•ile et mi–
li taire a Torre.. .Tagle, marquis de
Trux illo , homme inc(lpable et pusilla–
nime , instrumeht docile entre les
rnains cfu ministre Monteagudo. Ce
dernier pronta de l'omnipotence pas-
4s~gere
dont il jouis ait pour se li vrer
a'ses fontaisies des potiqurs. Son regne
fut de courte durée; le peuple prit
soin de l'abréger. Une é1rteute form i–
dable eut Ii eu dti ils la capitale, et le
marquis ele Truxillo ne píit refuse1·
a
la popul atlon •irritée la destitution de
l\Lonteagtldo, qui
fut
exi lé a Guaya–
quil.
Le 'Protecteul· arri1
1
a
a
Lima le 19
ao(\t , et le,21 d11 rn eme mois il rep rit
l'exercipe de J'autotité suipt·eme. Sl'.\r
de l'appui de l'arrnee.
il
aurait facile-
01e11t comprimé. l'espl'it d'insurrection
encouPa~~
par les dern iers dé. ordres
populaire et partagé par les autorités
·civiles; mais un acle de vigueu r aurait
été un dP.rnenti donné
a
sa poli tique '
ju que-la inoffen il'e , et il pensa que
ses ennemis lui en feraient un crime.
D'un autre cóté , les représehtants de
la nation avaieot été convoqués , en
vertu d' un décret du conseil d'État; le
20 septembre, le cong res fut insta ll é
avec les formalités habituell es. Entre
Je pe11ple, dont la voix était devenue
menaQante, et la représentation natio–
nale qui allait s'occuper de !'aveni r du
Pérou,
iJ
ne restait plus que bien peu
de place póur l'autorité de San 'Mar–
tin. Le Protecteur comprit l'al terna–
tive eu foce de laquelle les événemen ts
l'avaient conduit, et il résol ut de se
démettre de son pouvoir.
JI
se rendit
dans l'encei nte ou
s-ié~eaient
les dépo–
tés, se dépoui lla des rnsignes de l'au–
torité souveraiue, et résiuna ses hautes