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PÉROU ET

BOLIVIE.

495

ayant pour instruction, dans le cas ou •

l'ennemi se montrerait, de se reliirer

sans risquer le combat. lea est une

déte table position mili taire, et cepen–

dant Tristan n'avait pris aucu ne des

précauti ons que le simple bon sens

indiquait. 11 fut su rpris par le e:énéral

CarHerac (avril 1822), qui avai'i eu le

soin de 111i couper d'avance la retrai te.

Les patriotes se disperserent des le

début de l'action; mille d'entre eux

furent t\lits prisonnie rs, et quatre

pieces d':¡rtillerie ainsi qu'un grand

nombre de chevaux, de mul e et de

bceufs, tomberent au pouvoir des

roynlistes. L'effe t moral de cette

fu–

ne"ste rencontre fut désasLreux , en

ce

que le prestige qui jusque-la n'avait

ces é d'environner les armes des pa–

triotes, fut dr.truit, et que le peuple,

dé ormais moins confiant en la supé–

riorité des indépendants,

fut,

pm· r.ela

meme, moins dévo ué

il

la cause libé–

rale.

Le seul événement qui pi\t compen–

ser les résultats de ce rerers, fut la

victoire de Pinchincha

1

rer11portée le

24 mai 1822 par le

gé~ernl

co lombien

Sucre et le colonel Santa-Cruz, qui

commandait un corps i1u ·ilini re péru–

vien, envoyé de Truxi!Jo. Cett ba–

taiUe, qui assura l'ind+pendauce de

Ja Colombie,

lit

grand honneur aux

soldats du Pérou.

Sur ces entrefaites, San !\Jmti.11

quitta la capitale et se rendit

a

Guaya–

quil. Qu'a llait-il faire dans cette vi lle?

Le peu ple s'adressait cette ques·tion

avec une certaine anxiété , lorsqu'i l

apprit que Je Protccteur avait eu une

entrevue avec Bolívar. Apres quarante–

huit heures de séjour

a

Guayac¡uil, San

Martin reprit la route du Ca lao. On

en conclut que la conférence n'avai t

eu aucun résu ltat satisfoisant. Le

Protecteur déclara qu'il avait désiré

obtenir la cession de Guayaquil pour

en faire le grand arsenal de la marine

péruvienne , mais que Bolivar avait ré–

solu , de son coté, d'a nnexer cette

ville a la Colomhie. I1 est certain que

les deux hommes d'État devaiént aussi

différer sur d'autres points de la po·

litique, et l'on dit que Bolívar, dans

cette courte entrevue, traita San Mar•

tin- avec une hauteur et une morgue

injurieuses. D'autre part , cependant,

le colonel Miller afílrme qu e le résul–

tat de la conférence fut l'envoi d'un

corps auxiliaire de 2,000 Colombiens

a

Lima; mais cet histo rien ajou te que

la junte qui succéda au protectorat

·enjoi.gn

it aux troupes colombien nes

de retourner

a

Guayaquil.

San Martín, avan t de quitter Lima,

avait délégué son autorite cil•ile et mi–

li taire a Torre.. .Tagle, marquis de

Trux illo , homme inc(lpable et pusilla–

nime , instrumeht docile entre les

rnains cfu ministre Monteagudo. Ce

dernier pronta de l'omnipotence pas-

4s~gere

dont il jouis ait pour se li vrer

a'ses fontaisies des potiqurs. Son regne

fut de courte durée; le peuple prit

soin de l'abréger. Une é1rteute form i–

dable eut Ii eu dti ils la capitale, et le

marquis ele Truxillo ne píit refuse1·

a

la popul atlon •irritée la destitution de

l\Lonteagtldo, qui

fut

exi lé a Guaya–

quil.

Le 'Protecteul· arri1

1

a

a

Lima le 19

ao(\t , et le,21 d11 rn eme mois il rep rit

l'exercipe de J'autotité suipt·eme. Sl'.\r

de l'appui de l'arrnee.

il

aurait facile-

01e11t comprimé. l'espl'it d'insurrection

encouPa~~

par les dern iers dé. ordres

populaire et partagé par les autorités

·civiles; mais un acle de vigueu r aurait

été un dP.rnenti donné

a

sa poli tique '

ju que-la inoffen il'e , et il pensa que

ses ennemis lui en feraient un crime.

D'un autre cóté , les représehtants de

la nation avaieot été convoqués , en

vertu d' un décret du conseil d'État; le

20 septembre, le cong res fut insta ll é

avec les formalités habituell es. Entre

Je pe11ple, dont la voix était devenue

menaQante, et la représentation natio–

nale qui allait s'occuper de !'aveni r du

Pérou,

iJ

ne restait plus que bien peu

de place póur l'autorité de San 'Mar–

tin. Le Protecteur comprit l'al terna–

tive eu foce de laquelle les événemen ts

l'avaient conduit, et il résol ut de se

démettre de son pouvoir.

JI

se rendit

dans l'encei nte ou

s-ié~eaient

les dépo–

tés, se dépoui lla des rnsignes de l'au–

torité souveraiue, et résiuna ses hautes