PEROU ET BOLIVIE.
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moment. l'armée royaliste parut sous
~es
murs de Callao. L'amiral;ipprenant
que
l'ar~enl
monnayé et en
liu~ot
a
été, ai nsi que quPlque sommes appar–
tenant a dt>s partic11l iers' transporté a
Ancon, abandonn e le Callao au danger
qui le mPnace et fait voile pour la ville
qui rPcéle le précieux tré or.
11
s'Pm·
p;ire
el
r<'
richesse , et san en réfé.
rrr
lt
per onne, il s'en sert pour payer
st•s éq11i1wge
pour le compte et au
nom du ¡::ouve rnemen t chil ien. JI e t
permi de trouver ces
fa~ons
d'agir au
moin. fort lf\gere , surtout si l'on songe
que Cochrane éta it ous les ordi·e de
San
,l.1rtin. Qu an t
~
la somme trou–
vée a Ancon , l'a 111iral prhendit qu 'elle
ne s'élevait qu'a la moitié envi ron de
celle qu e le Protecteu?' affirmait avoir
été cl eposée dans le trésor du gouver–
ne111r11t. Lequel des deux disa it la vé–
ritc?
C.e
point
11'1.1
pas étr éclairci; mais
il fa11t convenir que lord Cochrane, par
sa conduite inqualifiable, donna lieu
aux plus filcheux soupr.ons, car il s'é–
tais mis en po ition
el e
voir ses décla–
rations . au sujet de l'arg nt confisqué,
révoquées en doute.
Le 21
eptembre, le général La Mar
rendit la citadelle Je C;, llao au Protec–
teur,
il
des conditions éminemment
favorabl es aux a siél{é , Le 26, San
l\Jartin fit conn.11Lre
il
Cochrane une
partie des in tru ctions secrete
qu'il
avait
re~ues
du gouvernement, et luí
transmit notam111ent copie d'un article
qui l'autorisait, en qualité de
com–
mandanten chef de•Cexpédition
li–
bératri.ce,a
employer tout ou partie
de la llotte
uivant qu'il le jugerait
uti le. En vertu de ces pouvoirs, il or–
donna a l'amiral et aux vaisseaux pla–
cés sous son commandement de quitter
les cotes du Pérou.
A l'indélicatesse et aux mauvais pro–
cédé , Cochrane ajouta la désobéis–
sance. Furieux de l'ordre que luí avai t
intimé son supérieur, au
li eu de se
rendre a
Val~araiso,
comme il le de–
vait, il se 1111t
il
la pou rsuite de cleux
frrgates e pagnole
qui avaient ré–
cemment touché
il
Panama. Cinglan t
vers le nord , il arriva jusqu'a la hau–
teur de la Californie; la, venant
a
ap-
prendre que les fréaates n'avaient pas
paru dan cette direction, il se décida
a rt>tourner ur le littoral péruvien.
Les écrh·ains anglai ont be;iucoup ad·
miré l'in trépidité av-ec laquelle cette
croi iere fut entreµri e et ontenue;
il
s'exta ient ur le
ana-froid et le
couragr dont Cochranc fit con tam–
ment preuve au mil ieu de
ternplltes et
des privatio ns les plus cruelles, mal-
1?ré le mau vais r tat de son vai eau et
le mcheu e di po itions de l'équ i–
pai;e. ' ous ne saurions, quant
it
nous ,
nous associer
a
ces éloges. En pour-
11
iran t les
fré~ates
e pa¡molPs, Co–
chrane oubliait que, du ran t
rette
longue ab ence,
les ports du Chili
pou1•aient étre attaqués par qu elque
escadre ennemie; or, il a1·ai t emmené
qu atre na vires, c'est·a-di re la plus
grande partie des force navalPs dont
fr.
gouvernement chilien pt\t disposer.
TI exposait done la
république qu 'il
servait au danger d'une attaque qu'elle
aurait difficilement repou ssée en l'ab–
sence de ses quatre meilleurs vais–
seanx. En second lieu, il se jouait de
lu vie drs hommes qui lui étaient con–
fi é en le
livrant de g11ieté de cceu r a
tous le
ha ards d'une croisi ere clans
des mers inhospitaliere . ur des vais–
seaux en man vais éta t et manqu an t de
vivre . Ce n'est pa
ici de l'exagéra–
tion, car les écrivains anglaiseracon–
tent eux - memes que les équipages
souffraient de In faim et de la soif, et
qu e le navi re
O'fliggins
foisa it a sez
d'eau pour néce siter l'emploi conti–
nuel de cent hommes au service eles
pompes. Ain i Cochrane ex posait la
vie de ses matelots et abandonnait la
répuhlique du Cbrti aux entrep ri ses de
la marine espagnole pour la vaine sa–
ti foction de ca pturer
d~u
x fré"'a tes ,
et de faire parler de lui. Comment un
acte au si con pable a-t-il pu trouver
de approbateurs?
i\.lai
lord Cochrane ne
s'a rr~ta
pas
en si beau chemin; une fois engagé
dn11s la voie de la désobéi , anee et de
la violence a_ggravée d'a bsurdité ,
il
alla jusqu'au bout. Arrive
a
Guaya–
qu il , de retour de sa folle croi iere,
il
npprend que les frégatc3 espagnoles