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494

L'UNIVERS.

ont visité ce port quefques jours au–

paravan t, et que le commandant, crai–

gnant d'étre pris, a

capi~ulé

avec

des

agents péruviens et s'est rendu moyen–

nant un e somme stipulée. Que fait-il

alors?

11

se rend en toute hilte au Cal–

lao, ou il trouve la

Prueva

(une des

frégates en quéstion), sous pavillon

péruvien , et il réclame ce navire

comme lui appartenant

a

titre de prise

Iégitime. Cette étrange prétention fut

accueillie comme elle devait l'etre.

II

s'ensuivit une di°squssion qui faillit

amen'er de sanglantes hostilités;

a

la

fin, sa seigneurie jugea prudent de

quitter la place, et fit route pour.Val–

pa_raiso , ou elle arriva le

1

cr

septern–

bre

1822.

Ce célebre Cochrage, ce grand cou–

reur d'a ventu res, montra, quelques

mois plus tard , que ce beau feu pour

les nouvell es républiques américaines,

bi-en lo ln tl'etre aussi pur qu'il sem–

blai t l'etre et de s'Jl imenter a la source

d'un ámour sincere pom· la li berté ,

n'était, chez ce fanfaron

de

gloire,

autre .chose qu'un in atiable désir de

renommée une de ce passi@ns d'en–

trepri es qui tour111entent certains es–

JTl'its turbulents et qui constituent un

des caracteres de l'ex-centricité an–

gla ise. Ce qúe nous d sons ici tr@uve

sa preuve irréfutable dans ce fait, que,

le

19

j~n-vter

1823'

ce meme homme,

qui s'était posé _en défenseur de l'in–

dépenl:lance américaine, quitta Valpa–

ráiso polir allrr prendre le commande–

ment des forces navales de l'empereu r

du Brésil. Nous sommes loin dé pré–

tendre que l'as istance de lord Co–

chrane ait été sans utilité pour les ré–

puhliques du nouveau monde; mais

d'abord nous <;royorts que cette utilité

doit

et

re notablement réduite; et, en

secohd lieu , nous attribuons

a

cet of–

ficier un tout autre rnobile que celui

qu'on lui a toujours suppósé.

La capitul ation de Callao, la retraite

de Canterac et le départ de lord Co–

chrane laisserent

a

San Martin toute

liberté pour consolider son pouvoir et

terl11iner la guerre. Malheureusement

Lima fut la Capoue de l'armée li!Jéra–

trice, et les discússious qui s'éleverent

entre les chefs acheverent de mettre

obstacle

a

toute mesure énergique.

"Les plaisirs et le lu;-;e de la caµ1tale,

dit M. i'lliller, avaient tellement 11molli

les officiers et les soldat , que lors-

- qu'on résolut er¡fln de faire marcher

é¡11elques bataillons , mille prétextes

furent aussitot inventés pour retarder

le départ de la petite armée. Quand

les chefs oublient leurs devoirs et ne

s'occupent plus de leurs subordonnés,

il

est tout naturel. que les jeunes om–

ciers se laissent aller

a

une indiffé–

rénce·coupable, et que le mécontente–

ment gagne les soldats. Les habitants

de Lima qui avaient reQu leurs libéra–

teurs avec un si vif enthousiasme,

ne–

supporterent plus leur présence qu'a–

vec colere, quand la discipline fut

n,–

Iilchée et la conduite de la garnison

devenue intol6rable; le bruit des fetes

et la joie des festins ne purent étouf–

fer les murmures des mécontents.

Lima sentait enfin le fardt>au d' une

armée li vrée aux dangers de l'oisi rnté

et abandon11ée

h

elle-meme, tandis

qoe l'ennt>mi , i hautement méprisé

par les patriotes, était toujours maltre

de l'intérieu r.

»

Ce n'est pas tout : le Protecteur en

nommar.t aux emplois éminents des

hommes dont le seul mérite était de

s'etre déclarés pour la cause de l'in:

dépendance, avait, sans le savoi r,

ouvert la porte aux abus et aux dis–

cussions. Non-seülement les ambitions

noA satisfaites ,¡,e donnerent carriere

pour arriver aux pl aces et aux distinc–

tions, mais encore le parti libéral con–

QUt beaucoupd'ombrage d' une poli tique

qui semblai t marcher

a

l'a ristocratie.

11

s'ensu ivit une série de contestations

et d'embarras qui retarderent singu–

li erement l'reuvre de l' émancipation

complete. Don Domingo Tristan, ri-·

che propriétaire , était un des person–

nages dont San Martín avait satisfait

l'ambition ; quoiqu'ayant changé deux

fois d'opinion et de partí , il avait été

nommé génét•al et chargé du comman–

dement d'Ica , ayee mission spéciale

de recruter les forces p<itriote$ dans

les environs de cette ville. II emmena

de Lima deux bataillons et partit