PÉROU ET BOLIVIE.
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élever des édiflces publics,
a
creuser
des canaux, a tracer des chemins, en
un mot, a con olider l'reuvre ele ses
dell'lC prédécesseurs. Enfin, affaibli par
1'1\ge et les infirmités, il mourut, lais–
sant apres tui la réputation du plus
grand homme de guerre et du monar–
que le plus juste qui fUt encore monté
sur le trl}ne du Pérou.
Mayta Capac, quatrieme Inca , réso–
lut de marcher sur les traces de son
pere, c'est-a-d ire d'agrandir ses do–
maines aux dépens <le ses voisins.
Parmi les peupl es qu'il désirai t voir
passer sous so n ¡¡u tori té, un seu
1
osa
Jui résis ter : c'étaient les habitants
d'un pays nommé
Cacyaviri.
L:i lutte
fut sa nglante, mais de courte durée;
la victoire resta
a
l'empereur de Cuzco,
qui, daos sa cl émen ce, pardonna a ses
nouveaux sujets, chose rare chez les
nations américaines, et par cela rneme
singulierement aclmirée. Une seconde
expédition· amena, apres plusieurs
combats'
a
l'avantage des Peruviens,
la soumission de la province de Clus–
cuna. Au nombre des réformes que
!'Inca
fit
subir aux habftan ts de ce
l
iays, on cite l'aholition immédiate de
'horribl e usage du poi on suivi de
temps immémorial par ce peu1rle bar–
bare.
11 serait fastidieux d'énumérer tou–
tes les provinces que les de. cendants
de l\fanco adjoignirent a leur royaume.
Nous ne pouvons, toutefois, passer
sous silence l'expédition de l\fayta Ca–
pac au dela de l'Apurimac. Cette
grande riviere était un obstacle que
les rois du Pérou avaient jusqu'alors
respecté. Le quatrieme Inca y fit jeter
un pont de lianes assez solide pour por–
ter son armée. Les ennemis, étonnés
de ·cet ouvrage, si extraordinaire a
leurs yeux, crurent que le roi de Cuzco
avnit les dieux pour tui ; cette opinion
suffit pour les détermin er a alter
llU–
devant du joug que leur réservait
Mayta Capac. Quelque tcmps apres,
la petit e vallée d'Aréquipa fut coloni–
sée, et les districts récemment con–
quis recurent une organisation régu–
liere. Parmi les institutions civi les
dont les Péruviens furent redevables
8 cet Inca, il faut citer la fondation
.de plusieurs hopitaux pour les Yieil–
Jards et les infirmes.
l\Iayta mourut, dit-on, dans la tren–
tieme année de son regne' et légua la
couronne
a
son fils Capac Yupanqui.
L'empire s'étendait alors, au sud,
jusgu a Choque
A
pu (Ja Paz ) , et jus–
qu 'a Paria (Oruro); vers la co te jus–
qu 'a Arequeba (A réquipa).
11
est a remarquer que presque tous
les Incas inauguraient leur regne par
un e visite
a
leu rs sujets. Ces voyages
a
travers les diverses parties de leur
royaume leur attiraient une tres–
grande popularité. lis offraient aux
citoyens l'occasion de porter leurs
gri eis et leurs vceux aux pieds du sou–
veraiil, et il en résultait un sentiment
mutuel d'affection entre le monarque,
qui apprenait ainsi
a
connaitre les po–
pulations de son empire, et ces der–
nieres, qui avaient pu obtenir justice
directement et sans délai.
L~
voyage de Capac Yupanqui dans
ses Etats dúra , dit-on, deux ans.
Ob–
servons, en passant , que ces longues
absences témoignaient de la con fian ce
du roi dans la fid élité de ses sujets,
et de la tranquillité parfaite.dont jouis–
sa i
t'
le Pérou.
Plusieurs expéditions uccessi ves
a
l'est de Cuzco réussirent au gré de
l'Inca , et sans effusion de sang. La
conquete du pays d'Uncasuyu ru't con–
sidérée comme tres - importante' a
cause des richesses de tou te natu re
que cette province allait ajouter aux
res ources générales de l'empi re. Ce
succes ne
fit
que surexci ter l'ambition
de Capac Yupanqui : bientot il pré–
para une campagne contre les Qui–
cheas; mais il ne voulut pas la conduire
en personne , et en laissa tout l'hon–
neur a son frere . Ce prince n'eut qu'a
se présenter dans le pays ennemi a la
tete de 25,000
bomme~;
les barbares
épouvantés demanderent. la paix et
l'obtinrent en échange de leur indé–
pendance. De retour
a
la capitale, le
Lriomphateur pacifique
fut
nommé ré–
gent de l'empire , le roi ayant le des–
sein de ciiriger lui·meme une nouvelle
entreprise. J\leme résultat que précé-