pi;:ROU ET BOLIVIE.
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mie, qui y était si répandu que le nom
d'Huyallas était devenu
infamant .
Tournant ensuite son activité vers
les choses de l'ordre civil, l'lnca fit
construire des
mag~sins,
des greniers
et des routes. Puis
il
reprit les armes,
et confia le commandement de ses·
troupes
a
son frere .Yupanqui. L'ad–
jonction
a
l'empire des provinces de
Ruaras, de Canchuca, deM:iscossampu
et de Caxamarca, fut, apres une lutte
de courte durée, le fruit de cette nou–
velle entreprise. Edifices publics, aque–
ducs, ponts, grandes routes, canaux,
agriculture, administration, conque–
tes, Pachacutec ne négligeait rien.
Pendant que son frere et son jeune
fils faisaient la guerre en son nom et
a
son profit,
il
s'occupait du bien-etre
de son peuple et de l'affermissement
de son pouvoir.
A
pres une guene san–
glante contre Chuquimanqua , sou–
verain de quatre riches vallées qui
avaient refusé de se soumP.ttre, Yu–
panqui parvint
~
prendre possession
des domaines de cetl ennemi, mais
cette victoire fut achetée par quatre
ans de lutte opiniiltre et me11¡rtriere.
Enfin les vallées de Pachacamac,
de Rimac, de Chancoy et de Huamac,
le royaume de Chima, et d'autres pays
que nous nous dispenserons d'énumé–
rer, reconnurent successivement
la
domination de Pachacutec.
A la fin de sa carriere, ce prince
organisa une milice dans chaque dé–
partement, pour
la
súreté de ses
Etats, fonda plusieurs colonies, em–
bellit la capitale,
fit
construire des
temples, et batit un palais pour Ja
résidence des Incas.
.
.Comme si tout, dans ce souverain,
devait etre remarquable, on afürme
que son regne dura vingt ans de plus
que celui de son prédécesseur, c'est–
a-dire soixante-dix ans. Cela suppose
une tres-longue existence, ce qui, a
toute rigueur, n'est pas impossible.
Pacbacutec laissa un renom si popu·
laire et si éclatant, que les Pérnviens
le mirent au rana des dieµx, honneur
insigne qu'il ne fft, du reste, que par–
tager avec les plus illustres ele ses
ai'eux.
Le regne de l'Inca Yupanqui, dixie–
me empereur du Pérou, fut marqué
par deux grandes expéditions qui sur–
passerent, en difficultés et en éclat,
toutes les entreprises des précédents
souverains. La premiere de ces expé–
ditions aWlit pour but la soumission
de
la province de Muza, nommée
Moxas
par les Espagnols, et située
au dela des Andes, non loin du Para–
guay. Elle réussit au gt·é des désirs
de Tinca. La seconde, plus impor–
tante et plus périlleuse,
fut
dirigée
contre le Chili. Jamais les Péruviens
n'avaient rencontré une
résistance
aussi vive et aussi opiniatre. La pre–
miere campagne 'fut sans succes. L'an–
née suivante, Yupanqui mit sur pied
des forces plus considérables et s'a–
vanca de nouveau contre ses voisins.
On se battit pendant six jours consé–
cutifs, avec un acharnement jusque-la
sans exemple dans les fastes militaires
du Pérou; et la lutte se termina sans
que
ni l'une ni l'autre des deux ar–
mées
pt.ltse dire viotorieuse. Quelle
fut l'issue de cette guerre mémora–
ble, c'est ce que les chroniqueurs ne
nous apprennent pas d'une maniere
bien précise. On laisse supposer qu'a
la mort de Yupanqui, l'empire avait
mille lieues du nord au sud, et que,
par conséquent,
il
s'était ª&randi de
tout le Chili; mais la conquete de ce
pays par les armées péruviennes nous
parait fort douteuse; tout au plus
pourrions-nous accorder que l'Inca
soumit quelques districts de la partie
septentr1onale du Chili. Ce fait histo–
riqne serait assez intéressant
a
éclair–
cir; malheureusement on ne sait sur
quelles bases s'appuyer pour entrer
dans une discussion sérieuse sur ce
point. Toujours est-il que l'empire
s'était notablement agrandi vers l'est,
sous le regne de Yupanqui; il avait
été reculé jusqu'aux Chiriguanos, au
levant de la Bolivie.
Inca Yupanqui batit la fameuse for–
teresse de Cuzco, dont nous avons
parlé plusieurs fo is. · Luí· aussi mou–
rut, dit-on, dans un age tres-avancé.
11 faut bien,
a
toute force, que Gar·
cilasso de la Véga, historien patriote