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L'UNÍVEl\.S.
Jégerement bombé quoique fuyant,
disposition qui n'empéche pas que Ir.
crline ne soit souvent tres-développé
et le cerveau notablement volumineux.
La figure est large et ordinairement
ronde• le nez est saillant , allongé,
aquili~
recourbé
a
son extrémité in–
férieur~,
déprimé par le baut, garni
de narines larges et ouvertes. La bou–
che, grande et 'proéminente , sans ce·
pendant que les levres soient trop
grosses , est ornée de dents blanches
et tellement solides que la vieillesse
les respecte. Les joues ne sont guere
saillantes que chez les hommes avan–
cés en lige. Les yeux , généralement
petits et constamment en ligne droite,
ne sont ni bridés ni relevés en dehors.
La sclérotique est toujours jaunatre,
comme chez quelques peuples
a
teint
foncé. Quant aux cheveux , ils sont
invariablement noirs, grossiers, _épais,
longs, roides, remarq
uablement lisses
et plantés tres-bas des
det.MCcotés du
front. Les sourcils, q
uoique tres-ar–
qués, sont étroits et peu fournis;
la barbe est extrémementJ
rare, et
c'est
a
peine si, chez les homlnes faits,
on aper"oit quelques poils maigres et
droits sur la Ievre supérieure et au
menton. Ce qu'il
y
a de plus frappant
dans la physionomie des Qu ichuas,
c'est la saillie des arcades sourcilieres
et la dépres'sio'n du nez dans sa partie
supérieure. On ne peut s'empécher de
rernarquer aussi sur le v'isage de ces
Péruviens dégéné11és un arr triste, sé–
rieux et réfléchi , melé
a
une certaine
expression
sinon d'hypocrisie , du
moins de sournoiserie.
Nous avons parlé de la lanl:(Ue péru–
vienne, et nous avons dit qu'indépen–
damment de la langue vulgaire
il
y
en
avait une réservée aux Incas et aux
grands du royaume. Nous ajouterons
quelques détails sur ce point intéres–
sant:
L'idiome quichua est assez riche ,
non-seulement pour rendre toutes les
idées que comportait la civilisation des
anciens Péruviens, mais encore pour
répondre aux besoins d'un état social
plus avancé.
11
est plein de ressources
ingéhíeuses, de 'figures élégantes de
comparaisons judicieuses ; malbeureu–
sement la prononciation en est d'une
rudesse extreme. On y si11:nale des
sons horriblement gutturaux et ana–
Jogues
a
c·ertaines aspirations de la
Jangue arabe ; l'accent général en est
aussi tres-marqué, et l'habitude de
faire toujours longue la pénultieme
syllabe de chaque mot , contri bue puis·
samment a rendre cet accent mono–
tone et fatigaot. Comme dans plu–
sieurs
idiomes américains ,
il
y
a
souvent cumulation . de consonnes,
sans que les langoes européennes puis–
sent rendre l'effet de ces combinaisons
de lettres. Ainsi l'on ne peut, si on
n'a pas entendu parler le quichua, se
faire une idée du
ce,
du
scc,
du
tcc,
du
tto,
du
qq,
etc. Dans
qquichua,
par exemple, le prcinier
q
se prononce,
dit M. d'Orbigny, du fond de la gorue,
comme un croassement. Une autre
particularité de cette lan$ue, c'est que
les mots se terminent,
Ja
plupart du
'temps, en
a
ou en
i;
mais Jorsgu'ils
finissent pa'r une consonne, ils ont
d'ordinaireJes sons
ip, ac, ak,
et quel·
quefois celui de
am
ou
an.
Point de
dipbtbongues et absence complete de la
lettre
u;
quant au
}
, il existe, mais
avec la prononciation gutturale que
lui donnent les Espagnols. Les sons
du b, du
d,
de l'f, du
g,
de l'x, man–
quent complétement. J,es ildjectifs ne
sont pas modifiés suivant les genres
et les cas; les substantifs, au con–
tra1re, varient suivant les exigences
du singulier ou du pluriel.
Nous avons dit ailleurs que leu'rs
noms de nombres admettaient toutes
les combinaisons possibles , et allaient
jusqu'a 100,000.
Quant a la langue particuliere que
parlaient les Incas, elle est compléte–
ment éteinte , et l'on ne peut aujour–
d'hui s'en faire une idée.
Les Quichuas sont d'un caractere
iloux, pacifique, et érninemment socia–
ble. C'est
a
tort gu'on les a accusés de
Jacbeté. lis ont prouvé, comme qn le
verra dans le récit de la conguéte du
Pérou , qu'ils n'étaient pas fonciere–
ment dépourvus de courage et d'intré–
pidité. Mais la tendance des institu•