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L'UNIVERS.
et descendant des Incas, trouve les
quatre cents ans d'antiquité qu'il at–
tribue
a
la dynastie des fils du soleil.
Quelques entreprises heureuses et
une expédition contre les provi'nces
qui s'étendent jusqu'aui¡ frontieres de
Quito, expédition qui avorta et ne
fit
qu'ouvrir la route de cette riche con–
trée au successeur de Tupac Yupan–
qni, tels furent les événements les
plus remarqu¡¡bles du regne de ce on–
zieme Inca.
Des l'avénement de Huayna Capac,
la guerre de Quito
recommen~a
plus
acharnée et plus sanglante que pmais.
Les Péruviens avaient affaire
a
des
adversaires belliqueux et obstinés, qui
n'abandonnaient pas un pouce de ter–
rain sans l'avoir énergiquement dis–
puté; mais l'étoile des Incas l'em–
porta, et apres trois ans de combats,
Quito jura obéissance aux domina–
t etl rs ele Cuzco.
L'historien Acosta nous apprend
que, contrairement
á
l'usage, Huayna
Capac fut de son vivant honoré comme
un dieu. Ce fait suf(i pour prouver
la réputation et la popularité dont
jouissait cet Inca des les premieres
années de son gouverncment. L'une
et l'antre étaient, du reste, justifiées
par de brillantes g_ualités et surtout
par une ardéur guerriere que 'tempé–
rait, apres la victoire, une générosité
qui ne se dé111entit jamais.
, Ce fut Huayna qui
fit
fabriquer
cette fameuse chaine d'or longue de
six ou sept cents piecls, et qui servait
i:t
exécuter une danse solennelle daos
certainP.s circonstances importantes.
La confection de cette chaine était
rlestinée
a
célébrer la naissance du
fils áíné de l'empereur; c'est pour–
quoi le nouveau-né fut nommé
Huas–
car,
c'est-a-dire,
cliaine.
Huayna eut bientdt un autre fils de
la filie du feu roi de Quito. Ce second
enfant
re~ut
le nom d' Atahualpa, ou
d' Atabalipa, suivant les histori ens es–
pagnols.
L'Inca soumit ensuite, sans coup
férir, toute la vallée de Cbirna qui
avait été la limite des conquetes de
ses prédécesseurs. Peu de
temps
apres, il décida les habitants de Tum–
bez
a
adopter Ja religion et les lois
péruviennes. 11 punit les Indiens de
Huancavélica qui avaient assassiné
leurs ?ouveroeurs. D'apres les con–
seils d un oracle fameux qui prophé-
. tisait da ns la vallée de Rimac,
il
som–
ma, suivant l'usage, les indigenes de
l'lle de Puna de se reconnaltre sujets
des Incas; Tumpalla, chef de cette
lle, feignit de se soumettre, et supplia
Je roi d'honorer son pays de sa pré–
sence. Plein de confiance dans
la
loyauté de son nouveau vassal, Huay–
na Capac se rendit
.a
.Puna avec une
partie de ses troupes. il ne soupi:on–
nait pas la perfidie de son bote. Tan–
dis qu'il s'occupait d'établir un com–
mencement d'administration chez ces
insulaires, une insurrection formida–
ble éclata, et un grand nombre des
soldats de !'Inca furent égorgés. Plu •
sieurs princes du sang périrent meme,
dit-on, dans ce massacre. Huayna
Capac tira une vengeance exemplaire
de cette trahison; mille
insulail'es
payerent de
leur vie un
facile et
odieúx triomphe. Ce sanglant événe–
ment
fit
une profonde impress ion su r
les populations timides et soumises
que les Incas
avaient faconnées
a
leur
joug. Elles le
célébrere.nt dans leurs
poésies, et elles en conserverent si
bien le souvenir, que les Espagnols
entendirent plus d' une fois raconter
ce lugubre récit par des Péruviens.
Huayna
fit
batir une forteresse
a
Tumbez, et l'ile de Puna fut confiée
a
la vigilance d'un gouverneur aussi
actif qu'énergique.
L'exemple de Puna avait été conta–
gieux. Les Indiens de la
provin~
de
Chuchupuvas s'étaient aussi révoltés
et avnient tué tous les magistrats et
toutes les autorités nommées par l'In· .
ca. A l'approche de l'empereur qui
s'avan<tait contre eux
a
la tete d'une
armée, ils chercherent un refuge dans
des
rnontagnes
inaccessibles. Mais
leurs femmes se jeterent aux pieds
de l'In ca et implorerent sa clémence.
Huayna se laissa toucher et
fit
grilce.
Rentré dans sa capitale, l'Inca avait
formé le projet, conforme, ·du reste,