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L'UNIVERS.
tieres du royaume des Incas s'éten–
daien t
a
l'est aussi loin que la nature
pouvait le permettre; au sud , jusqu'íl
l'extrémité du pays de Charcas et jus–
qu'aux déserts c1ui séparent Je Pérou
du Chili , et qu'alors
011
croyait im.:–
praticables. l\1ais l'ambition de Viraco·
cha avait le champ libre vers le nord.
Ce fut dans cette direction que l'Inca
se porta
a
la tete de ses armées. A son
npprnche , les habitants de Huyatora,
de Pocra, et de piusieurs autres dis–
tricts, firent leur soumission, sans
oser la moindre résistance. Au nom–
bre des améliorations dont il dota
cette partie de ses domaines,
il
fout
citer un canal de cent vingt lieues de
long et de douze pieds de profondeur ,
pour les besoins de la navigation et dn
commerce. Ce magnifique travail existe
encore aujo urd'hui et offre la preuve
incontestable de la puissance des rois
de Cuzco et de leur sollicitude éclai rée
pour leurs sujets. Garcilasso men–
tionne un autre canal encorc plus re–
marquable par ses dimci;¡ ions,
c~·eusé
par ordre du meme Inca dans le pays
de Contisuyu· m¡¡i celui-ci, aban<lonné
par les Espagnols, est complétement
tombé er ruine.
.
Dans une nonvelle1;oumée
a
travers
ses Etats, ' tjracocha , arrivé dans une
vil le du littoral maritime, y recut des
a'mbassacleUTs et des présents' de
!<:1
part du roi de Tucuman. Ces envoyés
lui donnerent des détails sur le Chili
et retournerent aupres de leur maltre,
avec la plus haute idée des lois et des
institutions péruviennes. Telle est du
moins l'assertion de Garcilasso de la
Yéga.
Viracocha mourut au sein <le la puis–
sance et de la prospérité dont ses con–
quetes et ses reglements avaient doté
son
PªJ.S·
11 passa pour l'auteur d'une
prophetie
a
laq uelle ses sujets ajou–
taient foi , et qui était conservée dans
les archives, sans doute au moyen des
quipos. Cette prédiction assurait qu'a·
pres la succession d'un certain nombre
d'lneas ,
il
viendrait d'une contrée
lointaine un peuple, inconnu des Pé–
ruviens, qui abolirait leur religion,
foulerait aux pieds Jeurs lois les plus
respectées, et renverserait Jeur em–
pire. C'est la une de
ces
prophéties
qui trouvent dans un hasard provi–
dentiel une réalisation inattendue;
peut-etre meme peut-on la mettre au
nombre de ces oracles formul és apres
l'événement et destinés
a
donner la
consécration du merveilleux
a
des
choses toutes naturelles. C'est ainsi
qu'au :Mexique, et dans J'Yucatan, les
pretres catholiques, pour faire croire
aux indigenes que_l'arrivée des chré–
tiens avait été prévue et désirée par
leurs ancetres, firent apres coup aes
prédictions en vers et en prose, dans
lesquelles la venue du vrai Dieu était
annoncée, et dont la date remontait,
par une fraude pieuse, jusqu'aux pre–
miers temps de l'histoire de ces peu–
ples. M. Waldeck, dans son curieux
ouvrage sur les ruines d'Uxmal, que
nous avons mentionné plusieurs fois
dans la notice sur l'Yucatnn, a cité
une de ces traditions soi-
disant natio–nales et fabriquées par les Europée.ns.
Ce document porte tous les caracteres
du mensonge et de la fourberie.
ous
ne serions done pas surpris que les
pretres espagnols eussent fait au Pé–
rou ce qu'ils ont fait dans d'autres
contrées de
I'
Amérique.
Le regne de Viracocha ne dura pas
moins de cinq'uante ans, comme celui
de !'Inca Roca, son aleul. Nous ne
pouvons encore ici controler ce chif–
fre, contre Jeq ue! nous ne protestons
pas, mais dont nous ne
~arantissons
pas non plus l'authenticité. Garcilasso
aflirme avoir v\l le corps embaumé de
cet empereur dans un parfait état de
conservation. Or, cet historien écri–
vait vers la moiti é du seizieme sie·
ele.
Daos les premieres années de son
regne, Pachacutec
(*),
neuvieme Inca,
soumit la province de Sausa, oommée
Xauxa
par les Espagnols, la nation
belliqueuse des Huancas, le pays de
Chicarpac, le territoire d'Ancara et
celui el es Huyallas. Daos ce dernier,
il abolit le détestable vice de ·Ja sodo·
(*)
Ce nom signifie
qui
renperse
l'1111i–
Pers.
...