PÉROU ET BOLIVIE.
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des Incas jusqu'a la conquéte espa–
gnole. Nous avons réuni dans un
méme cadre toutes les
institutions
élaborées successivement par les sou–
verains indigenes. II ne faut done pas,
en lisant cet exposé, rapporter ce que
nous disons
a
telle ou telle époque en
particulier, car notre travail embrasse
tout le temps de la domination des
enfants du soleil.
Il ne nous reste plus, pour complé–
ter ce que nous avions a dire sur les
temps anciens, qu'a raconter l'histoire
proprement dite des empereurs du
Pérou, ce que nous ferons brieve–
ment, en élaguant de notre récit tous
les faits et tous les détails qui, par
leur nature, devaient entrer dans le
tableau général de la civilisation pé–
ruvienne.
DYNASTIE DES
INCAS. -
Nous
avons peu de chose a dire sur le
régne du premier Inca, Manco Ca–
pac. Le lecteur sait déja quels fu–
rent les commencements de la domi–
nation de ce réformateur, ses actes
les plus importants, la n Vure et les
tendances de ses institutions. Ce qu'il
nous reste
a
rappeler de cctte époque
ne vaut guere
la peine d'étre cité
autrement que pour mémoire.
Aprés sept ou huit an
de ¡¡ropa–
gande et d'effo1ts couronnés de suc–
ces, Manco Capac vit le nombre de
ses adeptes s'accroltre au point de lui
permettre de lever une armée, pour
réduire. par la force ceux des indigenes
qui ne voulaient pas céder a ses exhor–
tations.
11
soumit a ses lois toute la
partie orientale jusqu'il la riviére de
Paucartempé, quatre-vingts licues a
l'ouest jusqu'a
l'Apurimac, et neuf
licues au sud jusqu'a Guequezon:i.
Apres avoir fondé Cuzco,
il batit
treize villages vers l'est, trente vers
J'occident, daos l'espace de huit lieues,
forma des colonies dans tout le terri–
toire conqui , et peupla les parties les
plus fertiles et les moins habitées.
Mancovécut,suivant le calcu ldes his–
torien's du Pérou, vers le onzieme siecle
de notre ere. C'est
a
lui que les Péru–
viens furent redevables de la construc–
tion
du temple du soleil a Cuzco. C'est
lui qui fit élever ce couvent daos le–
quel étaient cloitrées les vierges con-
. sacrées au soleil. Pour distingue1· les
princes du sang impérial des autres
personnages de la cour, et les dési–
gner au respect de la foule, il ordonna
que, a son exemple, tous les bommes
de sa famille eussent la tete rasée, et
qu'on ne leur laissat qu'une touffe de
cheveux au sommet du crane. 11 voulut
aussi qu'ils eussent, comme marque
distincti ve, les. oreilles percées. Mais
comme signe visible et irrécusable de
!'origi ne impériale,
il
établit que tous
les membres de sa famille porteraient
un bandeau de laine rouge qui faisait
plusieurs fois le tour <le
la téte en
forme de turban. Cette espece de dia–
deme fut nommé
llauta.
Le· regne de Manco Capac dura,
dit-on, tren te ou quarante ans. Quand
ce souverain vit approcher le moment
de sa mort, il réunit autour de lui sa
famille, 'ainsi que les plus éminents de
ses sujets, et leur adressa un
Ion~
discours dans lequel il recommanda a
son fils Sincbi Roca
le bonbeur de
son peuple, aux Péruviens la lidélité
et l'obéissance
a
SO(l
bériticr.
Les funérailles du roi forent célé–
brées pendant trois mois consécutifs.
Le souvenir de ce grand homme resta
entouré d'une vénération supersti–
tieuse fondée sur ses qualités émi–
nentes et sur les services immenses
qu'il avai t rendus aux peuples du
Pérou.
Sinchi Roca, une fois en possession
du pouvoir, épousa sa sreur, Mama
Oello, afin que ses enfants fussent
doublernen t légitimes, et tinssent éga–
lement de leur me1·e et de leur pere,
leur droit
a
la couronne. Le mariage
entre frere et sreu1· constituai t un
privilége exclusif en faveur du sou–
verain;
il
étai t fondé sur cette consi–
dération que la race des Incas devait
toujou rs rester pure de tou te mésa
1-
liance, et que rien ne pouvait miemc
assurer
la virginité du lignage i111-
périal que ces unions entre si proches
parents.
Ce fut sous le regne de Sinchi Roca
que se
fit
la divis'ion de l'empire pé·
26.