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L'UNIVERS.
sant leurs conquetes du coté de l'équa–
teur, les rois du Pérou observerent
9ue plus ils approchaient de la Jigne
equinoxiale, moins les· colonnes pro–
duisaient d'ombre en plein midi; aussi
cellcs qu'on éleva
a
Quito' et dans le
voisinage de cette vi lle jusqu'a lamer,
étaieut-elles les plus estimées , parce
que le soleil
y
donnait
a
plornb' et
qu'a rnidi elles ne projetaient pas
d'ombre. Les Péruviens croyaient que
Jeur pere ne trouvait pas de siége plus
a~réable,
et qu'il s'asseyait perpendi–
culnirement sur ces colonnes, tandis
qu'il se posait de coté sur celles des
autres pays.
lis avaient, comme tous les peuples
peu éclairés, les idées les plus bizarres
~ur
les éclipses : quand l'occultation
du soieil avait lieu, ils disaient qu'il
était irrité contre eux, car son visage
était troublé comme celui d'un homme
en colere; de Ja des prédictions et des
craintes puériles pour l'avenir. Les
tlclipses de )une enfantaient les memes
terreurs superstitieuses : l'obscurité
projetée su
l'astre leur faisait dire
qu'il était malade.
lis
tremblaient que,
venant
a
mourir, et se détachant du
firmament, la lune ne tombat sur la
terre et ne Jes écrasat en rnasse. Des
que l'éclipse
commen~ait,
ils faisaient
,le plus de bruit possible avec des
trompettes, des timbales et des tam–
bours; ils attachai ent les chiens et les
fouettaient, pour leur íai re jeter des
cris de douleur. lis pensaient que la
lune, qui était ccnsée affectionner ces
animaux, aurait pitié de Ieurs Iamen–
tatio11s, et sortirait de son assou pis–
sement pour les déli vrer. Les taches
de cet astre leur inspiraient des idées
encore plus absurdes et plus ridicules :
ils.disaient que le renard, s'étant épris
d'amour pour Ja lune,
a
cause de son
éclat et de sa beauté, s'avisa, un jour,
de monter au ciel pour s'accoupler
avec elle, et qu'il l'embrassa si fort
que, dans ses étreintes brutales, iJ
Iui
fit
des contusions qui produisirent
les taches en question. Ajoutons ql1e,
pendant les éclipses, ils excitaient les
cnfants et les jeunes gens a invoquer
l'astre souffrant' a l'appeler du doux
nom de
Mama quilla,
ou
Jlfere !une,
et
a
la supplier de ne se point laisser
mourir, de peur que son trépas n'oc–
casionnil.t la perte de touie sa race.
Les hornmes et les femmes répon–
daient
a
ces cris et a ces prieres' de
tell e sorte que, dans ces moments so–
Jennels, il se foisait dans tout le Pé-
1·ou un bruit épouvantahle, dont ri en
ne saurait donner une idée. Il va sans
dire que quand l'occultation cessait,
la joie succédait a,ux cris da désespoir
et de terreur.
lis appelaient le jour
Punchan,
Ja
nuit
Tuta,
et le matin
Paca1·i;
ils
avaient aussi des dénominations pour
désigner les autres parties du jour et
de la nuit, telles que l'aurore, rnidi,
minuit, et le crépuscule.
lis vénéraient singulierement I'arc–
en-ciel , tant a cause de ses couleurs
brillantes que parce que ces couleurs
venaient du soleil. Les rois du Pérou
le placerent meme dans leurs armes
impériales.
lis croyaient voir dans les dessins
de la voie lactée, l'image d'une brebis
qui allaitait un agneau. lis voyaient,
dans l'apparition des cometes' l'an–
nonce de grandes calamités publiqll'es,
telles que Ja mort de l'empereur et la
aestnuction du royaurne. Quant
a
la
planete deVépus, comme iJs la voyaient
briller le matin et Je soir, ils disaient
que le soleil , en qualité de roi des
étoiles, ordonnait a celle-ci, comme
la plus belle de toutes, de se tenir
sans cesse aupres de lui.
Quand ils voyaient le soleil se cou–
cher
a
l'horizon' ils étaient persuadés
qu'il se plongeait réellement dans
1'0-
céan, et que sa chaleur desséchait Ja -
plus grande partie de la mer; que,
pour reparaitre le matin
a
I'orient'
¡¡
passait par-dessous la terre, qu'ils
supposaient etre sur l'eau.
Leurs connaissances en médecine
étaient tout aussi bornées : ils em–
ployaient les purgatifs, les vomitifs
et la saignée, mais sans aucun discer–
nement. Quand ils éprouvaient de vio–
lents maux de tete, ils
se
faisaient
tirer du sang de la partie du front qui
se trouve entre les sourciJs. Leur Jan-