396
L'UNIVERS.
pentes des montagnes , puis ils sui–
vaient soigneusement tous les filons
métalliquesj u qu'au point ou ils s'en–
fon~aient
d'ans la terre. La ou le mi–
nerai était pres de la surface du sol,
ils pratiquaient l'ouverture en dessus,
sans oser faire de trop profondes exca–
vations, afio que les ouvriers pussent
jeter sur les bords du trou ou fnire
passer de main en main dans des pa–
niers, les trésors qu'ils avaient dé–
couverts
(*).
lis savaient fondre la
mine et la purifier, soit par le feu,
soit, quand elle était trop difticile
a
traiter ou mélangée de substances hé–
térogenes, en la mettant dans de pe–
tits fourneaux construits tout expres.
Ces fourneaux étaient élevés , et si ar–
tistement disposés , que le courant
d'air
rempla~ait
le soufOet, moyen
artificiel qui leur était inconnu. Par
ce procédé si simple, le métal étai t
fondu avec tant de facilité, que )'ar–
gent était devenu assez commun au
Pérou pour servir sons forme d'usten–
siles de ménage et de vases destinés
aux usages ordinaires.
lln
~rand
nom–
bre de ces ustensiles ét;¡1ent,
a
ce.
qu'il parait, merveilleu ement travail–
lés. Les plante , le fleurs et les.fruits
d'or qui ,
suivant les historiens
(*,.),
or–
paient les
jardí.nsde l'luca , prouvent
que les Péruviens avaient poussé assez
loin l'art de ciseler les métaux pré–
cieux et de leur donner toutes les for–
mes possibles. "Mais, dit Robertson,
comme les conquérants de l'Amérique
ne connaissaient bien que la valeur du
métal, et ne s'occupaient guere des
formes que l'art lui avait données,
daos le partage du butin, on ne tint
compte que du poids et du degré de
finesse , et presque tout fut fondu. "
Nous avons nommé, daos une autre
partie de ce travail , l'Espagnol
a
qui
échut par le sort la splendide image
du soleil arrachée au temple de Cuzco;
on a
YU
le cali que le grossier soldat
fit de ce trésor, mis pour enjeu daos
une partie de dés, et perdu dans l'es-
(•) Ramusio, III, 1,14.
("') A.cosla,
li1·.
iv, ch.
XLV;
Gnrcilasso;
lloa.
pace de quelques heures. La masse des
riches r de toute nature qui tombr–
rent entre les mains des vainqueurs
est incalculabl e, et elle atteste le de–
gré d'i ndustrie ou étaient parvenus
les Péruviens dans tout ce qui concer–
nait la fonte et la facon de l'or et de
!'argent.
•
Des objets intéressants trouvés dans
les tombeaux du Pérou, tels que des
miroirs faits d'.une pierre dure, polie
et brillante, des vases de terre de for–
mes variées , des haches et des armes
de guerre, des outils de silex et de
cuivre durci , prouvent que les Péru–
viens employaient aussi leur adresse
et leur patieuce
a
quelques-uns de ces
ouvrages qui sont a la fois du domaine
de l' utilité et du
confortable.
l\Iais on
a trouvé un trop petit nombre de ces
objets pour affirmer qu'ils fussent d'un
usage généJlal; d'ailleurs, les outils en
question étaient si petits et si Jégers,
qu'ils ne pouvaient évidemment avoir
serví q_ue pour des ouvrage en qu cl–
que sorte insignifiants. Peut-lfüe le
métal dont il
étaient faits était·il
rare , ou bien l'opération par laquclle
on lui donnait la dureté néce aire ,
étai t-elle si difficile et si longue, qu'on
se bornait
a
fobriquer quelques-uns de
ces instruments. Toutefois le fait seul
de l'existence de ces objets constitue
la supériorité des Péruviens sur les
autres ·peuples du nouveau monde,
car les piéces d orfévrerie et les nu–
tres produits de !'industrie péruvienne
trouvés apres la conquete, s'ils ne sont
pas remarqunbles sous le rapport de
l'él ~ance
et du goi1t, sont ju tement
adm1rés a cause de l'habileté prodi–
gieuse qu'il a fallu déployer pour les
confectionner avec des instruments de
travaii si imparfaits.
Toujours esl-il qu'ils savaient tra–
vailler l'or, !'argent, le cuivre et le
plomb. Pour ce qui est du cuivre, ils
Je mélangeaient d'étain, et le ren–
daient ainsi assez dur, pour pouvoir,
a
défaut du fer, en fabriquer des ou–
tils et des armes.
L'art du ti ssage avait été,· comme
nous l'avons <lit, enseigné aiJx Peru–
viens par Manco Capac et sa compa-