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402

L'UNIVERS.

et la neige devaient provenir d'une

femme, créature plus faible et plus

bienveillante. C'est sur cette croyance

qu'un Inca, poete habilé et renommé,

avait composé la piéce de vers dont

voici la traduction, telle que la donne,

d'aprés !'original, !'historien Garci–

lasso de la Véga :

llcllc filio,

Ton frCre pluviellX

Brise maintenant

Ta petite crucbe;

Et

c'est pour

cela

Qu'il tonne, qu'il éclaire,

.Et

que

la

íoudre tombe.

Toi,

filie royale,

Tu nous donneras par la pluie

Tes belles eau:r. .

Qu

elqu

efois aussi

Tu

fo.is

grelcr sur nous,

Et

ueig

er de méme.

Celui qui a íah Je monde,

Le Dieu qui l'anime,

Le grand Viracocha,

T'a donoé

l'f11ne,

Pour remplir cette charge

Qu'il t'a conllée.

Les

Péruvi~ns

paraissent avoir été

beaucoup moins avances dans l'art

musical , art, du reste, relativement

moderne chez tous les pe.uples.

' ous

n'ajouterons rien

a

ce que nous en

avons dit en patlant des mreurs et

coutumes de ce peuple.

Les Péruvien , consjdérés cornme

nation , avaieot deux langues diffé–

rentes : l'une parlée exclu. ivement par

les Inca¡;, et dont les autres classe,s

ne comprenaient pas un seul mot,

espece de langage

ma~onnique

in–

terdit aux profanes ; l'autre répandue

généralement dans tout \e royaume,

grfice aux soins des empereurs. Cette

communauté d'idiome avait de pré–

cieux avantages : d'abord celui d'éta–

blir un lieo entre les divers peuples

dont se composaít la population de

l'empire péruvien; eu second lieu,

celui de faire adopter plus facilement

les institutions et les loís des Incas

par les tribus subjuguées; enfio, celui

d'établir sur tout l'empire un certain

niveau de civilisation, en accoutumant

peu

a

peu les peuplades les plu farou–

cbes aux mreurs, aux connaissances

et aux habitudes des Péruviens. Nous

croyoos intéressaot de citer quelques

détails que nous trouvoos dans le P.

Bias Valera, sur cette lnnsue géné–

rale; nous conservon

l'anc1enne tra–

duction

fran~aise,

qui rend merveil–

leusement la naiveté et le tournures

originales du vieux espagnol :

«

Quoiqu'il soit vrai, dit le pieux

ecclésia tique, que chaque province

ait son lang:ige particulier différent

des autres, cependant il y en a un

général, qu'on appelle

la tangue de

Cuzco,

laquelle était en u age, du

temps des rois incas, depuis Quito

jusqu'au royaume de Chili et de Tu–

mac. Les Caciques et les Indiens, dont

les Espagnols se servent comme d'a–

gents dans leurs affaires, parlent en–

core cette langue. Et il faut remat·quer

qu'a mesure que les rois incas sou–

mettaient

a

leur empire quelque

royaume ou quelque province, la prin–

cipale chose qu'ils recommandaient

a

leurs nouveaux snjets, était d'appren–

dre la langue de la cour de Cuzco, et

de l'enseigner

a

leurs enfants. Mais,

afin qu'on put exécuter leur comman–

dement,

il

envoyaient des lndien

natifs de cette ville, pour le in truire

dans la langue et dans la maniere de

vine de cette cou r. lis donnaienta ces

milire

d~h~~~~d~m~~m

dans les villes et dans les provirices,

afin de les obliger

a

s'y naturaliser, et

que eux et leurs enfants y enseignas–

sent

a

perpétuité cette langue. Outre

cela, les gouverneurs incas préféraient

aux charges de la république ceux qui

savaient mieux parler cette

lan~ue

gé-

,nérale; aussi tout le monde l'enten–

dait, et par ce moyen les Incas gou–

vernaient en paix tout leur empire et

tous le11rs sujets de quelque nation

qu'i Is

fu

sent. "

Nous ne pousseron

pas plus loin

ce tableau de la condition intellec–

tuelle des Péruviens. Dans tout ce

que nous avons dit sur les mreurs,

les u a es, !'industrie, le gouveroe–

ment, les lois et les conoaissances de

ce peuple, nous n'avons pas entendu

indiquer une seule époque, une eule

période de son histoire. No11s avons

résumé les manifestations de sa vie

sociale, telle qu'elle s'est développée

pendant toute la durée de l'empire