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L'UNIVERS.
et la neige devaient provenir d'une
femme, créature plus faible et plus
bienveillante. C'est sur cette croyance
qu'un Inca, poete habilé et renommé,
avait composé la piéce de vers dont
voici la traduction, telle que la donne,
d'aprés !'original, !'historien Garci–
lasso de la Véga :
llcllc filio,
Ton frCre pluviellX
Brise maintenant
Ta petite crucbe;
Et
c'est pour
cela
Qu'il tonne, qu'il éclaire,
.Et
que
la
íoudre tombe.
Toi,
filie royale,
Tu nous donneras par la pluie
Tes belles eau:r. .
Qu
elquefois aussi
Tu
fo.isgrelcr sur nous,
Et
ueiger de méme.
Celui qui a íah Je monde,
Le Dieu qui l'anime,
Le grand Viracocha,
T'a donoé
l'f11ne,
Pour remplir cette charge
Qu'il t'a conllée.
Les
Péruvi~ns
paraissent avoir été
beaucoup moins avances dans l'art
musical , art, du reste, relativement
moderne chez tous les pe.uples.
' ous
n'ajouterons rien
a
ce que nous en
avons dit en patlant des mreurs et
coutumes de ce peuple.
Les Péruvien , consjdérés cornme
nation , avaieot deux langues diffé–
rentes : l'une parlée exclu. ivement par
les Inca¡;, et dont les autres classe,s
ne comprenaient pas un seul mot,
espece de langage
ma~onnique
in–
terdit aux profanes ; l'autre répandue
généralement dans tout \e royaume,
grfice aux soins des empereurs. Cette
communauté d'idiome avait de pré–
cieux avantages : d'abord celui d'éta–
blir un lieo entre les divers peuples
dont se composaít la population de
l'empire péruvien; eu second lieu,
celui de faire adopter plus facilement
les institutions et les loís des Incas
par les tribus subjuguées; enfio, celui
d'établir sur tout l'empire un certain
niveau de civilisation, en accoutumant
peu
a
peu les peuplades les plu farou–
cbes aux mreurs, aux connaissances
et aux habitudes des Péruviens. Nous
croyoos intéressaot de citer quelques
détails que nous trouvoos dans le P.
Bias Valera, sur cette lnnsue géné–
rale; nous conservon
l'anc1enne tra–
duction
fran~aise,
qui rend merveil–
leusement la naiveté et le tournures
originales du vieux espagnol :
«
Quoiqu'il soit vrai, dit le pieux
ecclésia tique, que chaque province
ait son lang:ige particulier différent
des autres, cependant il y en a un
général, qu'on appelle
la tangue de
Cuzco,
laquelle était en u age, du
temps des rois incas, depuis Quito
jusqu'au royaume de Chili et de Tu–
mac. Les Caciques et les Indiens, dont
les Espagnols se servent comme d'a–
gents dans leurs affaires, parlent en–
core cette langue. Et il faut remat·quer
qu'a mesure que les rois incas sou–
mettaient
a
leur empire quelque
royaume ou quelque province, la prin–
cipale chose qu'ils recommandaient
a
leurs nouveaux snjets, était d'appren–
dre la langue de la cour de Cuzco, et
de l'enseigner
a
leurs enfants. Mais,
afin qu'on put exécuter leur comman–
dement,
il
envoyaient des lndien
natifs de cette ville, pour le in truire
dans la langue et dans la maniere de
vine de cette cou r. lis donnaienta ces
milire
d~h~~~~d~m~~m
dans les villes et dans les provirices,
afin de les obliger
a
s'y naturaliser, et
que eux et leurs enfants y enseignas–
sent
a
perpétuité cette langue. Outre
cela, les gouverneurs incas préféraient
aux charges de la république ceux qui
savaient mieux parler cette
lan~ue
gé-
,nérale; aussi tout le monde l'enten–
dait, et par ce moyen les Incas gou–
vernaient en paix tout leur empire et
tous le11rs sujets de quelque nation
qu'i Is
fu
sent. "
Nous ne pousseron
pas plus loin
ce tableau de la condition intellec–
tuelle des Péruviens. Dans tout ce
que nous avons dit sur les mreurs,
les u a es, !'industrie, le gouveroe–
ment, les lois et les conoaissances de
ce peuple, nous n'avons pas entendu
indiquer une seule époque, une eule
période de son histoire. No11s avons
résumé les manifestations de sa vie
sociale, telle qu'elle s'est développée
pendant toute la durée de l'empire