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406

L'UNIVERS.

demment. Toutes les peuplades qui

habitaient les bords du lac de Puria,

limite des acquisitions de Mayta Capae,

envoyerent des députés

a

l'empereur

pour lui jurer obéissance. Les pro–

vinces de Cbaycuta et de Charcas (Chu–

guisaca) eurent leur tour , et montre–

rent le meme empressement

a

se

laisser enroler sous la banniere des

rois du Pérou. Les Ineas avaient évi–

demment affaire

a

des populations peu

habituées au rude métier de la g1,1erre,

et d'ailleurs, le prestige de leur puis–

sance fascinait ces nations crédules au

point de leur faire renoncer volontai–

r ement

a

leurs usages'

a

leurs dieux '

et

a

leur gouvernement. /

Nous ne pouvons malheureusement

évi ter la monotonie dans ce récit des

faits et gestes des enfants du so–

leil ; la faute en est aux bistoriens qui

ne nous apprennent, sur l'histoi re de

Ja dynastie des Incas, que des faits

uniformes et quelquefois meme insi–

gnifiants. Il est éi?alement impossil>le

de deviner le véritJable car;1ctere des

empereurs

p~ruviens

au milien des

fl atteries et des éloges emphatiques

que les chronigueurs, et surtou t Gar–

cilasso de la Véga, adresseñt

a

leu r

mémoire. Tol1s les Incas sont des es–

peces de diviÍlités, des etres pleins de

.vertu, de sagesse, de bravoure , de

clémence et de bonté ; on ne saurait

leur reprocher aucun méfait, ni leur

.imputer aucun défaut. En un mot,

c'est un panégyrique sans interrup–

tion' un long discours

a

la louange

exclusive de ces souverains. On con–

coit gu'il est fort difficile d'entrevoir

fa vérité

a

travers cet épais nuage

d'encen s. Aussi sommes-nous réduit

nous-meme

a

paraphraser en quelgue

sorte les assertions des historiens qui

nous servent de guides.

Inca Roca, six1eme monarque péru–

vien ,

commen~a

son regne

p~r

un

voyage de trois ans dans ses Etats,

usage

consacré par ses

prédéces–

seurs; puis

il

conguit les provin–

ces de Chomcas , d'Uramarca , de

Sulla, d'Utumsulla, et plusieurs au–

tres qui, au dire de Garcilasso , ren–

fermaient environ 400,000 familles,

évaluation qu'il est permis de croire

exagérée. Pendant les quelques années

qu'il employa ensuite

a

améliorer les

institutions de son pays,

il

habitua

son fils ainé aux affaires du gouverne–

ment. 11 lui confia la direction d'une

entreprise contre la province d' Anti–

suyu, entreprise qui réussit et annexa

aox domain es des Incas un riche et

vaste territoire. Quelque temps apres,

la conquete des provinces de Charcas

(Chuquisaca), commencée sous le re–

gne précédent, fut consomrnée, et ac–

quit

a

Inca Roca une gloire impéris–

sable. BientOt de nouveaux agranilisse–

ments porterent au loin la réputation

de l'empereur de CuzGo. Quoi qu'il en

soit, le titre le plus légitime et le plus

sérieux de ce monarque

a

la vénéra–

tion de son peuple, ce fut d'avoir

fondé des écoles publiques

a

Cuzco,

et organisé un systeme d'instruction

pour la classe noble. Le bienfait,

comme on le voit, fut exclusif, et ue

s'étendit pas jusgu'aux rangs infimes

de la société, comme la justice l'exi–

geait, mais

i1

détermina un progres

qui

exer~a

une heureuse inlluence sur

Jlesprit général de la nation.

.

On attribue au r egne de Roca une

durée de cinquante ans . 11 n'y a rien

d'impossible

a

cela , et si l'on admet

les assertions de Garcilasso sur la du–

rée des autres regnes , on arri vera

fa–

cilement aux quatre cents ans

d'ant~quité dont se vantent les Incas,

a

partir de la conquete. Reste

a

savoir

s'il est dans l'ordre des choses vra1sem–

blables qu'une

~érie

de douze rois rem–

plisse

a

elle seule une aussi longue pé–

riode, et qu'avec un pareil nombre de

souverains, on trouve une moyenne

de trente-trois ans envi ron par regne.

Nous ne devons pas omettre une as–

sertion importante qui se rapporte au

regne d'lnca Roca. L'historien espa–

gnol Acosta dít qu'il

y

eut deux ligna–

ges ou fomilles d'lncas, et que le se–

cond lignage commence

a

Roca, qui

renouvela les lois et donna de nou–

veaux reglements

a

l'empire. Ce fait

serait digne d'attention, au point de

vue bistorique' s'i l pouvait etre par–

faitement prouvé; mais rien ne nous