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892

VUNIVERS.

de l'incubation. Ces lles elles-memes

étaient partagées entre les difterentes

provinces. Les plus grandes étaient

affectées a la fertilisation de deux ou

trois départements; on entourait de

limites facilement reconnaissables

chaque portion concédée, afin qu'une

province n'empiétat point sur la part

de sa voisine. Le partage du fumier

se faisait ensuite entre les membres

de la communauté, et J'on y procédait

avec une justice si rigoureuse, que

tout indiv1du qui, abusant de la .con–

fiance du distributeur, se faisait don–

ner une portion plus considérable, au

détriment d'un autre, étai t puni de

rnort, cbatiment hors de proportion

avec le délit, mais qui s'accordait avec

le caractere général de la législation

péruvienne. Les lndiens se servaient

aussi, pour engraisser leurs terres, des

petits poissons qu'a certaines époques

de l'année, la mer jetait en masses

innombrables sur les rivages du Pé–

rou.

Ces moyens d'irrigation et de ferti–

lisation parurent s1 ingénieux aux

conquénants, qu'ils les adopterent et

contiuuerent a s'en servir pendant

plusiem:s siecles. lis conser.verent

plusieurs aes aqueducs construits du

temps des 1neas, et en firent d'autres

sur le meme modele. La tiente des

oiseaux de mel' fut aussi soigneuse–

ment reeueillie que du temps des sou–

verains indigenes. Ulloa parle de la

quantité presque incroyable qui s'en

trouve dan_s les petites tles qui bor–

dent le littoral

(*).

L'usage de la charrue étant inconnu

aux Péruviens, ils travaillaient la terre

avec une espece de beche faite d'un

bois tres-dur

(º).

Ce travail n'étant

pas considéré comme assez humi–

liant pour etre exclusivement aban–

donné aux femmes , les hommes s'y

livraieot également ; les Incas don–

naient l'exemple en cultivant de leurs

propres mains un cbamp situé pres de

Cuzco, et, dit Garcilasso de la Véga,

ils honoraient ce labeur en l'appelant

(•) Ulloa,

Voyage en Amérique.

(••) Au¡;uslin

de Zarate.

leur triomphe sur

la

terre,

c'est-a–

dire, sans doute, leur action la plus

glorieµse.

Le bétail était réparti, comme les

terres, entre les membres de la com–

munauté. Les pasteurs conduisaient

les troupeaux de llamas et d'alpacas

dans les lieux qui leur sont le plus

favorables, en les ·séparant par sexes,

afin d'éviter les accidents. lls n'em–

ployaient que les mii!es des llamas

comme beles de somme, et traitai ent

ces animaux avec - une grande dou–

ceur.

• Ces détails seraient sans doute

dé–

placés dans le tableau d'une cil'ilisation

plus parfaite; mais quand il s'agit

d'un peuple qu'on serait tenté de

soup~onner

d'imprévoyance, comme

peuvent l'etre toutes les nations

a

peu pres barbares et ignorantes, on

ne saurait etre trop explicite.

La supériorité des Péruviens dans

la construction des maisons et des

édifices publics est incontestable. Dans

les plaines immenses du littora l, ou

regne un climat exll'emement doux,

et ou le ciel est toujours d'une admi–

rable pureté, leurs demeures pou–

vaient, sans le moindre inconvénient;

etre Iégeres et mal

el

oses ; ils se con.

tentaient de petites huttes arrondies

en dome, couvertes de branchages et

de terre, mode de construction encore

en usage aujourd'hui parmi les

In–

diens de cette contrée. Daos les par–

ties plus élevées, et surtout dans la

région montagneuse, ou les pluies

sont fréguentes et ou le froid se fait

quelquefüis vivement sentir, les babi–

tations devaient etre et étaient en effet

plus solidement baties. La forme en

était oriiinairement carrée. Les murs,

hauts de sept ou huit pieds, étaient

faits de briques durcies au soleil. La

maison était privée de fenerres, et la

porte d'entrée était étroite et basse.

Cette construction si simple, et dans

laquelle entraicnt des matériaux si

grossiers, éta it cependant si solide,

qu'un asscz granel nombre· de ces

batiments se sont conservés jusqu'auf

temps modernes, tandis qu'il ne sub·

siste daos tout le reste de l'Améri-