PtROU ET BOLIVIE.
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pourvoir
de vetements ' fussent en–
tretenus de provisions tirées des ma–
gasins publi cs. On avait aussi recours
a
ces magasins pour assister les hótes
qui arrivaief\t dans une ville, qu'ils
fussent étrangers ou simplement voya–
geurs. Les nouveaux venus étaient ac–
cueillis dans des établissements pu–
blics, ou on Jeur fournissait abondam–
ment tout .ce qui Jeur était nécessaire.
Les pauvres devaient litre appelés aux
repas pobli cs dont nous avons parlé,
afin qu'ils oubliassent quelques ins–
tants leur misere. Une loi sur le mé–
nage ou plutdt sur Ja famille, recom–
mandait particulier ment deux points
principaux: d'abord d'évi ter l'oisi veté ;
a
cet effet, on employait jusqu'aux en–
fants de cinq ans aux travaux qu'on
jugcait 8tre
1\
ll'ur portée; les aveug les
m8me, uinsi que les boiteux et les
muets , n'étaient pa dispensés du tra–
vail'
a
moins qu'ils n'eussent quelque
autre inlirmité qui les rend1t tout
a
fait invalides. Ainsi tous les individus
qui avaient assez de force et de santé
pour mettre la main
a
l'ccuvre' tra–
vaillaient de leur mieux, pour éviter
d'etre mis au nombre des fainéants
qu'on ch5.tiait en place publique. Le
second point de la loi sor Le ménage
enjoignait aux Indiens' de laissetleurs
portes ouvertes 11ux heures de lcurs
repas , afin que les officiers de justice
eussent l'eotrée libre chez eux. On ap–
P.elait ces magistrats
tlactacamayu;
1ls avaieot pour mission· de visiter les
temples et les maisons particulieres
ou publiques pour vérifier si tout
s'y
passait co nvenablement. lis exami–
naient si le pere de famille apportait
tout le soin nécessaire
a
son ménage
et
il
l'éducation de ses enfants. Quand
ils enlraient dans une maison bien te–
nue, garnie de meubles et d' ustensiles
brillants de propreté, ils louaient et
félicitaient
a
haute voix les maitres
du logis; mais ils cht\liaient
a
COllJ>S
de fouet ceux qu'ils surprennient en
!lngrant délit de négligence ou de mal–
propretr.
On rrronnait da ns ces lois et regle–
mrnts,
a
ót \ cl'une barbarie incontes–
table, un grand
fo
mis de chari té, les
inteotions les plus paternelles et une
parfaite connaissance des príncipes fon–
damentaux de l'bygiene publique et
privée.
Voici en quoi consistait la · loi
agraire, qu e nous n'avons fait que
mentionner ci-dessus : toutes les ter–
res étaient divisées en trois portions;
!'une étai t consacrée au soleil, et tout
ce qu'elle produisait était employé
a
la construction des temples, ainsi
qo'aux frais du culte. La seconde
portion était abandonnée
a
l'lnca, et
suflisait aux dépenses du gouverne–
ment et de l'administration. La troi–
sieme, qui était Ja plus considérable,
servait aux besoins du peuple. Aucun
citoyen n'avait un droit exclusif de
prop1'lété su1· la po1·tion qui lui était
attribuée. Il ne la possédai t que pour
une année. A l'expiration de ce terme,
on foisait un nou veau partage, selon
le rang, le nombre, les besoins des
individus. Ces terres étaient cultivées
par tous les membres de la commu–
nauté, chacun
a
son tour. Le peuple,
convoqué par un fonctionnaire chargé
de cette braoche d'administration pu–
blique, se rendait daos les champs et
re111plissait la tfiche imposée. Des
~hants
cadencés et le son des instru–
i;nents de musique excitaient l'ardeur
et soutenaient le courage des travai l–
leurs. Comme le fait tres-bien obser–
ver Robertson, cette distribution des
terres et la maniere de les cu ltiver
gravaient daos !'esprit de chaque
membre de la communauté J'idée
d'un intéret nationa l et de la néces–
sité d'une assistance mutuelle; cha–
que individu sentait l'utilité du licn
qui l'unLsai t
a
ses concitoyens, et le
besoi n qu 'il avait de leur seconrs. La
société péruvienne était en quelque
sorte une grande famille dans laquelle
l'échange continuel de bons offices
maintenait l'harmonie et l'affection •
réciproque. On ne saorait ni er que
cet état de choscs ne dOt produire
de mreurs douces et des vertu so–
nialP. étrangeres aux autres peuples
d'Amérique. Toute.fois, cettc organi–
sation avait un immense inconvé–
nient : c'était d'habituer l'homme
a