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PtROU ET BOLIVIE.

889

pourvoir

de vetements ' fussent en–

tretenus de provisions tirées des ma–

gasins publi cs. On avait aussi recours

a

ces magasins pour assister les hótes

qui arrivaief\t dans une ville, qu'ils

fussent étrangers ou simplement voya–

geurs. Les nouveaux venus étaient ac–

cueillis dans des établissements pu–

blics, ou on Jeur fournissait abondam–

ment tout .ce qui Jeur était nécessaire.

Les pauvres devaient litre appelés aux

repas pobli cs dont nous avons parlé,

afin qu'ils oubliassent quelques ins–

tants leur misere. Une loi sur le mé–

nage ou plutdt sur Ja famille, recom–

mandait particulier ment deux points

principaux: d'abord d'évi ter l'oisi veté ;

a

cet effet, on employait jusqu'aux en–

fants de cinq ans aux travaux qu'on

jugcait 8tre

1\

ll'ur portée; les aveug les

m8me, uinsi que les boiteux et les

muets , n'étaient pa dispensés du tra–

vail'

a

moins qu'ils n'eussent quelque

autre inlirmité qui les rend1t tout

a

fait invalides. Ainsi tous les individus

qui avaient assez de force et de santé

pour mettre la main

a

l'ccuvre' tra–

vaillaient de leur mieux, pour éviter

d'etre mis au nombre des fainéants

qu'on ch5.tiait en place publique. Le

second point de la loi sor Le ménage

enjoignait aux Indiens' de laissetleurs

portes ouvertes 11ux heures de lcurs

repas , afin que les officiers de justice

eussent l'eotrée libre chez eux. On ap–

P.elait ces magistrats

tlactacamayu;

1ls avaieot pour mission· de visiter les

temples et les maisons particulieres

ou publiques pour vérifier si tout

s'y

passait co nvenablement. lis exami–

naient si le pere de famille apportait

tout le soin nécessaire

a

son ménage

et

il

l'éducation de ses enfants. Quand

ils enlraient dans une maison bien te–

nue, garnie de meubles et d' ustensiles

brillants de propreté, ils louaient et

félicitaient

a

haute voix les maitres

du logis; mais ils cht\liaient

a

COllJ>S

de fouet ceux qu'ils surprennient en

!lngrant délit de négligence ou de mal–

propretr.

On rrronnait da ns ces lois et regle–

mrnts,

a

ót \ cl'une barbarie incontes–

table, un grand

fo

mis de chari té, les

inteotions les plus paternelles et une

parfaite connaissance des príncipes fon–

damentaux de l'bygiene publique et

privée.

Voici en quoi consistait la · loi

agraire, qu e nous n'avons fait que

mentionner ci-dessus : toutes les ter–

res étaient divisées en trois portions;

!'une étai t consacrée au soleil, et tout

ce qu'elle produisait était employé

a

la construction des temples, ainsi

qo'aux frais du culte. La seconde

portion était abandonnée

a

l'lnca, et

suflisait aux dépenses du gouverne–

ment et de l'administration. La troi–

sieme, qui était Ja plus considérable,

servait aux besoins du peuple. Aucun

citoyen n'avait un droit exclusif de

prop1'lété su1· la po1·tion qui lui était

attribuée. Il ne la possédai t que pour

une année. A l'expiration de ce terme,

on foisait un nou veau partage, selon

le rang, le nombre, les besoins des

individus. Ces terres étaient cultivées

par tous les membres de la commu–

nauté, chacun

a

son tour. Le peuple,

convoqué par un fonctionnaire chargé

de cette braoche d'administration pu–

blique, se rendait daos les champs et

re111plissait la tfiche imposée. Des

~hants

cadencés et le son des instru–

i;nents de musique excitaient l'ardeur

et soutenaient le courage des travai l–

leurs. Comme le fait tres-bien obser–

ver Robertson, cette distribution des

terres et la maniere de les cu ltiver

gravaient daos !'esprit de chaque

membre de la communauté J'idée

d'un intéret nationa l et de la néces–

sité d'une assistance mutuelle; cha–

que individu sentait l'utilité du licn

qui l'unLsai t

a

ses concitoyens, et le

besoi n qu 'il avait de leur seconrs. La

société péruvienne était en quelque

sorte une grande famille dans laquelle

l'échange continuel de bons offices

maintenait l'harmonie et l'affection •

réciproque. On ne saorait ni er que

cet état de choscs ne dOt produire

de mreurs douces et des vertu so–

nialP. étrangeres aux autres peuples

d'Amérique. Toute.fois, cettc organi–

sation avait un immense inconvé–

nient : c'était d'habituer l'homme

a