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PÉROU ET BOLIVIE.
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adopter leur cbant national pour cé–
lébrer leur propre Dieu.
INSTITUTIO S DU PÉROU.
Examinons maintenant les institu–
tiohs des Péruviens, et con tatons les
résultats qu'elles produisirent.
Nous avons déja dit quellc était la
forme du gouvernement, sur quelle
ha e il s'appuyait, quel en était le ca–
ractere et la tendance. Le
lois et les
in titution
decrétécs par
les Incas
partici paient de la nature
a
la fois pa–
tcrnelle et despotique de ce pouvolr.
L'empire avait té divisé en quatre
parties appelérs
Tahuantinsuyu,
c'est–
a-dire les qu atre parties du monde.
On avait suivi dans cette dívi sion la
po itioo de quatre points cardinaux.
La vi lle de Cuzco éta it comrne le centre
tlu monde péruvieo.
ll
fautremarquer,
du reste, que da ns la langue particu–
liére aux Inca ,
Cuzco
signifiait
nom–
bril
de
la !erre.
«
Or, dit Garcilasso,
le Pérou est long et étroit comme le
corps humain, et Cuzco en fait presgue
le milieu. " La partie qui reg?rde le
levant était appelée
A itisuyu,
a cause
du pays des Antis qui était situé du
meme cote' et c'est par le meme mo–
tif qu'ils nommuient Anti (d'ou l'on
a fait
Andes)
l'immen e cha1ne de
montagnes qui s' 'leve dans la partie
orientale du Pérou. La zon o cid n–
tale portait la dénomioation de
Oun–
tinsuyu;
la régi on du nord, celle de
e
hinchasuyu;
et la partie sud ' celle
de
Collasuyu.
La population de tout
ce vaste empire étai t enregistrée par
décuries, c'est-a-dire dix par dix, avec
un chef ou décurion pour les comman–
der. Cin9 décuries reconnoissaient un
chefgéneral , qui ovait ain i cinquante
hornmes sous ses ordres. Deux comra–
gnie de cinquante hommes étnient réu–
nies sous le comrnandement d'un seul
capituine. Cinq détochements de cent
hommes obéissaient
a
un outre chef;
en fin, deu
bri~ade
de cinq cents hom–
me étaicnt placée · ou l'autol'ité d'un
général; et ain i d suite de rnille en
mill e. Cette or¡;ani 'ation avait l'a1·an–
tage d'ótablir une certoine olidari té
entre les citoyens, tl e les rapprocher,
'
,.
de les maintenir dans une salntaire
union , et aussi d'assurer au pays une
rnasse compacte de défenseurs.
Du reste, ce systeme d'association
avait principalement pour but de ga–
rantir bonne et prompte justice aux
citoyens et de maintenir l'ordre public
dans le royaume. Ea effe.t, d'une part,
les décurions étaient chargés tle faire
coonaltre aux gouverneurs ou au sou–
verain les besoins et les doléances de
leurs subordonné . D'autre part , ils
exer~aient
uné espéce de ministere pu–
blic, ca r ils devaient dénoncer les
moindres fautes des membres de leur
brigade, et merne se porter personnel–
lement accusateurs. La justice était
somrnaire etdébarrassée de toute forme
qui aurai t pu entrainer des frais trop
coo~dérables.
Tout chef de compagnie
qui éta it convainru d'avoir négligé les
intéréts de ses subalternes, de n'avoir
pas appuyé ses justes réclamatíons au–
pres de l'autorité, ou de s'etre preté
a
de coupables intrigues au détriment
d'un conoitoyen
1
était séverement
puni. D' un atitre coté, si le chef de
brigade tardait
a
poursuivre ou a dé–
noncer un crime commis par un mem–
bre de sa décnrie, il était cblltié dou–
blement, d'abord pour n'avoir pas fait
son devoir, ensuite pqur avoir partagé
par sa négligence la responsabilité du
délit. On comprend
a
quels abus de–
vait conduire un pareil system':l de po–
lice. 11 habituait les citoyens
a
se dé–
noncer les uns les autres; et comme
les rnoindres fautes étaient presque
toujours punies de mort, ou tout au
moins du fouet et du bannissement,
les cheC , pour complaire a l'autorité
supérieure et éviter un chiltiment ter–
rible, outre-passaient nécessairement
leurs devoirs et fai aient plutot trop
que pas assez. La loi péruvienne pous–
s:i it l'ab urdité ju qu'i:I vouloir que le
pere de fomille
fOt
séverement puní
pour les écarts tle jeunesse que se per–
rnettait son
til .
11
devait en résulter
une tyrannie odieuse des peres envers
leurs enfouts, tyrannie qui produisait
assurérnent un effet tout contraire
a
celui qu'en avait attendu le législa–
teur.
~ó.