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386

L'UNIVERS.

et toujours dansant, jusqu'au milieu

de la place ou était !'Inca. lis cban–

tai ent tour

a

tour' et leurs chants ca–

dencés avaient pour sujet invariable

l'éloge du monarque , de

SE'S

prédéces–

seurs, et des autres princes du sang

royal qui avaient acquis une glorieuse

célébrité. Les Incas qui se trouvaient

présents chantaient aussi , et meme

J'empereur, pour rendre les tetes plus

solennelles, daignait quelquefois dan–

ser avec ses parents et ses sujets; in–

signe honneur que les spectateurs pri–

saient au plus haut degré. Ce fut, dit–

on, cette espece de danse impériale

qui suggéra a Hnayna Capac l'idée de

faire fabriquer cette fameuse chaine

d'or que nous avons déja en occasion

de mPntionner. Cet Inca jugea qu'il

serait plus convenable et plus digne de

l'éclat du trone de tenir une chalne

d'or en dansant·que de se prendre la

main. On prétend que cette chalue

s'étendait d'un bout a l'autre de la

grande place de Cuzco, ou se célé–

braient les tetes principales.

La musique a,_vait son tour dans les

réjou issances publiques ou privétis;

mais cet art participait, chez les Pé–

i-uviens, de la monotonie de !¡¡ danse.

L'instrument Je J>lus u ité etait com–

posé de quatre ou cinq tuyaux de ro–

seaux juxtaposés, comme dans ce qu'on

appelle la Oüte de Pan. Chaque tuyau

produisait un son différent, et d'apres

ce que disent les historiens, il est vrai–

.semblable que les exécutants ne s'at–

tachaient a rendre aucune de ces com–

binaisons qui charment une ·oreille

civilisée et qui sont devenues la base

de l'art musical. Ajoutons que les Pé–

ruviens ne connaissaient pas les demi–

tons. ·Les hauts fon ctionnaires de la

cour et les plus émioents personnage¡;

de l'État apprena:ient a jouer de quel–

gue iostrument, pour faire partie de

fa

musique de l'Inca. ·La ,fli1te péru–

vienne rendait quatre óu éinq

son~

différents, mais on ne s'appliqual.t pas

a combioer ces sons de maniere

a

for–

mer un cbant avec ses di verses parties

d'accompagnement. Ils chantaient des

poésies rimées dont le sujet était tou–

j

ours les douleurs ou les plaisirs de

l'amour. Cbaque chanson avait son air

spécial;

il

n'y en avait pas deux qui

fussent ajustées a la mérne musique.

Un ah1ant qui donnait une sérenade

a

sa maitresse exprimait les mouve–

ments de son creur

a

l'aide de sa fltlte;

par la diversité du ton ou du mouve–

ment , par la gravité ou la vivacité du

rhythme, il indiquait la joie ou la Lris–

tessc de son ame. Voici un exemple de

chanson péruvienne rapporté par Gar–

cilasso de la Véga :

" N'entendez - vous pas cette fltlte

dont mon amant joue sur la colline?

11 m'appel!e avec tant de passion, que

je ne pu is rés ister

a

ces tendres accents;

Jaissez-moi done, je vous en conjure,

car l'impétuosité de mon amour m'en–

tra!oc vers lui;

il

faut que je sois sa

femme et qu'il soit mon époux.

»

Les Péruviens n'accompagnaient

pas des sons de la fltlte leurs faits d'ar–

mes et leurs actions rclatantes; ils ré–

servaient d'aus i nobles sujets pour

lenrs fetes solennelles.

Celles de leur chansons qui étaient

destinées

a

glorifier les hienfaits du

soleil et les vertus e.les Incas , étairnt

toutes compo ées sur le mot

hailly,

qui signifie

triomplte

dans la

lan~ue

générale du Pé ·ou. Aux chant d'ailé–

grrsse par lesq\lels ils célébraient la

fete de l'ap;riculture, ils melaient les

mots les plus familiers et les plus

agréabfes aux gens de guerre et aux.

:;imants fideles , et ils en faisaient une

application ingénieuse aux travaux de

la terre. Le mot

hailly

revenait

a

la

fin de chaque couplet, et ils le répé–

taient longtemps en cadence , afio de

s'encourager au travail. Les femmes

chantaient aussi et faisaient chorus _

avec les hommes pour répéter le mot

sacramente!.

. L'air et le rhythme de ces chansons

péruviennes parurent, dit-on, si agréa–

bles au maltre de cha pelle de la catbé–

drale de

Cuico,

qu'en

1551,

il s'en

servit pour colllposer un

rnotet

sur

l'orgue en l'houneur du saint sacre–

ment. Des cbanteurs espagnols, in–

dfons et métis, répondaierit en chreur

aux paroles latines, et les Péruviens

étaient charmés de voir les étrangers