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L'UN
1
VER.S.
1Jne idée du spectacle qui se déploie
sous le regard, en foce de ces étranges
ruines; rí en ne peut rendre la sau–
vage beauté de ce monde de pi enes
confüs ément
ent¡iss~es,
de ce vaste
b5ti ment délabré, encambré de débris
couverts de mousse, pcuplé de figures
bizarres, orné de sculptures extraor–
dinaire's
1
tapissé
d'hiéro~lyphes
dont
le sens est perdu, entoure et couronné
d'a1·bres gigantesques qui luí font
comme une che1•el 11re verdoyaute in–
cessamment agitée par la brise.
Si l'on dégage par la pensée cet édi–
fice ele l'inextricub le végétation qui le
dérobe
iJ
fa l'Ue de l'explornteur, et si
on le restaure sur le papier, d'apres
l'examen de ses vestiges et confor–
mément aux regles de l'art, on aura
un batiment long et bas, posé sur une
pyramide tres-élevée, plus étroit an
sommet qu'a la base , et cou ronné
d'une espece de galeri e. Le monument
a 76 pieds de long sur 25 de profo n–
deu r. Sa faca de offre cinq portes et
six piliers, fe tout encore dans sa po–
sitioa primitive. Toute aette
fa~ade
est revetu'e de stuc, et riohernent or–
née; les piliers eles deux cxtrérni tés
contiennent cbacun un tablea u d'hié–
roglyphes divisé en 76 petits car–
r.és.Les qua tre autres pi lastres off.–
frent
des
figures h11maines. Le pre–
mier cadre re1irésente une femme de–
bout, tenant un enfant da ns ses bras,
et vétue d'une jupe élégamment bro–
dée en losanges. La tete et la rnain
gauche manquent. Dans le second on
voit"-un personnage coiffé de plumes,
et soutenant sur sa main droite un
o?jet indéfinissable ,_ mais qui semble
i1
etre qu'un ornemant de sculpture;
a
1a ceinture sont suspendues des especes
de rubans qui íl ottent de chaque colé.
Dans le troi<'ieme et le quatrieme ta–
bleau, ce sont enca re des femmes
avec
des
enfants clans les bras.
L'intérieur de l'édiíice est divisé en
deux corridors paralleles, pavés avec
¡Je grandes pierres carrées, et se ter–
minant daos le haut par un plafond
pre qui' en pointe. Le cou loir de <le–
van t a sept pi eds de large; le mur de
séparation est extremement massif
et percé de irois portes, dont
Ufle
grande au milieu, et deux plus étroites
sur les cotés. A droite et a ga11che de
l'ouverture principale, les construc–
teurs ont placé de vastes tableaux u'hi é–
roglyphes ayant treize pieds de long
sur huit de hauteur, et divisés en dcux
cent quarante petits carrés contenant
des caracteres ou des symboles. Cba–
cun de ces tableaux est scellé dans la
muraille et ressort de trois ou quatre
pouces. Les sculptúres sont en bas–
re.lief. Les tableaux se composent de
deux grandes pierres pintes et de plu–
sieurs petites au centre. lis étaient en
assez mauvais état quand
M:.
Stephrns
les examina, et le lieu ou ils se trou,·eni
est tellement obscur, qu'on fut obligé
de se servir de torches enílamrnées
l.lOUI'
les éclairer de
fa~on
a pouvofr
les dessin er.
Le coulo ir de derriere, sombre et
humide, est divisé e.n trois pi eces dont
d1rnx, celles des extrémités, ont cha–
cune ueux étroites ouvertures de trois
pouces de largeur so r un pied de hau–
teur. On 11'y rnlt aucuns resti ges de
sculpture, de peinturc, ni d'ornements
en stuc. Dans la piece du
milie~1,
sur
Je muT uu fond, vis-a-vis la porte prin–
cipale, e
t
un autre tableau u'hifrogly–
phes ayant quatre pieds six pouoes de
large, sm· une hauteur de trois pieds
six pouces. Celui-ci est dans un par–
fait état de conserv;ition., bien que la
pierre soit brisée au centre dans
l!!
sens de la Iongueur.
M. Catherwood, compagnon de
voyage de M. Stephens, est le prcmier
qui ait des ·iné et fait connaltre au pu–
blic ces curieuses tables hi éroglyphi- -
ques. Soit incapacité chez les
<~rtiste~
qui les accompagnaient, soit indiffé–
rence pour ces d cuments archéolo.–
giques, Del Río et Dupaix se sont
contentés d'en parler en tres-peu ele
mots. M. Stephens a done rendu un
vrai service a la science en faisant
copier ces pierres si intéressantes.
Il est une remarque qu'.il ne fauf
pas omettre: c'est que ces hiérpgly–
phes son t absolument sei11blnbles a
ceux découverts
a
Copan et
a
Qu1ri–
gua, autre ville ruin ée de l'Amérique