GUATE~IALA.
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qu'on appelle provisoirement
Palen–
qué,
par suite du voisinage d'une pe–
tite bourgade de ce nom.
' Le monument le plus grandiose et
le plus frappant,
a
Palenqué, est celui
que les ex plorateurs nomment le
Pa–
lais.
(l)n l'aperQOÍ t de loin
a
travers
les arl.Jres de la forct, et son aspect
pénetre l'étranger d'un sentiment de
su rpri sr., melé d'adrniration et de cu–
riosité. Il est assis sur une élévation
de forme obl ongue, avan t quarante
pieds angla is(*) de la ba-se au sommet,
trois cent dix pi eds par deva nt et par
derriere, et deux cent soixante de cha–
que cdté. Cette espece de pyramide
etait. autrefois rev(\tue de pierres;
lll íl is la végétation a detruit cette en–
''eloppe soiidc et en a dispersé les ma–
téri aux, qui gisent Qª et la daos une
confusion inexprimable.
La foQade regarde le levant. L'édi –
fice a dcux cent vingt-huit pieds
d e~
long sur cent quatre-vingts de profon–
deur. Sa hauteur n'exce<le pas vingt–
cinq pieds. Tout autour regne une
Jarge corniche en pierre. On compte
sur la faQade quator:lle ouve!tu re de
portes, larges chacune d'env1ron neuf
pieds. Les piliers interiuédiaires-ont de
six
a
sept pieds de largew.
A
gauclie,
huit de ces piliers n'ex i tent plus;
iL
en est de meme de la corniche a
droite; leu rs débri jonchent la ter–
rasse dans une assez grande étendu e.
Mais six pilastres s·ont e11core en tiers,
et ont pu Ctre dessinés par les voya–
geurs.
Le monument est en pierre, et
il
a
été batí avec de la chaux et du sable.
La facade est entierement revetue de
stuc, et ell e était autrefois peinte
1
Je
couleurs écla tantes. Les piliers sont
ornés de bas-reliefs représentant des
personnages diver ement groupés.
L'un d'eux nou s montre une divinité
ou un souverain debout et de profil,
avec un anglr facia l d'environ qua ·
rante-cinq degrés. Le fro11 t semble
avoir été artiliciellement déprimé et
allongé en arri ere, sans doute par le
(•) Toules les mesures dé;ignées dans ce
travail
sur
Palenqué
et
Uxmal
sont
des
mesures anglaises.
meme procédé qu'emploient les
I~di ens Chactaws et quelques autres
tribus amériraines. La foce offre un
type qu'on ne retrouve plus dans ces
contrées; et, en admettant que ces
fi gures sont <les portraits ou des créa–
tion s conformes
a
la beauté physique
tell e qu e la connaissaient et la compre–
naient les artis tes de Palenqu é, on est
conduit
a
cette conclusion, que la race
qui peuplait
au trefoi~
ce pays est com–
plétement éteinte. La coiffure se com–
pose de deux bouquets de pi umes placés,
l'un au sommet de la tete, l'autre plus
bas et en arr iere. Les épaules sont cou–
vertes d'une espece de péleri nc divisée
en
pr.tits carrés etornée d'unegarniture
de grains sphériqu es. La tunique
e.stfo rmée par une peau de léopard dont
la queu e pend en aniere le long des
jambes. Ces vctements indiquent sans
dou te le costume de ce peuple incon–
nu. Le personnage ti ent dans sa main
un bfiton orné, ou plutdt un sceptre,
Je long duquel on distingue la place de–
trois hi éroglyphes tombés ou arra–
chés.
D e~
1
ant
et derriere sont deux
indi vidus assis
a
la maniere des Turcs,
et dans une attitude sup1liante. Le
tout est encadré d'une bordure dont
Ja richesse se devine aisément, malgré
de nombreuses solutions de conti–
nuité. Dans la pa rtie supérieure du
tableau, et en dehors de la bordure,
on apercoit trois hiéroglyphes qui,
sans doute' étaient destiués a ex pli–
quel' le sujet du bas-relief. Le stuc est
d'une consistance extraordinaire, et
paralt etre aussi dur que la pierre.
11
était entiel'ement peinf", ainsi que l'a t–
testent des traces vis ibles de couleur
rouge, bl eue, jaune, noire et blanche.
Tous les autres pi lastres sont orués
de figures du merne caractcre, mais
ils ont été plus maltraités par le temps.
11 est probable que cette série de ta–
bli·aux
re tra~a it
l'hi stoire allégorique
de qu elque
fo
mi lle ou de quelque grand
événemenl. On peut se faire une id ée
de l'aspect admi rabl e que devait pré–
senter el e loin cette faQade quand les
ornern'en ts et les peintures q11 i l'em–
bellissaient étaient encore dans tout
leur éclat.