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L'UNIVERS.
les
villages environnan ts des médica–
ments qui' administrés mal
a
propos,
amenerent dans la plupart
de~
cas, des
résultats fun estes. Les prétres,
a
l'af–
füt
de tout ce qui pouvait nuire au
partí libéral, ex ploiteren t avec une
crim inelle perfidie ces accidents mal–
heureux, et firent croire aux indige11 es
qne le goavern ement lui-meme chr.r–
chait
á
rlétruire leur race par le poi–
son. Les hab itants des campagnes ma–
nifesterent pnr tout le pays la ¡,¡lus
vive irritation.
A
Matasquintla, le
peuple, obéissant
a
la voix de Carrera,.
courut aux arme , en proférant ce cri
lugul>re:
«
Vive la religion, et mort
aux étrangers
! ,,
On débuta par l'as–
sa~sinat
des juges nornmés sous l'em–
pire du code Livingvton. Le président
Galvez envoya auss ibot dans lt! village
une commissio11 chargée tl 'e11tendre
les doléances des habitants; mais,
pentlant que
les députés s'entrete–
naient avec les ins11rgés, eux et le déta–
chement de cavalerie qui devait les
protégPr furent tout
u
coup rernés et
égorgés. Bi ntót le nonil:¡re des
mé–
contents s'accrut dans 1lne proportion
inquiétante; alors Galvez lit nwr.cher
contre eux six cenrs h mmes <le trou–
pes qui les di. per. ert>11t, 111cendierentr
leu rs villJges
et
saeeagcrentJeurs pro–
priétés. Da11s la melée, 1111e lrnude de
forcenes lit subir le dernicr
ou~rage
á
la femme de Carrera. Enfla1mné de
fureur
il
la nouvclle de cet affront,
Carrera se joignit
a
d'autres chefs
d'insurgils, et jura de ne pas déposer
les armes ta11t qu'un seu l offi cier de
Morazan foulerait le so l de la province.
A la tete dt> quelques l>andits sangu i–
!lílires ,
il batt1t le pays, tuant les
Jllges et les agents mi litaires du go u–
vernemP.nt,se réf11giant dans le.s mon–
tagnes quand il était poursuivi, deman–
dant des vivres pour ses gens dans
les frrmes qui se trouvaient su r son
1rnssa~e,
et n'epargnant que ceux qui'
luí prétaient ass1sta nce.
A cet,te ép0qu e, Carrera ne savai t
ni Jire ni écrire; mais, sur l'invitation
de quelques pretres, l'Utre autres d' un
rertain pere Lobo, scelérat tleffé, il
pul>lia une proclamation signée de son
nom, dans laquel111, renouvelant l'ah–
surde et odieuse accusation d'empai–
sonnement,
il
demandait la mort de
tous les étran$ers,
a
l'exception des
Espagnols, l'anolition du coite Li–
vingston, le rappel de l'archevéque et
des llloines, l'expu lsi-0n t.les hér1%iques,
enfin le rétablissement des priviléges
du clergé et des anciens usages. Bien–
tot Cairera eut dans tout le pays la
réputation d'un héros de grands che–
mins et d'un me.urtrier. Les routés,
da ns ies
environs de Guatemala,
éta ient infestées de brigands sous ses
ordres;
toutes
les c0rnmunications
étaient interrornpues ; les négociant&
étaie1t consternes par suite de la nou–
velle qu'ils nvaient
re~ue
du pillage
des rnarcbandises envoyées
a
la foire
d'Esquipou la. Enfin on apprit av-ec
terreur que Carrera était devenu assez
fort pou r oser attaquer des villagcs
&t:
meme des villcs.
11 faut se rappcler que tout ceci se
passait dnns l'Etat de Guatemala, et
que le partí libéral avai t encore la pré-·
domi'oance. Une scission fatale dans
les rangs de ce partí favorisa puis-–
sammen t les projets des centralistes.
Bu1•undia, un de ses chefs les pl us in.,
Ouent-, contrarié de n'a,•oir pu faiPe
1
nommer un de ses parents
a
un em–
ploi d'une assez haute irnportance,
donna sa démission avec bruit, et pa–
rut dans la chambre des représentants
a
la téte de l'oppo ition. Cet événe–
ment, coincidant avcc l'élévation de
Carrera, don na des espérañces ame
méeontents. Les citoycns-de 1'Antigua
( l'ancienne Guatemala) demanderent,
par voie de pétition, \me amnistie
pour tou s délits ou crimBs politiques,
le retou r des exilés et le rerlressement
d'autres griefs. Une députation, prise
dans le sein de la chambre des repr.é'–
tants, tenta vainement de ramener les
hal>itants de 1'Antigua
á
d'autres sen–
timents; les pétiti0nnaires ne voulo–
rent rien en tendre, et menacerent
d~
marcher contre Guatemala . .
Une vive alarme regni,t dans
Ja.
capitale pendant la journée du
20
fé–
vrier 1838 et jusqu'au mercredi sui–
vant. l\lais, au moment ou l'on s'at-