GUATEMAI.A..
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pour déterminer le gouvernement
a
exécuter ce que la méírop0te avait dé–
daigné de faire. Entre autres travaux
de communication, il faut cite't
en
premiere ligne le gigantesque projet
de la jonction des deux océans , proj e't
dont nous avons parlé en détall dans
Je tableau géographique du Guate–
mala.
L'armée de la république e t restée
longtemps dans un état de dénümellt
et de faiblesse qui n'eat pas été sans
d'anger pour le pays, clans le cas d'une
agression de la pc1rt d' un de ses voi–
sins; mais de tristes nécessités ont
fa–
vorisé, pendant ces dernieres années,
l'accroissement et l'amélioration des
ressources militaires de la confédéra–
tiorr. La gue.rre civile a fait naítre une
armée, et meme plusieurs armées rn•
trépides. C'est ici le lieu de rappeler
la judicieose observation de Montes–
quieu, qui dit que les luttes intestines
enfante11t parfois, pour les puys qm en
sont le théiitre, drs bii>nfaits que la
paix ne leur eat pns pro urés.
Nous venons de parler de g1.1erre ci–
vile; l' Amérique centrale, en effet,
n'en a pas été plus exi>mpte que les
Etats-Unis mexicai ns. Nous entrerons,
a
ce sujet, dans quelques Mtails, afin
de donner une idée de l'anarchie et de
la confusion que les passions révolu–
tionnaires et des ambitions effrénres
ont produites dans I' Amérique cen–
trale.
HISTOBIQUB DE LA. GUERRE CIVILE.
A peine le Guatemala était-il indépen–
dant, que !'esprit de partí s'él'eilla et
sema des ferments de discorde dans
Je pays. L t>s citoyi>ns se divi serent en
arl.~tocrates
et
démocrate.~.
Les pre–
miers
furent aus i
indifféremment
nommés
centralisles
et
se1·viles,
les
seconds reyurent la dénomination de
fédéralistes
ou
tibé.raux.
Pour ne pas
accumuler les désignations, nous ap–
pellerons les aristor.rates
centralistes
et les démocrates
libéraux.
Les centrali. tes, comme le parti fé–
déraliste des États - U nis, voulaient
t:onsolider et centraliser les pouvoirs
du gouvernement générnl; les libfraux
demandaient lá SOl:l\' eraineté des Etats.
11
est évident qtt'en príncipe, et au
point de vue- de la saine pol'itique, la
raison étai·t du coté des cent-ralistes;
mais rnalheureuse'ment- leurs doctrines
unitairl'S Se n'l€1aient
a
des idées re–
trogrades qui devaifmt nécessairement
les rendre odíeux aux esprits progres–
sifs. Cette faction était en grande
partie composiie de famtlles puissan–
tes qui, gratiliées sous la dominatiofi\
espagnole de priviléges et de monopo'–
les exorbitants, avaient pris peu
a
peu
le ton et les allures de la noblcsse.
Ces eufants g.fités de l'ancien gouver–
ne111ent trouvaii>nt un appui empress€
da ns le fa!Ultisme des pretres et dans lés
sentiments retigteux des 111asses popli'-'
!aires. Le patti libérirl s'était recruté
d'honinieS' intl>lligents et énergiques,
qui s'empre serent de secouer le joug
d'e l'l!glise rnmaine,
et
pro Jamérent
la nécess·ité <l''a·rracher l'e peuple au·
íléau de la super tition. Les
centralis~
tes prétendaient conserver )es usages
du systeme colonial, et s'opposaient
a
toute innovation c·omme
a
toute at–
taque directe ou indirecte contre les
pri viléges de l'É g;lise. Les libéraux,
pleins d'ardi>ur et formant mille pro–
jets de rénol'at ion , auraient voulu
changer brusquement les habitudes et
les sentimrnts des masses; suivant
eux,
ii
fallait que chaque jour amenat
Ja destruction
d\m
abus et In condam–
nation d'une théorie mensongere. Les
centralistes ne savaient: pas que Ja· ci–
' 'ilisation est ane dtvinité jalouse qui
n'admet point de partage et ne peut
rester stationm1ire; les libéraux ou–
bliaii>nt. de leur coté, qu'elle doit
toujours etre en harmonie avec l'in–
telligence des nations, leúrs coutumes,
Jeurs traditiorrs et leurs lois. Les dé–
mocrateS' cítaient avec envie l,.exemplé.
des trats-Unis et d-e leurs institutions
libres ; les centra'listes disaient qu'il
était insensé de v01itoir appliquer les
formes po.Jltiques de l'Union améri–
caine
a
un pays dont Ja population
ignorante et hétéi·ogene était dissémi–
née sur un territoire immense, sans
facilités de communication.