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GUATEMAI.A..

295

pour déterminer le gouvernement

a

exécuter ce que la méírop0te avait dé–

daigné de faire. Entre autres travaux

de communication, il faut cite't

en

premiere ligne le gigantesque projet

de la jonction des deux océans , proj e't

dont nous avons parlé en détall dans

Je tableau géographique du Guate–

mala.

L'armée de la république e t restée

longtemps dans un état de dénümellt

et de faiblesse qui n'eat pas été sans

d'anger pour le pays, clans le cas d'une

agression de la pc1rt d' un de ses voi–

sins; mais de tristes nécessités ont

fa–

vorisé, pendant ces dernieres années,

l'accroissement et l'amélioration des

ressources militaires de la confédéra–

tiorr. La gue.rre civile a fait naítre une

armée, et meme plusieurs armées rn•

trépides. C'est ici le lieu de rappeler

la judicieose observation de Montes–

quieu, qui dit que les luttes intestines

enfante11t parfois, pour les puys qm en

sont le théiitre, drs bii>nfaits que la

paix ne leur eat pns pro urés.

Nous venons de parler de g1.1erre ci–

vile; l' Amérique centrale, en effet,

n'en a pas été plus exi>mpte que les

Etats-Unis mexicai ns. Nous entrerons,

a

ce sujet, dans quelques Mtails, afin

de donner une idée de l'anarchie et de

la confusion que les passions révolu–

tionnaires et des ambitions effrénres

ont produites dans I' Amérique cen–

trale.

HISTOBIQUB DE LA. GUERRE CIVILE.

A peine le Guatemala était-il indépen–

dant, que !'esprit de partí s'él'eilla et

sema des ferments de discorde dans

Je pays. L t>s citoyi>ns se divi serent en

arl.~tocrates

et

démocrate.~.

Les pre–

miers

furent aus i

indifféremment

nommés

centralisles

et

se1·viles,

les

seconds reyurent la dénomination de

fédéralistes

ou

tibé.raux.

Pour ne pas

accumuler les désignations, nous ap–

pellerons les aristor.rates

centralistes

et les démocrates

libéraux.

Les centrali. tes, comme le parti fé–

déraliste des États - U nis, voulaient

t:onsolider et centraliser les pouvoirs

du gouvernement générnl; les libfraux

demandaient lá SOl:l\' eraineté des Etats.

11

est évident qtt'en príncipe, et au

point de vue- de la saine pol'itique, la

raison étai·t du coté des cent-ralistes;

mais rnalheureuse'ment- leurs doctrines

unitairl'S Se n'l€1aient

a

des idées re–

trogrades qui devaifmt nécessairement

les rendre odíeux aux esprits progres–

sifs. Cette faction était en grande

partie composiie de famtlles puissan–

tes qui, gratiliées sous la dominatiofi\

espagnole de priviléges et de monopo'–

les exorbitants, avaient pris peu

a

peu

le ton et les allures de la noblcsse.

Ces eufants g.fités de l'ancien gouver–

ne111ent trouvaii>nt un appui empress€

da ns le fa!Ultisme des pretres et dans lés

sentiments retigteux des 111asses popli'-'

!aires. Le patti libérirl s'était recruté

d'honinieS' intl>lligents et énergiques,

qui s'empre serent de secouer le joug

d'e l'l!glise rnmaine,

et

pro Jamérent

la nécess·ité <l''a·rracher l'e peuple au·

íléau de la super tition. Les

centralis~

tes prétendaient conserver )es usages

du systeme colonial, et s'opposaient

a

toute innovation c·omme

a

toute at–

taque directe ou indirecte contre les

pri viléges de l'É g;lise. Les libéraux,

pleins d'ardi>ur et formant mille pro–

jets de rénol'at ion , auraient voulu

changer brusquement les habitudes et

les sentimrnts des masses; suivant

eux,

ii

fallait que chaque jour amenat

Ja destruction

d\m

abus et In condam–

nation d'une théorie mensongere. Les

centralistes ne savaient: pas que Ja· ci–

' 'ilisation est ane dtvinité jalouse qui

n'admet point de partage et ne peut

rester stationm1ire; les libéraux ou–

bliaii>nt. de leur coté, qu'elle doit

toujours etre en harmonie avec l'in–

telligence des nations, leúrs coutumes,

Jeurs traditiorrs et leurs lois. Les dé–

mocrateS' cítaient avec envie l,.exemplé.

des trats-Unis et d-e leurs institutions

libres ; les centra'listes disaient qu'il

était insensé de v01itoir appliquer les

formes po.Jltiques de l'Union améri–

caine

a

un pays dont Ja population

ignorante et hétéi·ogene était dissémi–

née sur un territoire immense, sans

facilités de communication.