GUATEMALA.
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acharnemcnt; les rues fnrent barri·
cadées, et, pendant trois mois entiers,
personne ne put s'aventurer dans les
qua~tiers
ennemis sans risqu er d'etre
i111médiatenwnt mi
a
mort. Les libé–
raux lin irent par l'emporter; le chef
centrali e ut tué , ses soltlats massa–
crés, et, tlans la frénésie qui suivit le
triomphe,. la parti e de la ville occupée
par
le ari tocra tcs fut bralée et rasée
jusqu'au ni vea u du sol.
i\Jcmes cenes de dé olation et d'hor–
reu r
u
Léon,
a
Taguzga lpa et dans
d 'autres localités. Les passions popu–
laires étaient déchainées , et le carac–
tere a moitié barbare des habitants
du Guatemala se développa daos toute
sa sauva¡:e énergie.
Les partis se firent, pendant deux
ans, -une guerre obstinée. En
1829,
les troupes de San-S:Jlvador, sous le
comnwndement du général l\lorazan,
devenu Je chef des Jibéraux, marche–
rcnt de nouveau contre Guatemala, et
apres trois jours de rornbat, entre–
rent triomphalement daos cette capi–
tale. Tous les rneneurs de la faction
centraliste furent exilés ou prirent la
fuite; les couvents furent ouverts et
saccngés; on abolit les ord i::es monas–
tiques; les moin es, emhatq ués sur les
vai ss<laux di ponible , fur(' nt conduits
hor clu territoire de
J¡¡
rPpublique , et
l'archeveque, prévenant la sentence
d'exil qui le
mena~~it,
ou craignant
peut-étre un so rt plus fun es te, alla
chercher un asile dans un pays voisin.
En
1831,
le général l\Jornzan fut
nommé président de la r<'publique. A
l'expirntion de ses fon ct1ons, il fut
réélu, et , pendant huit ans, le parti
librral consrrva un ascend ant incon–
te~ tó.
Toutefoi , vers la fin de cette
périocl fl, ue
~rnves
mécontentemen ts,
occasion n 's par l'énormit<' des impóts
et d· i111pru Je11tes exactions; érla terent
au sein de la répuhliqu e. Les centralis–
tes et 1e clergé
s'n~i
taient ouvertement.
Les vai 11cus, exilcs aux États·Unis, au
l\lexique et sur
In
fro11ti ere, n'avaien t
ce é u'entretf' nir de coupables rela–
tion s avec
l'inl ~rieu r,
et, par leurs
i11trig11es, pou saient les mécon tents
a
l'insurrection. Quelc¡ues-uus, n'ayan t
pu
trouver a1 dehors des moyens
d'existence, se hasarderent
a
rentrer
da ns le pavs, et, comme on ne les
avait pas i11qui<'tés, ils furent bientót
suivi3 par d'autres proscrits. Ce fut
a·cette époque que parut sur Je tbéa–
tre de la guerre civile Carrera, de venu
si fomeux daos
l'Amérique centrale
par son élévation rapide. Nous nous
arreterons quelques instants sur ce
chef de parti, dont la vie rnérite d'étre
racontée, et dont la destinée se líe
d'ai lleurs étroite:nent
a
celle du pays
qui nous occupe.
Carrera est mul!ltre, mais chez lui
le sang indi gene domine
a
te] point,
qu'un écri'vain américain n'hésite pas
a le di re Indi en. En
1829,
il
était tam–
bour dans
le régiment du colonel
Aycinena, fougueux centraliste. Quand
le pnrti libP.ral prit le dessus, et que le
général Morazan entra dans Guate–
mala, i
1
brisa son tambour, et se retira
dans le village de J\latasquintla. La,
il se fit gardeur de pourceaux , et
e;<erca ce triste miltier pendant plu–
sieurs années, sans doute aussi exempt
de reves tle fortune que l'étaient les ani–
rnaux immondes conliés
a
ses soins.
Les exces des partis poli tiques, les
exnotions du gouvernement, la co nfis–
cat.ion des bi ens du cl ergé, de dange–
reuses innovations parmi lesqu rll es on
cite l'ndoption du r.ocle Livings ton,
qui établissait le jugernent par jury,
et faisait du mnriage un simple con–
trat civil, exciterent, comme no11s
l'avo ns dit, un vif mécontenternen t
da ns le pays. Le changernent introduit
dans l'in, titution du mariage heurtait
particulier1-ment les idées et les inté–
rets du
cl er~é,
qui exerc¿ait une in–
lluence illimitée sur l'rs prit des
In–
di ens. En
1837,
le choléra, qui, da ns
sa marche désastreuse
a
travers le
mond e, avaitjusqu'olors épargné cette
partie du con tinen t améri cain, lit in–
vasion dan<>
la république de Guate–
mala, et devint la cause immédiate de
graves <léso rdres politique . Les pré–
tres persuader1mt aux I11di ens que les
étrangers avaient empoisonné l'eau ues
sou rces et des ri vieres. Gal vez, chef
de l'État , s'empressa d'envoyer
dan~
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