GUATEMALA.
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qu'un établissement provisoire; mais
les habitants ne trouvant pas dans le
v01s111age un emp lacement plus con–
venable, réso lurent de se fixer sur le
terrain primitivement choisi; seule–
ment ils appuyere11t un peu plus
a
l'est, t se rapprocherent du volean
de
Agua,
situat10n rnvissante, ou l'on
trouvait' un sol fertile, une tempéra–
ture douce, un air salubre, et une
terre arrosée pat· des eaux !impides. Ce
fut
lil
que, le 22 novembre
1527,
Al–
varadofonda définitivement la capitale,
qui bientot apres fut peuplée par les
dorninicains, les franciscains, les fré–
res de la l\'Ierci, les errnites mendiants,
ceux de la vraie croix , et toute leur
innombrable famille. Avec une tell e
population, la vi lle ne s'étendit que
fort lentement. Cependant elle com–
men~a it
a
acquérir une certaine im–
portauce, lorsque, le
11
septembre
1541 ,
elle fut détruite de fond en
comble par une catastrophe effroya–
ble. JI avait plu continuelleme11t pen–
dant trois jour . Durant la nuit du
10
au
11 ,
une trombe d'eaµ , accompa–
gnée de tonnene et de secou es de
tremblement de terre , tomba sur la
ville
á
deux heures du matin . Les ha–
bitants, réveill és par les bruits .
oat~r
rains et la vio lence da vent, craren t
que leur derniere heure était arrivée.
Bientut apres, un immens<', torrent ,
échappé du
so mmc~
de la montagne
voi ine , se préci pi ta al'ec fureur sur
la ville, entrninant des arbres giga n–
tesq ues et d'énormes rochers. La plu–
part des maisons furent renversées,
et un gl'and nombre de malheureux
trou·verent la mort sous leurs débris,
ou se noyerent dans les · flots qui les
couvraient.
La
Ciudad
Vieja
, nom <le la
deuxiemP. Guatemala, n'existant plus,
il
fo llut songer
a
batir une nouvelle
capitnle. Cette troisíeme Guatemala
(Guatemala antigua)
s'éleva
a
en vi ron
un e lieue nor<l-est de la premiere,
dans une vallée agréable, eutourée de
bois, de prairies, de collines toujours
vertes, etjoaissant d'une température
délicieuse. Ses premiers habitants
fu–
rent des religieux de tous les ordres,
qui bfitirent de belles églises et de
vastes coavents. Le monastére des Ja–
cohins passait pour le plus riche ; en–
tre autres choses précieuses, on y
voyait, au di re d'un missionnaire an–
glais, un e monstrueuse lampe d'ar–
gent qu e trois hommes vigoureux pou–
vaient
a
peine soulever, et une statue
de la Vierge en argent massif, de
gra ndeur nat(trelle, autour de laquelle
brt11aient constamment douze lampes
de mllme métal. La ville ,
plar.éetrop
pres des deux volcans dont nous avons
parlé, eut souvent
it
souffrir de ce
dangereux voisinage; les années
15fi5,
1577, 1586' 1607, 1651, 1663' 1689,
1717, 1751
et
1773,
marquent les
tremblements de terre et les éruptions
les plus mémornbl es qui menacerent ou
endommageren t cette capitale; la ca–
tastrophe de
t
773
la détruisit en par–
tie. Néanmoins, plusieurs milliers
<l'habitants s'obstinerent
il
y résider.
Lesautres résolurent, ai nsi que le gou–
vernem nt,
pe
s'éloigner assez des vol–
cans pot¡r n'avoir plus
a
craindre leurs
ravages. lis firent choix de la vallée
ou , en
1776 ,
s't\Jeva la
Nouvelte
Guatemala
(
Guatemala la nueva ).
A
ujourd'hui rneme, Guatemala l'anti–
que compte dix-huit mi lle habitants ,
qui, nrnlgré les
péril ~ ~ont
ils sont
ince samment menacés, ne paraissent
pa disposés
iJ
quitter ce li eu de des–
truction; aus i les appelle-t-on dans le
pays
les incorrigibles.
Parmi les éd i–
fices les plu s remarquables qu e l'é–
ruption de
1773
ait épa rgnés, on cite
la cathedrale qui renferme les restes
mor teIs d'Al varado, et qui passe pour
un des temples les plus grands de
toute I' Amérique.
La nouvelle Guatemala est la capi–
tale de la république; elle est biltie
dans une plaine de cinq lieues de dia–
metre, arrosée par plusieurs cours
d'eau et pat· des lacs d' une assez
grande étendu e. Le ciel y est pur, et
le climat si tempéré, que, pendant
toute l'année, on peut., dit-on, y por–
ter inclifféremment des vetements
d~
laine ou de soie. Les maisons sont
basses'
a
cause des tremblements de
terre' mais jolies
a
l'extérieur et en-