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L'UNIVERS.
place ou ces arbres sont Je plus abon–
dants. ll redescend, marche de nou–
veau dans la foret, dans des lieux ou
probablement le pied de l'homme n'a–
vai t pas laissé d'empreinte,et découvre,
avec un e sagacité surprenante, l'objet
de ses recherches. II va de suite en
instruire ses compagnons, qui se ren–
dent
3
l'endroit indiqué, pour
y'
nou–
per les arbres qu'ils jugent convena–
bles. Ordinairement on les saie
a
huit
Oll dix pieds au -dessus du SOi;
a
cet
effet, les·ouvriers se placent sur une
estrade qu'ils ont d'abord commencé
par élever. Une fois les arbres abatt11s,
ils sont sciés de nouvea11 d'apres leur
longueur, en deux, trois, quatre mor–
cea ux, pou r e.n fac iliter le tran sport.
Dans cette opération on cherche
a
égaliser les charges autant que possi–
ble , en donnant plus ou moins de
longueur aux blocs, suivant qu'ils
so11t plus ou moinsgros . Le. plus lourd
qui ait jamais été en1•ové
á
Balize avait
17
pieds de long, 57 ¡iouces de )arge,
et 64 pouce d'épais eur,
füi~ant
en–
semble une s,uyerlicie de 5,
168
pieds
d'un pouce d'epaisseur, et pesant
15
tonneaux
(30,000
livres).
Les blocs- sont,
en
out re, dégarnis
de leur écorce et des ¡iarties externes,
et' coupés plus ou moin ca1irément,
autant pour en diminuer le poirls que
pour aider
a
les charge1· plus facile–
lt~ent
sur les chariots desti nés au
transport.
Apri~s
la coupe, en décem–
bre, on s'occupe de former un che–
min propre au charriage; cela cons–
titue
a
peu pres les deux tiers du tra–
vail. En février, la saison des pluies
ces e, et vers avril le sol est assPz
forme pour supporter le poids des
chariots; c'est alors que le transport
commeuce.
La distance de l'endroit ou la coupe
a li eu jusqu'aux
Tmvaux
est rare–
ment .de plus d'une
a
deux lieues;
mais on conqoit aisrment qu'on n'a–
vance qu'avec lenteur. Chaque cha–
riot est attelé de
12
a
14
breufs. Le
charriage se fait Je plus souvent la
nuit et aux flambeaux; on évite, de
cette maniere, la chaleur dujour et l'on
épargne les hommes et les animaux.
Arrivé aux
Travaux,
le bois est
marqué des lettres initiales du ¡1ro–
priétaire et jeté dans l'eau, ou il reste
jusqu'au retour de la soison des pluies.
Elles commencent en mai; et en juin
les rivi eres ont assez d'eau pour per–
mettre
a
l'acajou de descendl'e avec le
courant ; les negres le suivent dans de
peti tes chaloupes , afin de débarrasser
les blocs des branQhes d'arbres qui
souvent encombrent le passage. Al'em·
bouchure des rivi eres est pl acé un ar–
bre qui empeche d'aller outre, et la,
les negres séparent les différentes mar–
ques. lis construisent alors des ra–
deaux de ces bois et les conduisent
aux chantiers des propriétaires res–
pectifs.
D'apres tout ce que nous venons de
dire de la colonie de Balize , on doit
trouver tout Jiaturel que les Améri·
cains du Guatemala et du Mexique se
montrent fort jaloux de cet étab)isse–
ment formé
a
Ja porte de leurs Etats,
et qu'ils conqoivent méme
quelqu~s
alarmes sur l'usage que les Angla1s
feront un jour de la concession de ce
petit territoire. lis savent l'histoire
des empiétements de la puissance an –
glais.e dans l'Inde, et ils craignent,
avec raison , que leurs ambitieux voi–
sins ne fassent dans l'Amérique cen–
trale ce qu'ils on t fai t en Asie, ou la
possession de quelques villes mari–
times leur a sen•i de point de départ
pour Ja conquete d'une contrée aussi
vaste qu'opulente.
ÁPER<:O BlSTORlQOE SOR Ll! GOATl!MAf,A,
Avant de raconter Ja conquete du
Guatemala par les Espagnols,
il
im·
porte de donner un aperqu de l'his–
toire de ce royaume dans les temps
antérieurs, et de jeter un coup d'reil
sur les populations qui l'habitaie1it.
Ce tableau est !'indispensable intro–
duction au Guatemala moderne.
En suivant Juarros dans notre ré·
cit, nOUS puiserons
a
la SOUrceJa 1110ÍllS
suspecte; car cet écrivain a réuni les
témoignagesdes hi stori ens les plus res–
pectables, et s'est iJ1spiré de la vue des
localités les plus célebres de sa patrie,