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JJUNIVERS.
Mexico, il 'faut en chercher la cause
dans des intéréts politiques, indépen–
dants de l'identité de race.
Acxopil ne tarda pas
a
voir ses do–
maincs s'agrandir Pt le nombre de ses
sujets s'accroitre dans une proportion
inespérée. Son territoire comprenait
les districts qui, plus t:i rd, ont formé
les provinces de Solola, de Chimalte–
nango, de Sacatépeque, et une par–
tie de celles de Quezaltenango et de
Totonicapan. Devenu vieux, le -roi ,
pour alléger le fardeau du gouverne–
ment, qui, jusque-lil, avait pesé sur
lui scul, divisa son empire en trois
seigneuries, si l'on peut se servir
ici
d'un pareil terme : ces trois fractions
furent Quiché, Kachiquel et Zutugil.
L é vieux cacique se réserva la prcmie–
re; il donna la seconde
a
son flls ainé
Jiutemal, et la troisieme
a
on second
_héritier Acxiquat. Les limi tes de ces
territoires
sont
encore marquées par
les idiomes. Partout ou chacune des
trois colonies a rayonne et s'e
t
main–
te,nu.e, la langue vrimiti11e s'est conser–
vee mtacte.
Ce
partag~
P.llt pour premier effet
d'éveiller l'ambition de fils du 1110nar–
que. Acxiquat, cllef des Zutugiles, prit
l'initiative des hostilité .
JI
manifesta
hautement
l'intention de .s'emparer
des possessions de son frere Jiute–
mal, et luí déclara la guerre. Arreté
des ses pre111iers pas par
l'a1 mée
kachiquele,
il
s'enferma dans une
forteresse dont l'enceinte était pres–
que entiercment baignée par les caux
du lac Atitan. Peu s'en fallut qu'ii ne
füt pris dans cette retraite qu'il croyait
inexpugnable. Son adversaire ravagea
ses do111aines et le tint étroitemen t
bloqué dans la citadelle. Des torrents
de sang arroserent le sol du Guate–
'mala, et les combattants ne dépose–
r cnt les armes que lorsq ue le vénéra–
ble cacique de Quiché interposa son
autorité de pere et de suzerain . Bien–
tot apres, Acxopil mourut, et Jiute–
mal , l'aioé de la famille, réunit les
couronnes de Kachiquel et de Quiché.
La paix fut violée par
l'infat1gable
souverain des Zutugiles, et cette nou–
velle lutte se prolongea pendant tout
le regne de Jiutemal et une partie de
celui de son fils Hunahpu. Enfin Acxi–
quat dut céder il la supériorité d'un
adversaire dont
il
avait méconnu la
puissance, et, si l'on en croit les his–
toriens, la paix se maintint pendant
les dernieres années du regne de Hu–
nahpu et toute la durée de celui de son
successeur Balam Kir!Jé.
Ralam Acan, cinquieme roi de Qui–
ché, arriva au pouvoir sous les plus
heureux auspices, et ses qualités pré–
cieuses promettaient
a
ses sujets de
longs jours de prospérité; mais un
orage imprévu vint troubler la tran–
quillité de l'empire. Le roi des Zutugi–
les , abusant de la générosité de Balam
Acan, séduisit sa filie Ixcunsocil, et
l'enl eva du palais d'Utatlan. Pour
cor~ble d'outrage, un favori de Zutugi–
lebpop enleva en méme temps Ja niece
du roi. On dit qu'il la nouvelle de
cette double injure, Balam Acan, dans
un acces de fureur, livra aux bour–
reaux plusieurs des serv iteurs qui l'en–
touraient, et que ce paroxysme de
colere fut suivi d'une grave et longue
mal adie. Quoi qu'il en soit, une guerre
terrible, acharnée, ramena sur les
champs de bataille les populations des
deux royau01es
limitrophes. Balam
Acan rnm·cha en personne
a
la téte de
son armée; il se faisait porter dan¡¡
une espece de pal anquin orné d'or et
éti11celant de pierres précieuses; sur
son front brillait un triple diademe, et
la splendeur de son costume répon–
dait
a
la magnificence de son entou–
rage. Les plus nobles personoages de
sa cour briguaient l'hooneur de por–
ter sa Jiticre sur leurs épaules. Moios
fastueux dans son appareil militaire,
le chef des
Zutu~iles
s'avanca, suivi de
pres de cent mi lle bommes;
a
la ren–
contre de son cousin. Nous n'entre–
rons pas dans les détails de cette lutte
meurtri ere; nous dirons seulementque
des milliers de combattantsfurent mois–
sonnés dans les diverses batailles dont
le territoire des deux royaumes fut
le sanglant théatre. Dans !'une d'elles,
au moment ou l'armée coalisée des
Quiches et des Kachiqueles, cernée de
toutes parts, prenait la fuite en dé-