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.MEXIQUE.

245

cst un jour glorieux dans les fastes de

la marine francaise. Cejour, oú toutes

les incertitudes allaient cesser, le so–

leil se leva dans un ciel sans nuages;

l'air étai\ bn11ant; lamer calme, un'ie et

transparante. La rade de la Vera-Crux

était sillo1mée par des embarcations

qui la parcouraient dans tous les sens,

et portaient des ordres sur tous les

points; les bateaux

a

vapem· chauf–

faient; les bombardes s'embossaient au

nord de la forteresse; tout était en

mouvement, et J'reil le moins exercé

reconnaissait les apprets d'un combat.

Jetons un coup d'ooil sur Je champ

de bataille. Noussommesdevant Saint–

Jean d'Ulloa, le but de tous ces prépa–

ratifs.

Cette forteresse, l'orgueil rlu Mexi–

que , est assise sur un ilot

a

un demi–

mille nord-e

t

de la Vera- Crux; le

banc de Ja Gallega , bordé de rochers

au nord, quelquefois

á

sec da ns les

grandes marées , et ordinairement

caché sous I'eau, vient )llourir

a

ses

pieds. Elle déborde l'llot dont elle cou–

vre l'étendue, et ses murailltJs d'une

médiocre hauteur, hérissées d'embra–

sures, semblent sortir du sei11 des

flots. Elles offrent ce luxe de solidité

que les Espagnols avaient déploY.é dans

leurs constructions civiles etm1litaircs

du nouveau monde. Elles sont en ma–

drépores,

a

l'exception du coté qui do–

mine Ja ville, et renferment de vastes

magasins et d'immenses citernes, qui

fournissent

a

la garnison une eau

beaucoup plus salubre que celle que

les habitants de la Vera-Crux vont pui–

ser dans les mares stagnantes <lont

Jeur ville est cernée. Saint- Jean

d'Ulloa se montre sous la forme d'un

parallélogramme

légerementirré~ulier,

dont chaque angle est llanque d' un

bastiou; sur l'un d'eux s'éleve le phare,

prisine cylindrique; un autre est do–

miné par le Cavalier (Caballero), haute

tour carrée, surmontée d'un belvé–

dere, d'ou l'on signale les vaisseaux,

et sur Iequel llotte le pavillon national.

Ce Iéger belvédere, cette haute tour,

de quatre-vingt·dix pieds, éblouissante

de blancheur, contraste d'une maniere

p1ttoresque avec le phare, masse rou·

geatre, qui" se111ble appartenir au sol

dont elle a la couleur. Un Iargc fossé,

presque comblé par les alluv'ions, et

n'ayant d'eau qu'ii la marée haute; au

dela, deux batteries basses, l'une dans

le nord-ouest, l'autre dans Je sud-est;

enfin une demi - lune et deux ré–

duits de place d'armes rentrantes

completent les ·ouvrages défensifs de

ce fort dont la réputation était colos–

sale dans toute l'Amérique espagnole,

et qui passait pour une de ces mer–

veilles de l'art, cootre Iaquelle toutes

les flottes de l'Europe s'acharneraient

en vain.

Dans la prévision du siége, les Mexi–

caius s'étaient empressés de réparer

les outrages que le temps et les guerres

derni eres avec l'Espagne avaient fait

subir

il

leur Gibraltar, nom qu'ils se

plaisent

iJ

donne1·

i:t

Sai nt-Jean d'Ulloa.

De son coté, l'amirul

fran~ais

avait

choisi son point d'attaque de maniere

a

battre le plus grand cspace possible,

et

a

n'essuyer le fou que du plus petit

nombre de canons. Les trois frégates

se placcrent au nord-est de la forte–

re.sse,

a

quatre

OU

Cinq encablures de

distance; également

au

nord, les deux

bombardes étaient embossées dans un

étroit chenal. Trois corvettes se te–

naient hoTS de la portée du canon pour

observer la direction des boulets, et

faire· ,

il

l'aide de signaux convenus,

rectifier le pointage;

la Créole

se te–

aait sous voile , tandis que quelques

bricks croisaient entre les récifs de

Pajaros et les frégates embossées.

II

était onze heures et demie, et le délai

expirait

.a

midi, lorsqu'on vit s'avan–

cer, du mOie de la Vera-Crux, un

canot portant pavillon parlementaire;

c'était encore des dépeches de

M.

Cue–

vas qu'on venait remettre

a

l'amiral.

II

reyut les envoyés avec politesse,

lut les dépechesavecrapidité; et comme

elles ne renfermaient aucune proposi–

tion nouvelle' qu'elles se bornaient

a

discuter ce qui l'avait été tant de fois,

et sans résultats,

il

répondit sur-Ie–

champ au ministre, que le délai qu'il

avait accordé, venant d'expirer sans

qu'aucune satisfaction eat été donnée

i:t

Ja

France ,

sa

mi&sion

de

paix

étai1