.MEXIQUE.
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cst un jour glorieux dans les fastes de
la marine francaise. Cejour, oú toutes
les incertitudes allaient cesser, le so–
leil se leva dans un ciel sans nuages;
l'air étai\ bn11ant; lamer calme, un'ie et
transparante. La rade de la Vera-Crux
était sillo1mée par des embarcations
qui la parcouraient dans tous les sens,
et portaient des ordres sur tous les
points; les bateaux
a
vapem· chauf–
faient; les bombardes s'embossaient au
nord de la forteresse; tout était en
mouvement, et J'reil le moins exercé
reconnaissait les apprets d'un combat.
Jetons un coup d'ooil sur Je champ
de bataille. Noussommesdevant Saint–
Jean d'Ulloa, le but de tous ces prépa–
ratifs.
Cette forteresse, l'orgueil rlu Mexi–
que , est assise sur un ilot
a
un demi–
mille nord-e
t
de la Vera- Crux; le
banc de Ja Gallega , bordé de rochers
au nord, quelquefois
á
sec da ns les
grandes marées , et ordinairement
caché sous I'eau, vient )llourir
a
ses
pieds. Elle déborde l'llot dont elle cou–
vre l'étendue, et ses murailltJs d'une
médiocre hauteur, hérissées d'embra–
sures, semblent sortir du sei11 des
flots. Elles offrent ce luxe de solidité
que les Espagnols avaient déploY.é dans
leurs constructions civiles etm1litaircs
du nouveau monde. Elles sont en ma–
drépores,
a
l'exception du coté qui do–
mine Ja ville, et renferment de vastes
magasins et d'immenses citernes, qui
fournissent
a
la garnison une eau
beaucoup plus salubre que celle que
les habitants de la Vera-Crux vont pui–
ser dans les mares stagnantes <lont
Jeur ville est cernée. Saint- Jean
d'Ulloa se montre sous la forme d'un
parallélogramme
légerementirré~ulier,
dont chaque angle est llanque d' un
bastiou; sur l'un d'eux s'éleve le phare,
prisine cylindrique; un autre est do–
miné par le Cavalier (Caballero), haute
tour carrée, surmontée d'un belvé–
dere, d'ou l'on signale les vaisseaux,
et sur Iequel llotte le pavillon national.
Ce Iéger belvédere, cette haute tour,
de quatre-vingt·dix pieds, éblouissante
de blancheur, contraste d'une maniere
p1ttoresque avec le phare, masse rou·
geatre, qui" se111ble appartenir au sol
dont elle a la couleur. Un Iargc fossé,
presque comblé par les alluv'ions, et
n'ayant d'eau qu'ii la marée haute; au
dela, deux batteries basses, l'une dans
le nord-ouest, l'autre dans Je sud-est;
enfin une demi - lune et deux ré–
duits de place d'armes rentrantes
completent les ·ouvrages défensifs de
ce fort dont la réputation était colos–
sale dans toute l'Amérique espagnole,
et qui passait pour une de ces mer–
veilles de l'art, cootre Iaquelle toutes
les flottes de l'Europe s'acharneraient
en vain.
Dans la prévision du siége, les Mexi–
caius s'étaient empressés de réparer
les outrages que le temps et les guerres
derni eres avec l'Espagne avaient fait
subir
il
leur Gibraltar, nom qu'ils se
plaisent
iJ
donne1·
i:t
Sai nt-Jean d'Ulloa.
De son coté, l'amirul
fran~ais
avait
choisi son point d'attaque de maniere
a
battre le plus grand cspace possible,
et
a
n'essuyer le fou que du plus petit
nombre de canons. Les trois frégates
se placcrent au nord-est de la forte–
re.sse,
a
quatre
OU
Cinq encablures de
distance; également
au
nord, les deux
bombardes étaient embossées dans un
étroit chenal. Trois corvettes se te–
naient hoTS de la portée du canon pour
observer la direction des boulets, et
faire· ,
il
l'aide de signaux convenus,
rectifier le pointage;
la Créole
se te–
aait sous voile , tandis que quelques
bricks croisaient entre les récifs de
Pajaros et les frégates embossées.
II
était onze heures et demie, et le délai
expirait
.a
midi, lorsqu'on vit s'avan–
cer, du mOie de la Vera-Crux, un
canot portant pavillon parlementaire;
c'était encore des dépeches de
M.
Cue–
vas qu'on venait remettre
a
l'amiral.
II
reyut les envoyés avec politesse,
lut les dépechesavecrapidité; et comme
elles ne renfermaient aucune proposi–
tion nouvelle' qu'elles se bornaient
a
discuter ce qui l'avait été tant de fois,
et sans résultats,
il
répondit sur-Ie–
champ au ministre, que le délai qu'il
avait accordé, venant d'expirer sans
qu'aucune satisfaction eat été donnée
i:t
Ja
France ,
sa
mi&sion
de
paix
étai1