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242

L'.UNIVERS.

elle montráit, au contraire, la patience

de la force, et supportait, dans des

vues toutes pacifiques, les formes tor–

tueuses, les dénégations mensm1¡!eres

et

les lenteurs calculées d' un cabinet

astucieux. Toutefois, cette généreuse

Ionganimité devait

avoir.un

terme. Le

moment de parler haut était venu. Le

baron Deffaudis

fut

cbargé de si¡.rnifier

au

gouvernemen,t mexicain

l'ultima–

twn

de

la France.

Oe-

<4lcument ré–

sume les principaux griefs de cette

puissance. De taches assassinats y sont

d'abord signal és; on voit

a

Atencigo,

en

1833 ,

des FranQais, jouissant de

!'estime générale, exerqant une indus–

trie .utile au pays, égorgés, coupés par

morceaux au cr1 de

Meurent les étran·

gers,

et les auteurs <le ce crime res–

tent impunis;

a

Tampico, d'autres

Franc,ais sont traqués dans une cour

et tués

a

ooups de fusil en présence

d'officiers applaudissant

a

ce massa–

cre; un autre encore condamné sans

aucune preu1·e par un juge de la ca–

pitale

a

di x ans de présides, sm: un

simple SOUPQOn d',homicide;

a

Colima,

un médeci n de la meme nation ·atta–

qué en pleme rue, r.t percé de coups

d'épée par un colonel Pardo, le corn–

mandant me111e de la place, auquel

il

avait refusé de preter quelque argent.

Puis viennent les pillages, les des–

tructions de propri étés, les emprunts

forcés, les contiscations de oargaisons,

les fermetures d'établissemenls indus–

triels, les exils, les emprisonnements

arbitraires ; longue suite d'avanies

e¡¡ercées contre les négociants franQais

établis au Mexique.

De semblables crimes exigeaient une

éqlotante réparation. Six cent mille

dollars furent réclomés dans le meli1e

ultimq,twn

a

litre d' indemnité ; on

y

demandait éga lemen t la des titution et

la punition des officiers et magistrats

coupables envers les FranQais, et pour

ceux-ci le <lroit qu e leur

gai·an1is~aient

les traités antérieurs, de s'établir s111·

tout le territoire de la répu blique, d'y

faire librement le commerae· de détail;

l'exemption des impélts extraordinai–

res de guerre et de tous emprunts fo 1-..

ce~í

auxquels ils

avnien~

é.té

sotfm is

contrairement aux conventions qui ré–

glaient les rapports des deux F.tats.

, Ces demandes pleines de modéra–

tiorr furent repoussées avec hauteur.

Le gouvernement mexicain, fid ele

il

son systeme dilatoire, voulait tralner

les négociations en longueur. Le temps

éta it poi:u· lui le meilleur des anxiliai–

res.

JI

lui donnait pour alliées les

tempetés du nord et. la fievre jaune

qui ne le servirent que trop bien.

L'escadre , commandée par le capi–

taine Bazoche, eut

a

souffrir du scor–

but, déterminé par Ja privation d'eau

douoe, de vivres frais, par la nécessité

de laver le tinge

a

l'eau de mer

et

par

le plus pénible des services· sur une

cote brillante. La fievre jaune y

fit

aussi de cruels rai'ages.

L'Iph.igf.n:le

perdit c¡uarahte·cinq matelots et cinq

officiers;

l'Herminie

ne fut pas plus

épargnée; et si proportionnellement

elle eut moins de 11101·ts

1

elle cornpta

plus de malades: il en fut ainsi des au–

tres biltiments. Su r la terre de Sacri–

ficios reposent pour toujour5 ces nom–

breuses victimes

du

fléau, ces jeunes

Francais qui revoieyt, en quittant le

sol n'atol, la gloire pour leur norn et

lo

chomp de batnille pour lit mor–

tuaire.

Lil

s'éleve une pvramide en

pierre ou leurs noms sont gravés. Des

croix de bois indiquent la pince que

chacun d'eux occupe; un mur entoure

ce dernier asile, placé sous la sauve–

garde de la reli gion

(*).

lVlalgré les ravages de l'épidémie et

les plus dures privations, l'escadre

ac-

(') Ce petit ilot

a

base de coraux, de

madl'épores et de sable a pporlé par les vents

et les marées , s'éleve

clu11s

le voisinage de

Sain t-Jean d'Ulloa. On l'aper<;oit

a

une

lieue envi ron

a

¡;auchc de la forteresse.

Sa

sm·tace est aride, rocailleuse;

011

y

remar–

que quelques roseaux jannis par

i111

soleil

ardent, de r ares nopals et de plus rares

a

loes, ainsi qu'une mare d'eau saumatre.

Ce banc de sable

a

r.ause de sa désolation

et de son aspect lugulwe, avail paru aux

i.ndigenes uu liPu propre aux sarrifices hu–

mains. Grijalva qni le découYrit

y

aper~ut

des traces récentes

ele

cet horrible culte,

ce qui

l'engagea

a

lui

clC'nner

le

nom

qu'il

po1·1~

encore aujourd'h ui.