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244

L'UNIVERS.

devant la Vera-Crux, réunie aux bilti–

ments du commandant Bazoche, et

toute prete

a

la guerre. Toutefois,

avant d'attaquer, l'amiral Baudin, con–

formément

á

ses instructions, envoya

le capitaine Leray

a

Mexico, pour ten–

tet·

encore la voie des négociations.

Cette mission délicate, résultat d'une

politique claire, prudente et forme,

ne pouvait étre en me1lleures mains;

mais, pour quiconque conuaissait l'ol'–

gueil du cabinet mexicain , et son es–

poir da ns les bons oflices de

l'

Angle–

terre, il était facile de prédire qu'elle

serait sans succes.

i\I.

Lerav donna

trois jours au ministre des· affaires

étraogeres, Cuevas, pour avoir une

réponse O\t.l\gorique.

A

l'expiration de

ce délai, il n'en obtint qu'une lettre

1iour l'amiral, et des protestations per–

sonnelles d'un vif désir du maintien de

la paix. Nous verrons bientot ce meme

ministre aux conférences de Jalapa, et

Ja

nous aurons sa véritable pensée, et

la mesure de son attachement

a

la

France.

Dans la prévision d'une rupture,

l'amiral jugea convenable de faire re–

counaltre le banc de la Gallega, qui

s'étend au nord de Saint-Jean d'Ulloa,

et dont les cartes donnaient un tracé

qu'on avait lieu de croire lnexact. Un

bon relevé de eette plage clevenait in–

dispensable. C'était de ce coté qu'on

sé proposait d'opérer un débarque–

ment; c'était le seul point ou l'a saut

püt etre tenté; il fallait encore s'assu–

rer de la distancc

a

laquelle les hateaux

a

vapeur trouvernient assez d'eau pour

s'approcher des glacis de la forteresse.

Le prince de Joinvillc fut ehargé de

cette opération difficile, et s'en ac–

quitta avcc un rare courage et le sang–

froid d'un vieux marin. Le canot lit

presque entierement le tour du fort;

puis le prince, suivi de ses officiers,

avanca dans l'eau jusqu'au pied des

glacis. La reconnaissance était termi–

née, lorqu'une sentinelle les apercut

et donna !'alarme; une trentaine 'de

soldats déboucherent par le ehemin

couvert, et les poursuivircnt pendant

quelques instanls, en inquiétant leur

mouvement de retraite; puis ils s'arre·

terent, craignant sans doute une embus–

cade. Une semblable audace pouvait

y faire croire, et le reLour du prince se

iit sans empecliement. L'arrivée du

commandant Leray

a

bo

rd de

la Né–

réide

fut une véritable

fe.te

.

JI

ne

dissimula pas que

les

prob

abilités

étaient pour la guerre.

A

cette nou–

velle la joie la plus vive brilla sur

les visages de ces

jeunes officiers

avides de combats 'et de gloire; le

prince de Joinville, surtout, ne pou·

vait dissimuler la sienne;

il

voulait se

venger

a

Vera - Crux d'etre arrivé

trop tard

a

Constantine.

La dépeche du ministre des affaires

étrangeres gardait le silence sur le

fond de la question' f.t se bornait

a

proposer d'ouvrir des conférences pour

terminer i:t l'amiable les différends en–

tre les deux pays. Bien que l'amiral ne

vit ici qu'un moyen de gagner du

temps,

il s'empressa d'accepter ces

ouvertures, et de donner amsi une

preuve nouvelle de la longanimité de

Ja Frunce.

ll

se rendit

a

Jalapa, lieu

indiqué par M. Cuevas. Lil, ces deux

])lénipotentiaires firent un échange de

notes, de contre-notes, de projets, de

cor1tre-projets, et la question ne

fit

pas un pas. La Frunce prenait pour

base

l'ultimatwn

du

21

mars préc<\–

dent, que le Mexique combattaiL p:ir

les arguments qu'if avait déji:t fait va–

loir. S'il consentait il payer six cent

mi lle piastres, cornme indemnité rfes

pertes éprouvées par les Franqais, il

prenait le délai de six mois sans donner

de garanties. II n'accordait ríen relati–

vement

a

la liberté du commerce de

détail; il regardait comme un ciroit, ·

d'imposer des emprunts forcés sur les

étrangers,

tout en déclarant qu'il

n'était pas dans son intention d'user

de ce droit i:t !'avenir. L'amiral corn–

prit bien vite qu'il n'y avait aucun ar–

rangement possible, et que sa place,

il lui, était

a

son bord. 11 qu

itta Ja

lapa le

21 novembre. Cependant,

po.ur

mettre

tous les torts du coté de

son

adver–

saire' et probablement aussi pour se

mieux préparer au combat, il

annon~a

que les hostilités ne commenceraient

que_le 27

a

midi. Ce 27 novembre 1838