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248

L'UNIVERS.

gouvernement se serait fort bien passé

de ses services; toutefois, apres la con–

vention du 28, plus mal recue encore

que la cepitulatio

n de. Saint

-Jean d'Ul–

loa, et dans ce

mome

.nt d'efferves–

cence ou l'on entendit meme sur les

bancs du congres ces cris sauvages:

Meurent les Francais

!

rneurent les

étrnngers

!

Santa-Ánna fut cboisi pour

remplacer le général Rincon, disgracié,

et commander quelques bataillons réu–

nis dans le voisinage de la Vera-Crux

et qui prenaient le nom pornpeux d'ar–

mée d'avant-garde. Ce fut comme i;é–

néral de cette armée qu'il notifia a l'a–

miral Baudin le refus du président

Bustamente d'approuver la convention

dont nous venons de parler. La Vera–

Crux redevenait done une ville enne–

mie. Elle pouvait etre détruite en peu

d'instants; mais cette veugeance bar–

bare, qui aurait puní toute une popu–

lation innocente des etretil'S de son

gouvernement, ne convenait point

a

la France; le

~arti

que prit l'amiral

était le seul digne d'elle.

JI

résolut de

désarmer la Vera-Crux et de mettre

les canons et les forts hoi-s d"état de

nuire. C'était l'entre.pri e la plus au–

dacieuse de cet e campagne.- Parfaite–

ment concue, elle fut admrrablement

exécutée.

0

Tfne partie des marins de

l'escadre, les soldats de marine, les

artilleurs et les min eurs, divisés en

trois colonnes, partirent par une bru–

me épaisse qui protégeait les embar–

cations. Chacune de ces colonnes avait

sa mission : !'une devait désarmer le

fort de l'est, l'autre celui de l'ouest;

tout cela fut fait. Les soldats mexicains

prirent la fuite, les canons furent en–

cloués et jetés par-dessus les murailles

et les affats brisés a coups de hache.

La colonne du centre, commandée par

le prince de Joinville, aborda le mole

et pénétra dans la ville apres en avoir

fait sauter la porte

a

l'aide d'un pétard

préparéa la hftte et s'etre emparé d' une

piece d'artillerie qui en défendait l'en–

trée; elle dispersa ce qui tentait de

résister, et parvint enfin a la maison

babitée par les généraux Santa-Anna

et Arista, jadis ennemis, mais cornbat–

tant alors sous le mi\rne drapM!J. Le

pre~ier,

au bruit du pétard, avait pris

la furte; le second, moins bien avisé,

était resté dans son lit a sommeiller,

s'imaginant que ce bruit n'était autre

que le coup de canon de diane tiré cha–

que matin

a

bord de l'escadre

fran~aise.

ll

fut bientot désabusé par la fus11lade

des assaillants et du corps de garde

mexicain qui essayait vainement de

les arreter. La colonne francaise pé–

nétrn vivement, sous une greie de bai–

les, dans l'appartement du général qui

fut saisi par le second maitre de

la

Créole,

puis conduit devant le prince

de Joinville et envoyé

a

bord du

Oui·

rassie1·.

Cette capture faite, la colonne

alla désarmer les petits fortins qui s'é–

levent du coté du sud, et les mit en

pcu de moments hors d'état de nuire.

Ce fut dans cette marche que des sol–

dats mexicains, poursuivis , se réfu–

gierent da ns un hopital; les Fran'tais

allaient

y

pénétrer avec eux, Jorsque

les malades se levant de leur lit com–

me des speetres, se jeterent aux pieds

du jeune prince de Joinville qui, n'é–

coutant que la voix de l'humanité, or–

donna de respecter cet asile de la dou–

leur.

Cependant

tous les petits corps

épars, chassés de leurs positíons sm·

les murailles, s'étaient rallí és dans la

vaste caserne de la Merced. C'est un

édilice

a

deux étages, surmontés d'une

terrasse' a plusieurs entrées par la

ville et par la campagne , et dont

la porte priucipale fait face a l'une

des plus grandes rues de la ville (la

Calle de las Damas). Cette porte

fut

barricadée. Les différentes colonnes

devaient nécessairement, en faisant

le tour des remparts, se réunir sur

ce point. La colonne du centre ar–

riva la premiere, elle fut re'tue par

une vive fusillade ; les

l\ilexicaíns,

bien postés ,. tiraient

a

coup sur; les

assaillants avec un obusier de cam–

pagne faisaient quelques trous

a

la

porte sans l'enfoncer : ils eurent des

morts et de nombreux blessés. L'ar–

rivée de l'amiral mit fin

a

ce combat

sans but. N'ayant ni les moyens ni le

projet d'occuper la ville, il donna l'or–

dre de la retraite, qui se fit avec calme