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L'UNIVERS.
gouvernement se serait fort bien passé
de ses services; toutefois, apres la con–
vention du 28, plus mal recue encore
que la cepitulatio
n de. Saint-Jean d'Ul–
loa, et dans ce
mome.nt d'efferves–
cence ou l'on entendit meme sur les
bancs du congres ces cris sauvages:
Meurent les Francais
!
rneurent les
étrnngers
!
Santa-Ánna fut cboisi pour
remplacer le général Rincon, disgracié,
et commander quelques bataillons réu–
nis dans le voisinage de la Vera-Crux
et qui prenaient le nom pornpeux d'ar–
mée d'avant-garde. Ce fut comme i;é–
néral de cette armée qu'il notifia a l'a–
miral Baudin le refus du président
Bustamente d'approuver la convention
dont nous venons de parler. La Vera–
Crux redevenait done une ville enne–
mie. Elle pouvait etre détruite en peu
d'instants; mais cette veugeance bar–
bare, qui aurait puní toute une popu–
lation innocente des etretil'S de son
gouvernement, ne convenait point
a
la France; le
~arti
que prit l'amiral
était le seul digne d'elle.
JI
résolut de
désarmer la Vera-Crux et de mettre
les canons et les forts hoi-s d"état de
nuire. C'était l'entre.pri e la plus au–
dacieuse de cet e campagne.- Parfaite–
ment concue, elle fut admrrablement
exécutée.
0
Tfne partie des marins de
l'escadre, les soldats de marine, les
artilleurs et les min eurs, divisés en
trois colonnes, partirent par une bru–
me épaisse qui protégeait les embar–
cations. Chacune de ces colonnes avait
sa mission : !'une devait désarmer le
fort de l'est, l'autre celui de l'ouest;
tout cela fut fait. Les soldats mexicains
prirent la fuite, les canons furent en–
cloués et jetés par-dessus les murailles
et les affats brisés a coups de hache.
La colonne du centre, commandée par
le prince de Joinville, aborda le mole
et pénétra dans la ville apres en avoir
fait sauter la porte
a
l'aide d'un pétard
préparéa la hftte et s'etre emparé d' une
piece d'artillerie qui en défendait l'en–
trée; elle dispersa ce qui tentait de
résister, et parvint enfin a la maison
babitée par les généraux Santa-Anna
et Arista, jadis ennemis, mais cornbat–
tant alors sous le mi\rne drapM!J. Le
pre~ier,
au bruit du pétard, avait pris
la furte; le second, moins bien avisé,
était resté dans son lit a sommeiller,
s'imaginant que ce bruit n'était autre
que le coup de canon de diane tiré cha–
que matin
a
bord de l'escadre
fran~aise.
ll
fut bientot désabusé par la fus11lade
des assaillants et du corps de garde
mexicain qui essayait vainement de
les arreter. La colonne francaise pé–
nétrn vivement, sous une greie de bai–
les, dans l'appartement du général qui
fut saisi par le second maitre de
la
Créole,
puis conduit devant le prince
de Joinville et envoyé
a
bord du
Oui·
rassie1·.
Cette capture faite, la colonne
alla désarmer les petits fortins qui s'é–
levent du coté du sud, et les mit en
pcu de moments hors d'état de nuire.
Ce fut dans cette marche que des sol–
dats mexicains, poursuivis , se réfu–
gierent da ns un hopital; les Fran'tais
allaient
y
pénétrer avec eux, Jorsque
les malades se levant de leur lit com–
me des speetres, se jeterent aux pieds
du jeune prince de Joinville qui, n'é–
coutant que la voix de l'humanité, or–
donna de respecter cet asile de la dou–
leur.
Cependant
tous les petits corps
épars, chassés de leurs positíons sm·
les murailles, s'étaient rallí és dans la
vaste caserne de la Merced. C'est un
édilice
a
deux étages, surmontés d'une
terrasse' a plusieurs entrées par la
ville et par la campagne , et dont
la porte priucipale fait face a l'une
des plus grandes rues de la ville (la
Calle de las Damas). Cette porte
fut
barricadée. Les différentes colonnes
devaient nécessairement, en faisant
le tour des remparts, se réunir sur
ce point. La colonne du centre ar–
riva la premiere, elle fut re'tue par
une vive fusillade ; les
l\ilexicaíns,
bien postés ,. tiraient
a
coup sur; les
assaillants avec un obusier de cam–
pagne faisaient quelques trous
a
la
porte sans l'enfoncer : ils eurent des
morts et de nombreux blessés. L'ar–
rivée de l'amiral mit fin
a
ce combat
sans but. N'ayant ni les moyens ni le
projet d'occuper la ville, il donna l'or–
dre de la retraite, qui se fit avec calme