MEXIQUE.
M. Gorostiza eut les affaires étran–
~er<'s,
Cortina les finan ces , et La–
brija, l'intériPur. Ce nouveau mini s–
tete mit en liberté les dl'.!enus po liti–
ques, et déclara nulles les enquetes
commencées contre eux. l\Ialgré cei;
mesures' conci liatrices, les partisans
de la constitution de
1824
dirigeaiPnt
de fréquentes et sérieuses attaqnes
contre le prési den
t.
Les a
u
tres partis
plu. habi le. en profiterent pour l'éloi–
gner des affaires, et l'hom111e qui avait
su faire oublirr la m:ilenco11treuse ex–
pédition du Texas. en flattant la va–
nité mexicainP,
fut
choisi pour le rem–
placer. Santa-Anna, s'appu,vant su r le
parti
pr~tre
dout il était le drapeau,
jouissanl dans ce moment d'une po–
pularité bruyante, devait exerc.'r une
grande inlluence sur la marche rles né–
gociations. Sa position était délica te;
il
avait
a
ménager tout
iJ
la fois ce que
les Mexicai ns appellenl le déco rum, et
les antipathies des ultra-démocrat<'s.
II
n'est pas douteux que le beso in de
disposer de toute l'armée cont re les
fédéralistes ne serl'it puissamment
a
abréger les Iongueurs
e
les te1npori–
sations de la diplomatie mexicairte. Le
cabinet montra d'abord qu elque répu–
gnance
a
traiter avec l'a11¡.i.ral, sous le
prétexte qu'en foisan la gurrre il ·er
1-
blait avoir renoncé
a
son caractcre pa·
cifique.
II
lui reprochait ses relations
avec les féd eralistes et sa correspon–
dance avec le génér•al Urrea, da11s la–
quell e les hommes qui occu¡rnient le
pouvoir étaient séve1·em<'nt
JU~és
(*).
On savait quepas un mot de cette cor–
respondance ne serait rétracté
¡
il
fal–
lut l'habileté de
M.
Paclrn11ham, <'t sur–
tout le be.;oín de la 1>aix, ponr tri ompher
des vanitt\s blessres. Le ton de la
presse officielle était encore un obsta–
cle; les journaux continuaient de van-
(')
C~s
rrlotions
n'avaient nucun carac–
terc
hoslilc
nu gouveroemenl
érabli.
Les
fédérali
·tes ne parlngenient point
it
la
vé–
rité
Jps antipalhiPs de leurs
ncl~ersnires
con–
tre
la
Franoe,
et
nul dante que s'ils eussent
été 011
pou,·oir, la
¡¡uerrc
11'e1it point éolau\,
et les différeuds entre les deux pays se se·
raient facílemeut arrangés.
ter le prétenrlu triomphe de Saint-Jean
d' ll oa, et d'injuriel'
~rossiere1mnt
la
France. L'amir;i l, fatigué dP. cet igno–
ble langa¡!,e et de ces plates ' alom–
nies,
menn ~a
de rompTe toute négo–
ci;i tion. Bien convaincu que ce n'était
point la une men ace vaine, le gouver–
nement imposa silence
a
ces mala–
droits agents, et les né¡;ociations com–
mencercnt. Deux
plén i po tentiaire~,
le
mini stre Gorostiza et Je gPnéral Gua–
dalupe Victoria, étaient chargés des
intéréts du Mexiq11e. L'amiral Baudin
représe11ttiit la Franr.e. On se réu11it
a
la Vera-Crux qu e les
l\l ~x icains
n'oc–
copaient que par permission de ce
derni er. Deux jou rs suflirent pour
tou
t
régler; le troi sieme, on
fit
les
copies; et le so ir du meme jour, le
ministre des affaires Ptrangi> res, por-
' teu r clu traité, se rendit
a
Mexico pour
le soumettrr
a
la ratiti cation du con–
gres.
Il
le commenta devant l<'s deux
chamb res, de man iere
a
dissimuler ce
qu' il pouvait avoir de fücheux pour l'or–
gueil l)lexicain.
J
l alla bPaucoup trop
loin en expliquant les motifs relatifs aux
six cent mi lle piastres d'indemnité;
il
prit fort i1nprurle111ment l'engagement
de protes ter contre le sens qu'o11 pou–
vait attaQher au mot
payer.
1,
Le gou–
vernement, disait -il, ne prend ce mot
que daos le sen de
remettre,
sans au–
cune reconnaissance de la justice ou
de l'injustice des réclamations de la
France.
»
Une telle interprétation
ne pouvait étre admise; l'amirnl le
signrna aussitdt qu'i l en eut con nais–
sance; il déclara qu'il ne regarderait
la ratilfoation comme réguliere qu'au–
tant qu'il aurait
re~u
un acte en bonne
forme, par lequel le gouvernement
mexicai n renoncera it
a
toutes protes–
tations, restrictions ou réserves, soit
publiqurs ou secretes, qui pussent at–
ténuer le sens littéral du traité et en
empecher l'effet, soit pour le présent,
soit pour l'ovenir. Ce langnge forme et
loyal fut entendu, et oourrier pour
courrier, cinq jours apres cette difli–
cu lté impré"ue, arriverent la ratifica–
tion pu re et simple et le désistement
a
toute protestation, dans les termes
memes qne l'amiral avait dietés.