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i\lEXlQUE.

249

et sans empechement. L'obusiet· fut

rembarqué

j

on

pla~a

a

l'extrémité du

mole une piece mexicaine de huit char–

gée

a

mitraille pour protéger l'embar–

quement. Ce fut alors que les MeKi·

cains, qui n'av¡¡ient osé houger de leur

forteresse improvisée depuis la re–

tr¡¡ite des FranQais, apprenant leurs

préparatifs de départ, se porterent en

masse sur la jetée. L'amiral donna

l'ordre de les laisser approcher, puis,

apres avoir pointé· lui-meme la piece

eje huit, commanda de faire feu. L'ef–

fet

en fut terrible sur cette troupe

serrée, qui ne reprit courage qu'en

voyant ses ennemis entrer dans leurs

chaloupes. Celles-ci ouvrirent 3ur-le–

champ un feu de caronades cbargées

a

mitraille; et cette fois encore, ces

nouvelles décharges firent de nom–

breuses victimes, parmi lesquelles il

faut compter Santa-Anna, qui se mon–

trait enfin, et qu'on reconnaissait

a

son

che1

1

al blanc et

a

son éclatant zarape.

Un bisca'ien lui fracassa la jambe

~au­

che, nn autre la main du meme coté,

son cheval fut tué sous tui. Le feudes

!\<lexicains, di1·igé sur les chaloupes

beaucoup trop chargées et qu'il était

difficile de mettre a flot, futégalement

meurtrier. II y eut du c-Oté des Fran–

cais huit hommes de tués et une soixan–

iaine de blessés. Les pertes des Mexi–

cains · furent infiniment plus nom–

breuses, et sans une brume épaisse,

Fran~ais

et Mexicains se seraient fait

beaucoup plus de mal encore. A peine

les derniers canots de l'amiral Baudin

furent-ils arril'éS

a

leur destination,

que cette brume, chassée pa1· un vent

Iéger du sud-est, se dissipa en quel–

ques minutes, et le soleil brilla de tout

son éclat. L'occasion parut belle pour

en finir avec cette caserne de la Vera–

Crux, facile

a

transforme1· en vérita–

ble forteresse et fort incommode alors

en cas de' nouvelle attaque. Pendant

deux heu res, les batteries de Saint–

.lean d'Ulloa et celles de

la Créo(e, d-u

f/

oltigeur, du Cuirassiei·

et de

f

E clair

firent pleuvoir une grele de boulets

sur ce grand batiment; ce fut le coup

de grace. La ville n'était plus tenable.

Les

Mei¡icains s'empresserent de l'a-

bandonner et d'aller camper a deux

lieues de la, au milieu des collines de

sable qui bordent la plage au sud–

ouest.

Ainsi se termina cette affaire de la

Vera-Crux honorable pour l'escadre

fran~aise,

et si étrangeinent défigu–

rée dans le rapport de Santa-Anna,

misérable t'Odomontade digne du hé–

ros de San - Jacinto. Ce document,

faux de tout point, n'en fut pas moins

placardé, dans toutes les rues de

Mexico, par ordre du gonvernement.

Le général mexicain y accusait l'ami–

ral d'avoir envahi la ville au moment

ou l'on négociait encore; il s'attribuait

tout l'honneur du triomphe; il traitait

de taches ces Frarn;;ais qu' il avait, di–

sait-il , poursnivis l'épée dans les

reins et forcés a se rembarquer; il

n'oubliait pas la prise de la piece de

huit qu'il faisait passer pour un canon

franqais. 11 déclarait, enfin, que s'il

n'avait pas respecté le parlementaire

de l'ennemi, c'est que cet ennemi ne

méritait aucun des égards dus aux na–

tions civilisées. Jamais plus insolent

langage n'avait été employé au ser–

vice de la calomnie et de la mauvaise

foi.

On pouvait regarder de ce moment

la guerre active comme terminée. La

possession de Saint-Jean d'Ulloa, Je

désarmement de la Vera-Crux, l'éloi–

&nement des troup!ls mexicaines, gages

de sécurité pour la France, tui per–

mettaient d'attendre a l'aise l'issue des

négociations que la vanité blessée du

congres devait retarder longtemps en–

core. Le président,

a

l'ouverture de la

session de

1839,

se montra tres-em–

pressé de caresser ce ridicule, dont il

n'était probablement pas plus exempt

que les autres. Dans un disconrs long,

diffus, déclamatoire, il répétait une

partie des mensonges officiels , il ap–

pelai t cette guerre la plus scandaleuse

des temps modernes; puis il flattait

les neutres par des paroles de bienveil·

lance ,

1'

Angleterre surtout, dans Ja–

quelle il semblait mettre toute sa con–

fiance. L'arrivée récente de M. Pac–

kenham, ministre. de S. M. B.

a

l\:JeKico, l'augmentait encore.

Ce

diplo-