i\lEXlQUE.
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et sans empechement. L'obusiet· fut
rembarqué
j
on
pla~a
a
l'extrémité du
mole une piece mexicaine de huit char–
gée
a
mitraille pour protéger l'embar–
quement. Ce fut alors que les MeKi·
cains, qui n'av¡¡ient osé houger de leur
forteresse improvisée depuis la re–
tr¡¡ite des FranQais, apprenant leurs
préparatifs de départ, se porterent en
masse sur la jetée. L'amiral donna
l'ordre de les laisser approcher, puis,
apres avoir pointé· lui-meme la piece
eje huit, commanda de faire feu. L'ef–
fet
en fut terrible sur cette troupe
serrée, qui ne reprit courage qu'en
voyant ses ennemis entrer dans leurs
chaloupes. Celles-ci ouvrirent 3ur-le–
champ un feu de caronades cbargées
a
mitraille; et cette fois encore, ces
nouvelles décharges firent de nom–
breuses victimes, parmi lesquelles il
faut compter Santa-Anna, qui se mon–
trait enfin, et qu'on reconnaissait
a
son
che1
1
al blanc et
a
son éclatant zarape.
Un bisca'ien lui fracassa la jambe
~au
che, nn autre la main du meme coté,
son cheval fut tué sous tui. Le feudes
!\<lexicains, di1·igé sur les chaloupes
beaucoup trop chargées et qu'il était
difficile de mettre a flot, futégalement
meurtrier. II y eut du c-Oté des Fran–
cais huit hommes de tués et une soixan–
iaine de blessés. Les pertes des Mexi–
cains · furent infiniment plus nom–
breuses, et sans une brume épaisse,
Fran~ais
et Mexicains se seraient fait
beaucoup plus de mal encore. A peine
les derniers canots de l'amiral Baudin
furent-ils arril'éS
a
leur destination,
que cette brume, chassée pa1· un vent
Iéger du sud-est, se dissipa en quel–
ques minutes, et le soleil brilla de tout
son éclat. L'occasion parut belle pour
en finir avec cette caserne de la Vera–
Crux, facile
a
transforme1· en vérita–
ble forteresse et fort incommode alors
en cas de' nouvelle attaque. Pendant
deux heu res, les batteries de Saint–
.lean d'Ulloa et celles de
la Créo(e, d-u
f/
oltigeur, du Cuirassiei·
et de
f
E clair
firent pleuvoir une grele de boulets
sur ce grand batiment; ce fut le coup
de grace. La ville n'était plus tenable.
Les
Mei¡icains s'empresserent de l'a-
bandonner et d'aller camper a deux
lieues de la, au milieu des collines de
sable qui bordent la plage au sud–
ouest.
Ainsi se termina cette affaire de la
Vera-Crux honorable pour l'escadre
fran~aise,
et si étrangeinent défigu–
rée dans le rapport de Santa-Anna,
misérable t'Odomontade digne du hé–
ros de San - Jacinto. Ce document,
faux de tout point, n'en fut pas moins
placardé, dans toutes les rues de
Mexico, par ordre du gonvernement.
Le général mexicain y accusait l'ami–
ral d'avoir envahi la ville au moment
ou l'on négociait encore; il s'attribuait
tout l'honneur du triomphe; il traitait
de taches ces Frarn;;ais qu' il avait, di–
sait-il , poursnivis l'épée dans les
reins et forcés a se rembarquer; il
n'oubliait pas la prise de la piece de
huit qu'il faisait passer pour un canon
franqais. 11 déclarait, enfin, que s'il
n'avait pas respecté le parlementaire
de l'ennemi, c'est que cet ennemi ne
méritait aucun des égards dus aux na–
tions civilisées. Jamais plus insolent
langage n'avait été employé au ser–
vice de la calomnie et de la mauvaise
foi.
On pouvait regarder de ce moment
la guerre active comme terminée. La
possession de Saint-Jean d'Ulloa, Je
désarmement de la Vera-Crux, l'éloi–
&nement des troup!ls mexicaines, gages
de sécurité pour la France, tui per–
mettaient d'attendre a l'aise l'issue des
négociations que la vanité blessée du
congres devait retarder longtemps en–
core. Le président,
a
l'ouverture de la
session de
1839,
se montra tres-em–
pressé de caresser ce ridicule, dont il
n'était probablement pas plus exempt
que les autres. Dans un disconrs long,
diffus, déclamatoire, il répétait une
partie des mensonges officiels , il ap–
pelai t cette guerre la plus scandaleuse
des temps modernes; puis il flattait
les neutres par des paroles de bienveil·
lance ,
1'
Angleterre surtout, dans Ja–
quelle il semblait mettre toute sa con–
fiance. L'arrivée récente de M. Pac–
kenham, ministre. de S. M. B.
a
l\:JeKico, l'augmentait encore.
Ce
diplo-