MEXIQUE.
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comme
ta
reconnaissance n'est pas la
yertu obligée des hommes politiques,
Bravo acct>pta et poussa chaudement
la guerre. On éta1t alors
a
la fin de
1830,
et l'administration de Busta–
mente triomphait de tous ses enne–
mis. II y avait entre elle et les Etats
apparence d'harmonie. La grospérité
du commerce la snvait
a
merveille;
les ports du Mexique se remplissaient
des arrivages de l'Europe, et le pro–
duit lles douanes au¡;mentait dans une
proportion inespéree. Les ministres
purent done, sans trop mentir, pré–
senter,
a
iiouverture du congres, un
tableau du pays beaucoup plus satis–
faisant que celui de l'année précédente;
ils se flattaient meme de pouvoir af–
franchir le l\Jexique de tout tributen–
vers !'industrie étrangere, et il fallait,
a
les entendre, que tout ce qui était
consommé dans le pays se fabriquilt
par tui . Cependant, au milieu de cette
fievre de nationalité, la guerre du Sud
allait son train. Bravo venait de rem–
porter une victoire décisive sur le co–
lonel Alvarez ,
a
la suite de laquelle
tous les partisans de Guerrero s'étant
dispersé.s, le général vaincu avait cru
devoir se renfermer dans Acapulco.
Le malbeureux touchait
it
on heure
supreme. Apres quelque temps de si·
lenc;e sur sa destinée
1
on apprit tout
a
coup qu'il avait été arreté, jugé par
un conseil de guerre dans le village
de Cuilapa, et fusillé . Un
Te Deum
fut chanté par les partisans du gou–
vernement; un cri de douleur fut
poussé par le parti populaire, qui per–
dait on plus ferme appui; et n1or–
reur s'accrut encore, lorsqu'on sut
par ouelle infame trah ison
il
était
tombe aux mains de ses ennemis.
Un certain Picalunga ,
capitaine
d'un Mtiment sarde mouillé a Aca–
pul co, se présente un jour devant le
mini tre Facio. 11 se pré ente cqmme
l'ami de Guerrero , comme l' homme
qui jouit de toute sa confümce, le seul
qui pourrait le livrer au gouvernement,
si le gouverne111ent voulait récompen–
ser un tel service. Cinquante mille
pesos sont le prix que cet autre Judas
met
a
sa trahison. Le conseil des mi-
nistres s'assemble;
il
accepte le hon–
teux marché, et Picalunga revient en
toute hfite pour l'accomplir. II fait
tout ce que les traitres font en pareil
cas; il captive de plus en pluS' la con–
fian ce de sa victime, et lorsqu'il croit
qu'elle est toute
a
lui, que l'beure de
s'en emparer est arrivée,
il
invite le
général a déjeuner
a
son bord, et ce–
lui-ci , s'empressant d'accepter , s'y
rend avec trois aides de camp. Pica–
lunga
re~ut
ses h6tes avec toutes les
démonstrations d'un vif attachement;
et lorsqu'il les vit
a
table, disposés
a
jouir des plaisirs de cette réunion, il
fit fermer les écoutilles de Ja chambre,
tever l'ancre et mettre
a
la voile' en
se dirigeant vers le port de Huatulco,
ou des salellites
a
gages attendaient
l'infortuné qui devait leur etre livré.
Tout se consomma avec une affreuse
ponctualité. En vain le corps repré–
sentatif de Zaoatecas s'empressa-t-il
de solliciter du congres la grilce du
prisonnier, de la réclamer au nom de
ses anciens services, de son patrio–
tisme tant de fois éprouvé dans la
guerre de l'indépendance, de sa per–
sévérance dans les plus mauvais jours,
de son désintéressement, de sa loyauté:
tout fut inutile; la mort de Guerrero
était résolue. On tui don na pour juges
ses ennemis les plus acharnés ; et
ceux-ci se mootrerent, en le condam–
nant, dignes d'etre associés
a
la hon–
teuse célébrité de
Picalun~a.
L'action
· de ce misérable souleva d indignation -
tout ce qui portait un creur d'homme;
la bonte rejailli t sur ceux qui
l'em–
ployaient. On appliqua au gouverne–
ment l'odieuse épithete de Picalugano,
et longtemps apres, la dénomination
de picalugada serv it
a
désigner la trai–
trise et la subornation.
Cependant cette illégale condamna–
tion, entachée d'ingrat1tude, car Guer–
rero avait sauvé la vie
a
la plupart de
ceux qui Je faisaient mourir, arreta
l'insurreetion. Alvarez fit ses oondi–
tions. Coda llos fut pris et fusill é. Les
populations lassées, les chefs mirent
bns les armes, sans se foire illusion
toutefois sur les vues du pré ident.
Les moins clairvoyants apercevaient