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MEXIQUE.

2f7

comme

ta

reconnaissance n'est pas la

yertu obligée des hommes politiques,

Bravo acct>pta et poussa chaudement

la guerre. On éta1t alors

a

la fin de

1830,

et l'administration de Busta–

mente triomphait de tous ses enne–

mis. II y avait entre elle et les Etats

apparence d'harmonie. La grospérité

du commerce la snvait

a

merveille;

les ports du Mexique se remplissaient

des arrivages de l'Europe, et le pro–

duit lles douanes au¡;mentait dans une

proportion inespéree. Les ministres

purent done, sans trop mentir, pré–

senter,

a

iiouverture du congres, un

tableau du pays beaucoup plus satis–

faisant que celui de l'année précédente;

ils se flattaient meme de pouvoir af–

franchir le l\Jexique de tout tributen–

vers !'industrie étrangere, et il fallait,

a

les entendre, que tout ce qui était

consommé dans le pays se fabriquilt

par tui . Cependant, au milieu de cette

fievre de nationalité, la guerre du Sud

allait son train. Bravo venait de rem–

porter une victoire décisive sur le co–

lonel Alvarez ,

a

la suite de laquelle

tous les partisans de Guerrero s'étant

dispersé.s, le général vaincu avait cru

devoir se renfermer dans Acapulco.

Le malbeureux touchait

it

on heure

supreme. Apres quelque temps de si·

lenc;e sur sa destinée

1

on apprit tout

a

coup qu'il avait été arreté, jugé par

un conseil de guerre dans le village

de Cuilapa, et fusillé . Un

Te Deum

fut chanté par les partisans du gou–

vernement; un cri de douleur fut

poussé par le parti populaire, qui per–

dait on plus ferme appui; et n1or–

reur s'accrut encore, lorsqu'on sut

par ouelle infame trah ison

il

était

tombe aux mains de ses ennemis.

Un certain Picalunga ,

capitaine

d'un Mtiment sarde mouillé a Aca–

pul co, se présente un jour devant le

mini tre Facio. 11 se pré ente cqmme

l'ami de Guerrero , comme l' homme

qui jouit de toute sa confümce, le seul

qui pourrait le livrer au gouvernement,

si le gouverne111ent voulait récompen–

ser un tel service. Cinquante mille

pesos sont le prix que cet autre Judas

met

a

sa trahison. Le conseil des mi-

nistres s'assemble;

il

accepte le hon–

teux marché, et Picalunga revient en

toute hfite pour l'accomplir. II fait

tout ce que les traitres font en pareil

cas; il captive de plus en pluS' la con–

fian ce de sa victime, et lorsqu'il croit

qu'elle est toute

a

lui, que l'beure de

s'en emparer est arrivée,

il

invite le

général a déjeuner

a

son bord, et ce–

lui-ci , s'empressant d'accepter , s'y

rend avec trois aides de camp. Pica–

lunga

re~ut

ses h6tes avec toutes les

démonstrations d'un vif attachement;

et lorsqu'il les vit

a

table, disposés

a

jouir des plaisirs de cette réunion, il

fit fermer les écoutilles de Ja chambre,

tever l'ancre et mettre

a

la voile' en

se dirigeant vers le port de Huatulco,

ou des salellites

a

gages attendaient

l'infortuné qui devait leur etre livré.

Tout se consomma avec une affreuse

ponctualité. En vain le corps repré–

sentatif de Zaoatecas s'empressa-t-il

de solliciter du congres la grilce du

prisonnier, de la réclamer au nom de

ses anciens services, de son patrio–

tisme tant de fois éprouvé dans la

guerre de l'indépendance, de sa per–

sévérance dans les plus mauvais jours,

de son désintéressement, de sa loyauté:

tout fut inutile; la mort de Guerrero

était résolue. On tui don na pour juges

ses ennemis les plus acharnés ; et

ceux-ci se mootrerent, en le condam–

nant, dignes d'etre associés

a

la hon–

teuse célébrité de

Picalun~a.

L'action

· de ce misérable souleva d indignation -

tout ce qui portait un creur d'homme;

la bonte rejailli t sur ceux qui

l'em–

ployaient. On appliqua au gouverne–

ment l'odieuse épithete de Picalugano,

et longtemps apres, la dénomination

de picalugada serv it

a

désigner la trai–

trise et la subornation.

Cependant cette illégale condamna–

tion, entachée d'ingrat1tude, car Guer–

rero avait sauvé la vie

a

la plupart de

ceux qui Je faisaient mourir, arreta

l'insurreetion. Alvarez fit ses oondi–

tions. Coda llos fut pris et fusill é. Les

populations lassées, les chefs mirent

bns les armes, sans se foire illusion

toutefois sur les vues du pré ident.

Les moins clairvoyants apercevaient