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L'UNIVERS.
Tampico, alors sans fortifications.
:Mieux eút valu, sans doute, en abor–
dant di rectement
a
ce petit port, épar–
gner
a
l'a rmée une marche pénible et
dangereusc. lUais Barradas, convaincu
que1es Mexicaius allaient accourir par
masses sous les drapeaux du roí, avait
háte de leur en offrir l'occasion.
11
se
plaisai t
a
le répéter devant les mis–
sionnaires franciscains qui l'accompa–
gn::iient, et dont le secours luí parais–
saitsansdoute plus précieuxquecelui de
l'artillerie, puisqu'il n'avait pas meme
embarqué quelques canons de siége.
On le vit encore en cette circonstance
parodier le'conquérant du seizieme sie–
cle. Il ne
fit
pas'
a
la vérité' bn1ler
ses vaisseaux, mais
il
ordonna que
l'e~cadre
s'éloignát, comme si elle n'et1t
plus été d'aucune utilité.
Cependant ces l\iexicains, qui de–
vaient grossir l'a rmée de Barradas, se
montrerent bientot , mais en ennemis
indignés d'une telle entreprise. Trois
cents d'entre eux , placés en embus–
cade avec deux pieces de canon sur les
hauteurs boisées de Los Corchos, ten–
tcrent d'arreter les
Espa~nols.
Une
fusillade bien nourrie m1t quelques
instants J'avant - garde en dés·ordre.
Cette petite roupe dut bientot céder
au nombre, et Tampico fut occ1.1pé par
les tro,1 pes royales. Toujours confian–
tes dans Jeurs proclamations, elles en
attendaient tranquillement le résultat,
lorsque Ja nouvelle du débarquement
de l'ennemi, allant de bouche en bou–
che sur tous les poi nts du pays, par–
vint
a
Mexico. Elle n'y
trouva J'a–
bord que des
incrédules; mais
les
courriers se succédant sans relache,
il
fallut bien
y
croire. A ce bruit, plus
de di visions de partí, plus de querelles
d'amb1tion, meme horreur du joug es–
pagnol. De toutes parts, on s'arma
pour Ja guerre; des géneraux émigrés
ou hannis demand erent et obtinrent
Ja
foveur de combattre pour la patrie,
et tout le pays se leva comme un seul
homme. Guerrero s'empressa de con–
voquer le congres. 11 demanda la dic–
tature et la suspension de la constitu–
tion. Le sénatfitquelques diflicultés de
luidéférer une telle autorité. Il l'obtint
en fin avec quelques restrictions. 11 avait
une belle occasion de rédu ire pour
longtemps l'opposition au silence.
U
fallait faire moins de proclamations,
moins d'appels
a
1.10
patriotisme qui
n'avait pas•besoin d'etre excité, mais
se mettre
a
Ja tete de l'armée, et mar–
cher droit
a
l'ennemi. Idole de la pa–
trie apres la victoire, Je titre de libé–
rateur J'a ttendait. Un autre que lui, le
général Santa-Anna, se háta de le con–
quérir. Ce gouverneur de la Vera–
Crux se reposait des fatigues de la
derniere campagne, dans sa retraite
de Manga de Clavo,.lorsqu'il apprit le
débarquement des Espagnols. Aussi–
tot il vote
a
la Vera-Crux. Il n'attend
ni les décrets du concrres ni les pro–
clamations du président. Il appelle
aux armes la population.
11
demande
au commerce de remplir la caisse de
l'armée , et s'embarque avec buit ou
neuf cents hommes pour alter au se–
cours de la province envahie.
_
Que faisait le général espagnol?
JI
attendait toujours !'arme au bras l'is–
sue de ses proclamations. Tristement
détrompé sur les dispositions des l\Jexi–
cains' il finit par se décider
a
mar–
cher en avant.
Il obtint d'abord
quelques succes sur Ja division de la
Garza, et il allait probablement en
finir avéc elle lorsqu'il apprit 9ue
Santa·Anna attaquait Tampico, ou il
n'avait laissé que trois cents hommes
et beaucoup de malade.s. Cette faible
gatnison faisait une résistance hérol–
que, lorsque Barradas accourt en toute
hate pour mettre l'assiégeant entre
deux feux. A son tour, Santa-Anna
se crnt perdu. Une ruse le tira d'af–
foire. Il fit croire au commandant es–
pagnol que plusieurs régiments de mi–
Jice venaient
il
son aide. Ce mensonge
lui valut la permission de repasser le
fleuve, et le bonheur d'échapper, avec
cinq cents des síens , aux trois mille
hommes que Barradas pouvait encore
mettre en Jigne. J,a famine, les maJa–
dies, la mísere, l'insalubrité du climat,
les pluies, les moustiques décimerent
bientot cette petite troupe : elle atten- ·
dit en vain, pendant le mois d'aoüt,
les renforts promis. Les Mexicains en