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212

L'UNIVERS.

Tampico, alors sans fortifications.

:Mieux eút valu, sans doute, en abor–

dant di rectement

a

ce petit port, épar–

gner

a

l'a rmée une marche pénible et

dangereusc. lUais Barradas, convaincu

que1es Mexicaius allaient accourir par

masses sous les drapeaux du roí, avait

háte de leur en offrir l'occasion.

11

se

plaisai t

a

le répéter devant les mis–

sionnaires franciscains qui l'accompa–

gn::iient, et dont le secours luí parais–

saitsansdoute plus précieuxquecelui de

l'artillerie, puisqu'il n'avait pas meme

embarqué quelques canons de siége.

On le vit encore en cette circonstance

parodier le'conquérant du seizieme sie–

cle. Il ne

fit

pas'

a

la vérité' bn1ler

ses vaisseaux, mais

il

ordonna que

l'e~cadre

s'éloignát, comme si elle n'et1t

plus été d'aucune utilité.

Cependant ces l\iexicains, qui de–

vaient grossir l'a rmée de Barradas, se

montrerent bientot , mais en ennemis

indignés d'une telle entreprise. Trois

cents d'entre eux , placés en embus–

cade avec deux pieces de canon sur les

hauteurs boisées de Los Corchos, ten–

tcrent d'arreter les

Espa~nols.

Une

fusillade bien nourrie m1t quelques

instants J'avant - garde en dés·ordre.

Cette petite roupe dut bientot céder

au nombre, et Tampico fut occ1.1pé par

les tro,1 pes royales. Toujours confian–

tes dans Jeurs proclamations, elles en

attendaient tranquillement le résultat,

lorsque Ja nouvelle du débarquement

de l'ennemi, allant de bouche en bou–

che sur tous les poi nts du pays, par–

vint

a

Mexico. Elle n'y

trouva J'a–

bord que des

incrédules; mais

les

courriers se succédant sans relache,

il

fallut bien

y

croire. A ce bruit, plus

de di visions de partí, plus de querelles

d'amb1tion, meme horreur du joug es–

pagnol. De toutes parts, on s'arma

pour Ja guerre; des géneraux émigrés

ou hannis demand erent et obtinrent

Ja

foveur de combattre pour la patrie,

et tout le pays se leva comme un seul

homme. Guerrero s'empressa de con–

voquer le congres. 11 demanda la dic–

tature et la suspension de la constitu–

tion. Le sénatfitquelques diflicultés de

luidéférer une telle autorité. Il l'obtint

en fin avec quelques restrictions. 11 avait

une belle occasion de rédu ire pour

longtemps l'opposition au silence.

U

fallait faire moins de proclamations,

moins d'appels

a

1.10

patriotisme qui

n'avait pas•besoin d'etre excité, mais

se mettre

a

Ja tete de l'armée, et mar–

cher droit

a

l'ennemi. Idole de la pa–

trie apres la victoire, Je titre de libé–

rateur J'a ttendait. Un autre que lui, le

général Santa-Anna, se háta de le con–

quérir. Ce gouverneur de la Vera–

Crux se reposait des fatigues de la

derniere campagne, dans sa retraite

de Manga de Clavo,.lorsqu'il apprit le

débarquement des Espagnols. Aussi–

tot il vote

a

la Vera-Crux. Il n'attend

ni les décrets du concrres ni les pro–

clamations du président. Il appelle

aux armes la population.

11

demande

au commerce de remplir la caisse de

l'armée , et s'embarque avec buit ou

neuf cents hommes pour alter au se–

cours de la province envahie.

_

Que faisait le général espagnol?

JI

attendait toujours !'arme au bras l'is–

sue de ses proclamations. Tristement

détrompé sur les dispositions des l\Jexi–

cains' il finit par se décider

a

mar–

cher en avant.

Il obtint d'abord

quelques succes sur Ja division de la

Garza, et il allait probablement en

finir avéc elle lorsqu'il apprit 9ue

Santa·Anna attaquait Tampico, ou il

n'avait laissé que trois cents hommes

et beaucoup de malade.s. Cette faible

gatnison faisait une résistance hérol–

que, lorsque Barradas accourt en toute

hate pour mettre l'assiégeant entre

deux feux. A son tour, Santa-Anna

se crnt perdu. Une ruse le tira d'af–

foire. Il fit croire au commandant es–

pagnol que plusieurs régiments de mi–

Jice venaient

il

son aide. Ce mensonge

lui valut la permission de repasser le

fleuve, et le bonheur d'échapper, avec

cinq cents des síens , aux trois mille

hommes que Barradas pouvait encore

mettre en Jigne. J,a famine, les maJa–

dies, la mísere, l'insalubrité du climat,

les pluies, les moustiques décimerent

bientot cette petite troupe : elle atten- ·

dit en vain, pendant le mois d'aoüt,

les renforts promis. Les Mexicains en