MEXIQUE.
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recev~ient
de tous cótés , et
a
la fin,
convamcu que la position n'était pas
tena ble, et que la vaine gloire de res–
ter quelques jours de plus sur la cote
~e
luí
laisserait pas un soldat l'a–
hde, Barradas se soumit
a
la dure
nécessité de capituler. Ce füt le
11
sep–
tembre, jour mémorable dans les fas–
tes du Mexique :épublicain, que les
générau¡x des deux armées signerent
les articles de la conventioo, qui chas–
sait pour la derniere fois les Espagnols
de leur ancienne colonie. L'armée de
Barradas mit has les armes; les offi–
ciers seuls conserverent leurs épées.
Les rnalades furent confiés
a
l'huma–
nité du vainqueur, q_ui se chargea de
les faire transporter a la Havane apres
leur guérison. Ajoutons que les Mexi–
cains exéouterent loyalement cette con–
ventio11 honorable pour les deux par–
tis; heureux contraste avec ce qui
s'était vu tant de fois au temps de la
premiere insurrection.
Si l'expédition de Barradas prouva
la ferme volonté de la nation de res–
ter indépendante
1
elle devint la cause
immédiate de troubles intérieurs. Le
Mexique tourna ses forces contr lui–
meme. Étrange destinée quecelle d'un
pays oli la fievre révolutionnaire sem–
ble l'état normal! Peodaotr¡ue Sa11ta–
Anna allait triomp ant de ville en
ville recevoir les ovatíons de la foule,
Guenero perdait de son crédit daos
le parti meme qui l'avai t élevé. 11 avait
dépl u par ses mesures fisca les .Les répu–
blicai ns riches ne lui pardoonaient pas
l'abolition générale de l'esclavage, car
les républicains tenaient a leurs noirs.
Entin le pouvoir dictatorial du prési–
dent semblait lourd
a
tout le monde.
L'armée de réserve' rassemblée
a
Ja–
lapa , sous les ordres de Bustamcnte,
le luí fit savoir. Guerrero avatt, pour
Ja seconde fois, fait la faute énorme
de réunil' u11 tel corps et de n'en pas
prendre le commandement. 11 déplai–
sait
a
l'orgueil aristocratique des offi–
ciers.1111';1ppartenait pasa la race blan–
che, et cela seul, disait-011, le rendait
indigne du poste qu'il occupait.
Avant de parler de cette lutte,
il
faut
dire deux mots de )'esprit de l'armée.
Cela peut serviral'intelligencede bien
des faits. La majoritéde l'armée n'avait
jamais été sincerement attachée
a
la ré–
publique, et, par instinct, ellecherchait
meme
i:t
la renverser, sans trop savoir
i:t
qui elle donnerait Ja·couronne. Apres
la victoi re obtenue sur les Espagnols,
on ne parlait parmi les chefs mexi–
cains que de centraliser la république
comme un premier pas vers le systeme
monarchique. Le gouvernement fédé–
ral était en horreur
a
l'armée. Les
troupes du Yucatan se prononcerent
les premieres pour ce nouvel ordre de
choses, en déclarant le Yucatan séparé
de la fédération jusqu'au moment ou
la fédérat ion cesserait d'exister. Les
officiers de la division de réserve de
Jalapa se prononcerent également;
mais, guidés par
les politiques de
Mexico, ils procéderent avec plus d'a–
dresse et de circonspection. lis publie–
rent, le
4
décembre 1829, un plan de
réforme. On se bornait
a
demander
la constitution dans toute sa pu reté,
et Je régime des lois. On n'indiquait
pas clajrc111ent les infractions auxquel–
les on voulait cependant remédier;
mais on' était plus explicite sur les
personnes. On déclarait que les indi–
vidus ayant contre eux f'opinion pu–
blique, seraient déposés de tout of–
fice appartenant, soit au gouvernement
général, soit
a
celui des États. Cette
déclaration ne laissait aucun doute sur
Je sort qu'on réservait
a
Guerrero.
Celui-ci ne se méprit pas sur la portée
d'un tel acte.
JI
se hata d'armer les le–
peros, d'organiser quelques bataillons
de milices auxquels il confia la garde
du palais, et se mit en marche avec
<leux mille hommes pour arreter les
insurgés. Mais il avait
a
peine quitté
la capitale que la garnison se révolta.
11 y eut entre elle et les militaires
quelques coups de fusil d'échangés ,
puis ceux-ci rendirent le palais ou v-in–
rent s'établir les chefs de 1'
1
usurrection,
qui constitüerent un gouvernement
provisoire, composé deD. Pablo Velez,
du général Rayon, de Louis.
Qui~tana et de Lucas Alaman, anc1en mr
nistre de
affaires étrangeres Cette
révolution, contre-partie de celle d(l