ME
XI
QUE.
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toria, qui semblait justifier, en accep–
tant, les
soup~onsdesvaincus (*).
Cette
junte lit rouvrir les boutiques, arborer
a~x
fenétres et sur les balcons de pe–
t1ts drapeaux blancs en signe de paix ,
et félicita les M.exicains d'événemcnts
qui couvraient lcur patrie de honte
et de deu\I.
La nouvl!lle de ces événements, bien–
tot répandue dans les provinces, ex–
cita
l'i ndignation de tous les Etats
dont le vote avait été favorable au pré–
sident élu. La législature de la Vera–
Crux se distingua par son énergique
opposi tion. Mais, soit l'i nOuence des
conseils pacifiques de Pedr:iza , soi t
l'audace ou
l'habileté de Guerrero,
cette opposition s'évanouit rapidement
comme une de ces pensées généreuses
qu'on n'a pas la force d'exécuter. Les
différents corps réu nis pour marcher
sur la ca pi tale s'arréterent.Santa·Anna,
qui
exer~ait
une espece de dictature
dans l'État d'Oaxaca, se déclara pour
la révolution , tout en blamant les ex–
ces commis
a
l\'lexico. Les garnisons
de la Puebla se tournerent au si du
coté du vainqueur; elles
s'emp~esse
rent probablement de se jeter dan
l'insurrection , pour avoir un prétexte
de piller la
conducta
ou Je con oi d'ar–
gent ,qui était en route pour la Vera–
Crux, et c1ui ne s'elevait pas a moins
de deux cent cinquaote mille dollars.
(')
La conduile de Vicloria a soulevé de
graves accusalions. Saas élre yorkioo, il
n'étail pas hostile
a
ce parti
j
plusienrs fonc–
tiounaires nommés par lui se faisaient rc–
marc¡uer par l'exagération de leurs opioious;
il avail placé
a
Ja tele de la milice de MeAico,
Torne!, un des .rorkiuos les plus inOueuts.
Aussi les moderés du coogres 1·efuserent
d'accorder au présidenl les pouvoirs extraor–
diaaires q11'il demanda au prcmier jour de
l'insurreclion, dans lacrainte de l'usage c¡u'il
en ferail. Ce fut chose facbeuse, rar Vic–
toria étail un homme d'honoeur. Il aurait
justifi¿ In coufiauce du congres et probablc–
ment comprime la révolte, s'il avait eu
a
sn
disposition un décret pour mett1·e la capi–
tale en état de siégc, créer une commission
militairc ,
y
traduire !out incli,•idu pris les
armes
a
la mai11, faire snr1·cillei· 1ou l homnw
suspect el suspendrn la libe1·1é de la presse.
14º
LJvraison.
(
l\IEXIQUE.)
Un tel exemple, suivi par d'autres •
corps armés, fit triompher la révolte
sur tous les points. Les commandants
militaires se prononcerent successive–
vement pour la présidence de Guer–
rero et l'expulsion des Espagnols. Les
escoceses eux-mémes céderent au tor–
rent, quitte
a
prendre leur revanche
plus
tard. La faction
triomphante
s'empara de tous les emplois, prési–
dence, ministere et fonctions publi–
ques les mieux payées. L'ordre revint
enfin, avec l'ambition de Guerrero
et les passions des yorkinos satis–
faites.
Les membres des deux chambres
qui s'étaient séparés comme nous l'a–
vons vu, reparurent successivement
a
Mexico et s'y trouvhent bientot en as–
sez grand nombre pour que le président,
encore en exercice, pOt ouvrir la ses–
sion du congres
a
l'époque ordinaire
du premie'r janvier
1829.
La physio··
nomie de l'assemblée était calme et
t~iste,
elle semblait incertaine et in–
quiete de la légalité de se
pouvoirs.
Le di cours du président fut pille et
embarrassé.
II rappela
les derniers
événements mais sommairement et
saos détails. Ce tableau était évidem–
ment calculé pour l'étranger; toute–
fois il ne dissi1nulait pas la gravi té
des cir.constances. L'horizon sembla
moins sombre des le jour suivant; on
apprit la soumission du corps de Cal–
deron et la démission de Pedraza, qui
demandait des passe-ports pour se
rendre aux États-Unis. On ne les luí
fit
pas attendre. C'était un grand em–
barras de moins pour le gouverne–
ment. Les chambres se trouvaien t auss i
plus
a
l'aise; elles pouvaient regarder
la derniere révolution comme un fait
accompli, et se tourner du coté du
vainqueur. On s'occupa d'abord de l'é–
lection du président. Il eUt été ration–
nel de la soumettre de nouveau aux
Iégislatures des différen ts .États;
mais
les
amis de Guerrero ne voulant
point courir une telle chance , prirent
le parti d'annuler la
nomi~ation
de
Pe–
draza, comme faite sous l influence de
la force militaire, et de présenter celle
de Guerrero comme l'expression <lu
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