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L'U.NIVERS.

tion absolutiste, sans écho dans les

masses, sans sympathie dans la classe

moyenne , avait été présentée sous

un aspect plus grave qu'il ne

~on­

venait, en vue de justifier les me–

sures arbitraires qu'on se proposait

de prendre contre les Espagnols.

La

n'é.tait pas le véritable danger. Alors,

au sein du pays, au milieu de la capi–

tale, une autre conspiration flagrante

et permanente allait tete levée, me–

nacant les

institutions é.tablies • la

constitution fédérale et l'ordre pulilic.

C'était la conspiration du parti ultra–

démocratique. Pour bien comprendre

les causes des événements qui vont

suivre, il convient d'exposer, en peu

de mots, l'état poli tique du pays au

mon1ent ou nous sommes parvenus.

Nul point du

9l ob~,

nous l'avons

déja dit, n'avait eté plus mal préparé

que le Mexique

a

la brusque transition

du despotisme

a

la démocratie. Cepen–

dant le systeme fédéral prenait ra–

cine dans les provinces. II Jeu r donnait

une importance qui les flatta\t. L'en–

trée aux diverses législ atures conve–

nait aux a1Qbitions subalternes, qui

trou1•aient

ta

un théatre a s'exercer.

Ce systeme avait de plus l'avantage de

réunir dans un pays, si différent de

climat et de produits, les intérets ma–

tétiels identiques soit agticoles , soit

industriels, et d'habituer toutes les

populations-

a

s'occupel' d'affaires lo–

cales dans Ja paisible carriere de l'ad–

ministration. l\Ialheureusement beau–

coup d'anciens militaires qui auraient

pu trouver place dans ce nouvel ordre

de choses préféraient aux emplois civils

la vie aventureuse du soldat, et, vé–

ritables condottieri , tenaient toujours

leur épée au service des factions.

Mexico, séjour du gouvernement

fédéral, était

a

Ja

fo

is le centre des ambi–

tions

dé~ueset

mécontentes, le repaire

des révolutionnaires les plus fougueux .

La se réunissaient aussi les hommes

influents

du

parti

conservateur ,

loyaux défenseurs de la constitution

jurée, et amis sinceres de l'ordre et de

Ja

lé~alité.

Ces deux grands partís se

classerent bientot sous les deux déno–

minations éle

escoceses

et de

yorkinos.

Les premiers se composaient de pro–

priétaire_¡; fonciers , de ceux surtout

qui possédaient des titres de noblesse

avant Ja révolution , d'officiers appar–

tenant

a

l'armée créole , opposés anx

premiers fouteurs de l'insurrection,

de députés aux cortes d'Espagne, nom–

més llvant Ja déclaration d'indépen–

dance d'Iturbide, de magistrats , de

riches négociants. Ces hommes, !'é–

lite de la société mexicaine, étaient

unls par les liens

ma~onniques

du rit

écossais , et se rénnissaient en Joge

pour délibérer sur les grands intérets

du pays , et donner aux élections Ja

direction qui semblait la plus con1·e–

nable

a

leurs opinions. Parmi les per–

sonnages influents de cette associa–

tion , qui doit. etre assimilée aux

fédéralistes des Etats-Unis, on comp–

tait le généra l Bravo , !'un des plus

honorables caracteres de

la révolu–

tion rnexicaine.

Jusqu'a l'année

1825

les

yorkinos

n'existaient pas comrne parti. Leut·

réunion se composa d'abord de pn–

triotes sages, étrangers aux

escoceses

sans leur etre hostiles. On leur don–

nait le nom de yorkinos '

a

rai son de

leur affiliation

a

une loge de New–

York. Ce fut

le ministre Poinsett,

l'un des dignitaires de cette derniere

loge, qui organisa celle de l\'Jexico. Elle

clevint célebre en peu de temps, et mal–

heureusement trop influentc. La se

réunirent successivement

tous

les

hommes nouveaux de la révolutiofJ,

les radicaux , les républicains les plus

avancés. L'exaltation des opinions

y

fut un titre d'admission et un moyen

d'influence. En peu de ternps la scis–

sion entre les deux loges ou les deux

clubs fut complete : les yorkinos se

poserent comme les adversaires dé–

clarés des escoceses. Leurs journaux

firent une guerre acharnée aux modé–

rés du pays ainsi qu'aux Espagnols

établis au Mexique, qui n'eurent pas

d'ennemis plus imµitoyables.

Le pouvoir était l'unique a_ffaire de

ces deux grands partís ;

m~is

ils le

cherchnient par des moyens différents:

les premiers, par la modération , l'or–

dre , le respect de la loi et de tous les