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L'UNIVERS.

en bataille sur Je gaillard d'arriere,

les repousserent a coups de sabre, et,

apres les avoir blessés plus ou moins

grievement, les jeterent pele-mele dans

la chambre du conseil. 11 fut meme

question de les égorger. Les plus logi·

quement cruels parmi les révoltés le

voulaiemt ainsi, attendu, .disaient-ils

avec le proverbe espagnol,

qu'un

lwmme mort ne parle pfos

(hombre

muerto no habla). Les plus humains

déciderent qu'on les débarquerait _sm·

une plage déserte, ce qui

fut

fait;

mais, fort heureusement pour eux,

deux baleiniers anglais survinrent qui

les recueillirent et les conduisirent a

l\'lanille. Un petit brick,

la Constan–

tia,

qui accompagnait

!'Asia,

suivit

son exemple; pu is les deux équipages

révoltés, sous les ordres du lieutenant

Martinez, se dirigerent vers les cotes

du Mexique, résolus, pour mettre leu1·

trahison a couvert' de se donner a la

nouvelle république. Arrivés dans Ja

baie de l\lonterey, l\lartinez fit savoir

ses i.•tentions au commandant mili–

taire du pays.

11

offrit de livrer au

1Wexique les deux bfttiments avec leurs

munitions et armements de guerre, et

de mettre les équipages a la disposition

de la 11épublique,

il

la condition qu'clle

Jeur payerait sur-le-champ tout ce qui

leur était du depuis le jour ou ils

avaient quitté l'Espagne. On n'a pas

besoin d'ajouter que cette capitulation

fut acceptée avec empressement par le

gouvernement mexicain. Il venait déja

de faire acheter en Angleterre un gros

bfitiment de la Compagnie des Indes,

le Surat Castle,

et deux frégates aux

États-Unis. Cette marine improvisée

lui donnait l'espoir de lntter avec

avantage contrc le triste débris de la

marine espagnole. Le congres, dans

sa session extraordinaire du mois

d'aot1t, s'empressa de voter les fonds

nécessaires aux divers services. Le

traité avec la Grande-Bretagne fut en–

core mis en délibération, mais rien ne

fut terminé. Une autre qtlestion non

moins ditficile et plus délicate causait

quelque agitation dans les provinces :

il s'agissait des rapports du Mexique

:avec le saint-siége. Le président s'était

empressé de féliciter Léon XII sur son

avénement au pontificat et de lui ex–

poser le besoin de l'Église mexicaine.

Le pape, non moins poli, s'était haté

de féliciter le président de ses senti–

ments reVigieux et de sa constance

daos Ja foi, en lui donnant sa bé–

nédiction apostolique. Ce n'était pas

précisément tout ce que demandait le

président; il aurait bien voulu que Sa

Sainteté se

pronon~at

favorablement

sur les nominations aux siéges vacants

dans l'étendue de la fédératiou, et se

reliichat de l'influence qu'il voulait

exercer sur des matieres que Je gou–

vernement de la république resardait

absolument comme du ressort de l'au–

torité temporclle. Le congres prit fait

et cause dans cette lutte, en rléclarant

qu'il maintiendrait les droits du gou–

vernement civil contre les usurpations

du pouvoir religieux, et qu'il punirait

tout habitant qui, sous prétexte de

défendre la religion, ohercherait

iJ

ex–

citer des troubles. Ceci pouvait peut–

étre intimfder quelques l\lexicains,

mais n'avancait nullement les affaires

de la république en cour de Rome. Les

hommes pieux dans les provinces con–

tinuerent de murmurer.

Un événement important pour les

destinées de la république fit oublier

les discussions religieuses et les rava–

ges d'une épidémie qui venait d'aflliger

toute éette partie de l'Amérique. De–

puis longtemps, le siége de Saint-Jean

d'Ulloa, toujours occupé par les Espa·

gnols, n'était plus qu'une espece de

blocus. Le canon de la forteresse avait

jonché de ruines les mes de la Vera–

Crux; rnais la forteresse, en proie

a la famine et aux maladies' voyait .

chaque jour diminuer sa garnison.

Le général Coppinger, son com·

mandant, ne voulait entendre

á

au–

cune capitulation tant qu'il tui res–

tait l'espoir d'etre secouru. Cet espQir

s'évanouit enfin, lorsqu'une tempete

dissipa quelques frégates espagnoles

qui etaient arrivées en vue de la for–

terresse. Rédui t

u

la derniere extré·

mité, ce brave général obtint une

honorable capitulation. La garnison

sortit avec les honneurs de

la

guerre,