MEXIQUE.
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droits acquis; les secónds, par l'audace
révolutionnaire paréedes couleurs d'un
patriotisme exclusif, ayant toujours
a
la bouche les
~rands
mots de salut
]JUblic. Les yorkinos, plus nombreux
que les escoceses, faisaient sans re–
Jache appel aux passions de la multi–
tude, au. irritations du pays, et, dans
les circon. tances décisives,
a
l'armée.
Leur loge éta it véritablement au Mexi–
que ce que le club desjacobins avait été
en France; on
y
dénon~ait
incessam–
ment comme amis du despotisnie et des
Espagnols, générau x, députés, minis–
tres, fonctionnaires de tout rang. Le
gouvernementetleschambres n'étaient
que trop souvent obligés de céder aux
violences et aux intrigues de ces fou–
gueux démocrates. Le mal était assez
grand pour apprler un prompt re–
mede
(1827).
La prohibition des so–
ciétés secretes et la fermeture des
loges maconniques fot proposée par le
gouverne1nent et adoptée par · le se–
nat,
iJ
Ja majorité de vir¡gt - quatre
voix contre sept , et par la chambre
des représentants, par quarante suf–
frages contre
ving~-quatre.
Je donne
ce chiffre pour qu'on puisse prendre
une idée de la force des deox parlis
dans la législature, et se eonnincre
que l'ordre et la paix públi.que n'a–
vaient rien
a
redouter d'ttn parlemen t
ainsi composé. Le pouvoir exécutif,
a
peu pres désarmé,
lit
bien fermer les
loges
ma~onniques
existantes, mais ne
parvint point a
emp~cher
les york inos
ci'en ouvrir de nouvelles , d'y conti–
nuer leurs séances, Jeurs calomnies
et leurs dénonciations contre les
meilleurs citoyens. lis obtinrent un
premier succes contre les Espagnols.
Apres quatre mois de délibérations,
Je congres finit par les exclure de tout
emploi public, civil, milit<11ire, ecclé–
siastique, les évechés exceptés, et cela
jusqu'au jour ou l'Espagne aurait re–
connu l'mdépendance de la nation.
Cette concession ne satislit pas les
puritains du l\Iexique; ils voulaient
quelque chose de mieux : il leur fal–
lait l'expulsion de tout ce qui était né
en Espagne. Déja quelques provinces
la réclamaient hautement , et pre-
naient l'initiative en bannissant ceux
qui n'avaient pas preté serment
a
la
constitution. l\lais, s'il était facile de
chasser des vaincus, des familles iso–
lées , des fernmes et des enfants sans
défense,
il
l'était un peu moins de
triompher de la misere et ele la ban–
queroute. Ces deux íléa ux étaient venus
s'abattre sur la nouvelle république.
V.n dépit de tous les brillants tableaux
du ministre des finances, il fallait re–
connaitre enfin un énorme déficit. On
avait menti
a
la nation et
a
l'Europe
dans les budgets précédents, en grou–
pant habilement les chiffres pour éta–
blir un excédant de recettes sur les
dépenses. On avait meme évalué le
revenu net de l'année financiere
1827
a
1828
a
13,667,637
dollars' et la dé–
pense
a
13,363,098'
et l'on concluait
un excérlan t de
304,539
dollars. Ce–
pendant, des cette meme année
1827,
le gouvernement était hors d'état de
sati~faire
aux engagements du de–
dans et du dehors, et ne pouvait payer
les divid endes et les traites renvoyées
el'
Angleterre. La république mexicaine,
si
~·iche
sur son budget, se vit bientot
en faillite sur la place de Londres.
Force fut au
p~ésident,
dans le dis–
cours d'ouverture de la seconde scs–
sion de septembre
1827 ,
de foire
pressentir ce fücheux état de choses,
et la néces-sité d'un emp1'u11t. Cet em–
prunt souleva une vi ve opposition ; on
luí préférait l'établissement de nou–
veaux impot .
11
passa cependant,
aprcs de longues conférences, et fut
spécialement affecté au payement des
di vid endes dus
a
Londres , et des
traites protestées ren voyées au gou–
vernement.
A ces tristes débats financiers vint
se meler la question relative
a
la
nomination du président, du suc–
cesseur de Guadalupe Victoria. La
constitution fixait l'epoque de la no–
mination du chef de la répuhlique
au mois de septembre de l'année qui
précédait celle oli finissaient ses fonc–
t ions; ele plus, par une étrange ano·
malie, il s'écoulait sept mois entre
l'élection du nouveau président et lo
jour ou
il
prenait possession du gou-
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