Table of Contents Table of Contents
Previous Page  248 / 678 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 248 / 678 Next Page
Page Background

208

L'UNIVERS.

tout

a

la facade du palais. Mais ces

terribles scenes n'étaient que 111 prélude

de scenes plus horribles encore. II n'y

avait eu jusque-la rien de décisif. Le

4, la fortune se

pronon~a

pour l'in–

surrection.

De~

le matin, le président

avait foit arborer le drapeau blanc sur

I'

Acordada et cesser le feu. Ces paci–

fiques démonstrations furent dédai–

gnées par un ennemi supérieur en

nombre et qui venait de recevoir de

nou veaux

renforts commandés par

Guerrero en personne

(*).

Le feu re–

commen~a

plus vif et plus

m~urtrier.

Les masses de leperos cernerent le

petit nombre de soldats du gouverne–

ment qui restaient encore. Ces braves

ne cédaient le terrain que pied

a

pied ;

enfin , acculés au palais, il leur fallut

mourir ou se rendre. On vit plusieurs

d'entre eux briser de rage leurs armes

contre les murailles, indignés de la

lficheté de leurs chefs qui les :ivaient

abandonnés. Le congres, en perma–

nence depuis le commencement de l'in–

surrection, protesta, avant de se dis–

souoi·e, contre la dolence dont il était

l'objet. Le général Victoria ne suivit

point un tel exernple; il :illa au-_devant

des insurgés, et revint au palais escorté

par Lohuto et les autres chefs yorki–

nos, avec lesquels il entra sur-Ie-champ

en conférence. On ne peut expliquer

une telle conduite de la part d'un

homme qui avaitdonné tant de preuves

de courage, qu'en supposant qu'il vou–

lait éviter

a

Mexico les horreurs d'un

pillage qu'il savait promis aux leperos.

Inut1les efforts. Victoria semblait ou–

blier qu'un magistrat supreme qui n'a

pas su réprimer l'émeute

a

sa nais–

sance, n'est plus qu'un fantome sans

valeur devant

l'émeute victorieuse.

Pendant que le président traitait avec

elle, les leperos se répandaient comme

un torrent sur la ville. Sous le pré–

texte de chercher des F.spagnols, ils

enfoncaient les portes des plus riches

Mcxicains. Le

Parían,

bazar de cette

(') La milice nationale de Mexico passe

pour avoir pris une part forl active dans

cette insurrection; elle était récemment or–

ganisée et sous l'inlluence des yorkiuos.

grande cité, fut envahi

pat

eux et sac·

cagé de fond en comble. C'était un

horrible spectacle que celui de ce

peuple 11n haillons se disputant les

mousselines et les soieries de l'Inde,

les porcelaines de la Chine et du

Ja–

pon, les meubles précieux, les bijoux,

les pieces d'orfévrerie, les sacs d'or

et d'argent. On a dit que des gens hien

vetus, des officiers, des pretres meme'

prirent part

a

ce

pilla~e'

qui s'étendit

a plusieurs maisons- ae banque et de

commerce étrangeres ou mexicaines,

et qui se prolongea une nuit durant,

pendant laquelle Mexico fut en proie

a tous les exces auxquels une solda–

tesque furieuse s'abandonne dans une

place prise d'assaut. On porte le chiffre

des morts, dans ces affreuses jour–

nées,

a

huit cents militaires ou citoyens.

Plus de cinq cents familles opulentes

perdirent tout ce qu'elles possédaient,

et se virent en quelques heures ré–

duites

a

la misere. Le lendemain ,

l\'lexico ressemblait

a

un champ deba–

t;aille couvert de ruines et de cadavres.

Plusieurs membres du gouvernement

et des deux chambres, ministres, con–

suls étrangers, prirent la fui te.

Pedraza, dont la tete était demandée

par les sicaires de Lobato , se retira

dans l'État de Guadalaxara. II y comp–

tait de nombreux partisans, ainsi que

dans les provinces

d~

Zacatecas et de

Guanaxuato. 11 pouvait avec eux pro–

longer la lutte et faire triompher sa

cause, intimement liée

a

l'existence du

pacte fondamental; mais la lutte etlt

été longue. Pedraza, éminemment pa–

triote, lit le sacrifice de ses droits á la

paix de son pays;

il

remercia ses amis

de leurs offres de service; il les con- ·

jura meme' pour terminer la guerre

civile, de se soumettre

a

un autre

président, et tui'· apres avoir formel–

lement résigné ses fonctions, se con–

damnant

a

l'exil comme une cause de

troubles, s'éloigna du Mexique.

Retournons dans la capitale désolée.

Au milieu de la consternation géné–

rale, les chefs des rcbeHes établirent

une junte provisoi(e composée des gé–

néraux Lobato, Zavala , et

a

la tete de

Iaquelle ils placerent Guadalupe Vic-