MEXI QUE.
197
vétu de l'acceptation de toutes les Ié–
gislatures provinciales, fut promulgué
comme loi fondamentale pour etre exé–
cuté sur-le-champ. Le congres, avant
de se dissoudre. procéda
a
la nomina–
tion du président de la république. Son
choix tomba sur le général Guadalupe
Victoria; le général Bravo fut nommé
vice-président. 11 était impossible de
choisir deux hommes qui eussent plus
de talents, de dignité et de modéra- ·
tion, et qui inspirassent plus de con–
fiance
a
l'étranger. C'est de cette épo–
que que date l'ére constitutionnelle du
Mexique.
Cette forme de gouvernement fédé–
ral, qui n'exíste plus aujourd'hui, por–
taít évídemment l'empreinte de l'imi–
tation. C'était le systéme constitution–
nel des États-Unis, avec quelques mo–
difications qui n'étaient pas heureuses.
Dans sa loi fondamentale, le Mexique
sedéclarait libre, souverain, indépen–
dant de
tou~e
autre puissance. Vieux
catholique
a
la maniere de l'Espagne,
il
n'admettait que la religion romaine
1
et prohibait tous les autres cultes ; il
se constituait en république fédéral e,
dont toutes les parties formaient au–
tant d'États également libres, souve–
rains et indépendants. 11 confiait le
pouvoir législatif
a
un sénat et
a
une
chambre des
représentants , dont
les membres étaient ch9isis par tous
les citoyens de chaque Etat; il remet–
tait le pouvoir exécutif aux mains d'un
président, mais un pouvoir limité par
toutes les restrictions omhrageuses
de la démocratíe. Ce président ne pou–
vait etre réélu qu'apres un intervalle
de quatre ans; il ne pouvait comman–
der les forces nationales en personne
sans une permission du congres , ni
faire arreter un individu de sa propre
autorité. Entre deux sessions du con–
gres , un conseil de gouvernement se
trouvait investi d'une grande partie
de la puissance souvernine. Il décidait
de l'emploi des mil ices locales; il rati–
fiait les nominations faites par le pré–
sident;
il
convoquait le congres;
iJ
veillait
a
l'observatíon de la constitu–
tion et des Iois; il gouvernait enfin.
Les États particuliers, indépendants
les uns des autres , et possédant des
droits égaux, avaient aussi leurs cham–
bres législatives, et leur pouvoir exé·
cutif, et leurs tribunaux, et leurs rc–
venus spéciaux. lis s'imposaient, s'ad–
ministraient; mais les constitutions
de ces États ne pouvaient jamais etre
en opposition avec la loi fondamen·
tale; celle-ci , dans ses 171 articles ,
réglait tout ce qui avait rapport
a
l'or–
ganisation génerale de la république
et aux obligations des États avec Je
gouvernement central; elle réglait en–
core les droits et
l~s
capacités politi·
ques et les formes de l'élection. La li–
berté de la presse s'y trouvait formel–
lement consacrée, sauf les restrictions
légales; mais on y cherchait vaine–
ment
le jugement par jury et la
publicité des audiences. On ne peut
nier que cette constitution, tout im–
parfaite qu'elle était, ne renfermfit
Je germe d'un progres réel. Elle faisait
au cougres l'obligation d'ouvrir des
routes, des canaux, de créer une admi–
nistration des postes, de faciliter les
relations commerciales, d'assurer la
liberté du commerce, de récompenser
les inventeurs des découvertes, de sup–
primer tous les genres de monopoles,
et de répandre l'rnstraction par l'éta–
blissement d'écoles spéciales pour la
marine et l'armée, et d'écoles primai–
res pour le peuple.
Le Mexique était-il pret
a
rece–
voir soudainement tant de liberté,
tant de droits politiques compléte–
ment nouveaux? Les principes qu'on
venait de décréter étaient-ils familiers
aux masses , ou meme compris par
elles? Nous sommes loin de le penser.
Cette grande contrée n'était nullement
préparée
a
la brusque transition du
régime absolu nux formes et aux alia–
res des
républiques démocratiques.
Cecine s' improvise pas. Les États-Unis
ne pouvaient servir d'exemple; car les
conditions des deux peuples différaient
entiérement. Les colonies anglaises,
avant leur
émancip~tion,
posséd¡¡.ient
presque tous les élements des Etats
libres : législatures locales , systeme
·d'élection et droits politiques. Au Mexi–
que, le peuple était nul:
il
n'était point