192
L'U_NIVER.S.
ncutre aux frais de l'État. On luí of–
frit une escorte d'honneur de cinq
cents bommes prise parmi lt:s troupes
qui lui étaient restées fideles jusqu'a
la fin ; mais lui voulut prendre cette
escorte dans les rangs de l'armée ré–
publicaine, et demanda que le com–
mandement en fílt confié au brigadier
général Bravo, qui l'accompagna jus–
qu'a
Anti~ua,
pres de la Vera·Crux.
C'est de la qu'il mit
a
la voile, le
11
mai
1823,
pour se rendre en Italie.
La
révolution qui venait de s'opérer
conduisait tout naturellement
a
la ré–
publique. On ne discutait plus que sur
la forme. Le congres, en attendant,
se trouvait dépositaire du pouvoir. 11
débuta par un acte arbitraire ,_ et cela
· ne doit pas étonner en temps de révo–
Jution. Ce congres , qui avait fait un
crime a Iturbide d'avoir cxigé le ren–
voi des dé9utés qui lui étaient contrai–
res , élimrna de son sein les partisans
de l'ex-empereur. II décréta que lepa–
villon national serait l'aigle mexicain
sans couronne. 11 aunula un emprunt
de seize rnillions de J?iastres, contracté
par Iturbide avec la maison Denis
Smith de Baltimore. Il défendit aux
membres du clergé de traiter de matiC..
res politigues , ce qui prouve que le
clergé était hostile au nouvel ordre de
choses, et s'arrangeait beaucoup mieux
du régime impérial. Enfin, le congres
s'occupa de la forme du gouvernement
et des bases de l'acte constitutionnel.
Mais pendant qu'il se livrait
a
cette
difficile besogne, sa légitimité était
mise en .question.
JI
était stipulé dans
les articles
II
et 111 de l'acte de Casa–
Mata, qu'il serait convoqué un nou–
veau congres. Quelques provinces de–
mandaient l'exécution immédiate e:le
cette disposition. Un comité spécial fut
chargé rt'examiner
l'opportunité de
cette mesure, et conclut a l'ajourne–
ment, motivé sur Je danger d'élections
uouvelles ,clans les graves circonstan–
ces ou l'on se trouvait, et sur le be–
soin de travailler sans reliiche a cous•
tituer Ja nation et les di verses bran,ches
du service public. Peut-etre eilt-il été
plus simple de déclarer franchement
que ceux qui tenaient Je pouvoir ne
prétendaient ' point le soumettre aux
chances incertaines d'Lrn scrutin nou–
veau. Cette décision fut fort mal recue
par les provinces de Guadalaxara, ·de
Valladolid, d'Oaxaca, de Zacatecas, de
Guanajuato, de Queretaro, de San-Luis
de Potosi, qui formerent des juntes et
se déclarcrent indépendantes. Santa–
Anna , que nous trouvons toujours
pret a fa1re de la politique les armes
a la main, se déclara l'un des premiers
contre le congres, én se proclamant le
protecteur de la république fédérale.
Ses forces n'égalaient pas son ambi–
tion : il ne disposait que de six cents
hommes. II fut bientot arreté ; ce qui
n'empecha pas l'opposition entre Je
pouvoir exécutif et les juntes provin–
ciales de se prolonger encore que.ques
mois. Il fallut la présence du géneral
Bravo, a la tete de sept a huit mille
hommes , pour amener un
arran~e
ment. Toutefois les provinces se pro–
noncereut toutes pour un gouverne–
ment fedéral , semblable a celui des
États-Unis. L'exemple de Santa-Anna
trouva quelques imitateurs. Le géné–
ral Echavari , qui commandait la pro–
vince de la Puebla, et un autre offlcier
supérieur nommé Hernandez a Cuer–
no.vaca, refuserent d'ohéir au pouvoir
exécutif; mais, abandonnés par leurs
soldats, ils furent obligés de se rendre
au général Guerrero, qui les fitconduire
a
l\'lexico.
Cette capitale était alors le théatre
de troubles beaucoup plus sérieux. La
chute d'Iturbide
y
avait laissé le germe
de divisions profondes. Les ambitions
particulieres ne pouvaient s'y accom–
moder d'un régime légal; elles regret–
taient le temps ou il suftisait de plaire'
a un seul homme pour s'élever rapi–
dement. Ces mécontents se compo–
saient particulierement de 1üilitaires et
d'ecclésiastiques. Le congres s'était
montré modéré. Les membres du pou–
voir exécutif, hommes sages et éclai–
rés , ménageaient soigneusement tous
les partis, et s'effor<(llient d_e réconci–
lier les habitants espagnols au nouvel
ordre de choses. lis employaient le
faible produit des impots de la douane
a
payer Ja solde arriérée des troupes
j