MEXI
QUE.
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majorité. Vers la méme époque, le con–
gres, tou.jours hostile au président, dé–
posá tro1s des membres de la régence,
n'en laissant qu' un seul en place, en–
nemi d'Iturbide, dans le but de ren–
dre son vote nul dans toute délibéra–
tion pol\tique. On alla meme, dans une
autre sé{lrlee, jusqu'a présenter un pro–
jet de loi qui déelarait le commande–
ment de l'atmée incompatible avec les
fonctions du pouvoir exécutif. 11 n'é–
tait plus permis aux amis cl'Iturbide de
se
foíre
illusiou sur le déclin de son in–
fluence; ils demeurerent convaincus
qu'il fallait se hater d'organiser un
mouvement populaire pour le porter
sur le trone, si l'on voulait profiter du
moment ou le souven ir de
s~s
services
n'était pas encore éteint. Leurs me–
sures furent concertées avec rapidité;
aucun homme de rang ne fut employé
ni méme mis daos le secret. lis ne s'a–
dresserent qu'aux sous-officiers et aux:
officiers non commis-sionnés de la gar–
nison, tres-dévoués
a
Iturbide. lis
avaient
a
leur téte un sersent du pi:e–
mier régiment d'infanter1e de ligne,
un nommé Pio Marcha, le plus exalté
de tous; on avait néuni pour le secon–
der une foule de le.peros (lazzaroni),
ces misérables vagabopds dont k rues
de Mexico sont rempJ1es. Tout ce i•as–
semblement se porta <ilevant la maison
d'Iturbide, dans la nuit du 22mai1822,
et le proclama empereur, sous Je nom
d:Augustin
¡•r.
Les cris, les vivat, les
feux de joie se succéderent jusqu'au
jour. Aucune des manreuvres hypo–
crites que les usurpateurs pratiquent en
pareil cas, pour simuler une apparence
(le liberté et de vreu nalional, ne fut né-
,· gligée en cette occasion. Iturbide parut
hésiter, afin qu'on sembldt lui faire vio–
Jence. 11 publia une proclamation éq ui–
voque, qui encourageait le mouvement
commencé sous l'apparence de le mo–
dérer, en meme temps qu'il prenait
sous main toutes les mesures nécessai–
res pour parvenir
a
ses fins . Le len–
demain , le congres fut extraordinaire–
ment convoqué pour prenclre part
a
cette parade
politiq.ue. Les ap;ents d'I–
turbide commencerent par obtenir un
'lécret qui Jui ordonnait de se rendre
au seiO' de l'assemblée. II y vint, ac–
compagné de quelques militaires de di–
vers grades. Les tribunes étaient rem–
plies par ses partisans armés. Les cris
de cette multitude couvraient la voix
des députés indépendants, et ses .ac–
clamations encourageaient l'éloquence
des députés vendus. Iturbide, se dra–
pant du manteau de l'hypocrite, récla–
mait la liberté de la parole pour ses
adversaires, et suppliait la p9pulace des
tribunes de les écouter avec bienveil–
Jance. La fin de ce pitoyable drame fut
ce qu'elle devait etre : l'élection d'Itur–
bide, proposée et discutée,
re~ut
la
sanction d'une assemblée qui n'était
pas libre. Sur cent quatre-vingt-cleux
députés, dont Je congres deva1t etre
composé, quatre-vingt-quatorze seu–
Jement se trouverent présents ; soix:m–
te-dix-sept voteren t pour l'élection,
deux se retirerent sans voter, et quinze
se prononcerent pour la négative, dé–
clarant qu'il leur paraissait indispen–
sable d'en référer a leurs commettants
· et d'en obtenir des pouvoirs spéciaux.
A son retour au palais, comme lors–
qu'il s'était rendu
a
rassemblée, la
voiture du monarque improvisé íut
tra!née par le peuple
1
Les provinces apprirer¡t cet événe–
ment par les joµrnaux, et l'accepterent
comme un fait accompli . L'opposition
était concentrée clans Ja capitale , mais
morne et silenoieuse; elle ne se révé–
Jait par aucun acte. La majorité d'I–
turbide dominait dans le congres; elle
voulut achever son reuvre. Elle décida
que la couronne serai
t
héréditaire dans
Ja famille de l'empereur ; elle
fit
un
prince impérial de son fils a!né ; elle
donna le titre de princes mexicains
a
ses autres fils; sa sreur fut princesse ;
son pere fut appelé prince de l'Union;
on régla le cérémonial de son couron–
nement ; un ordre de chevalerie, sous
le titre de
Guadalupe,
fut institué
pour compléter l'attirail de cette. nou–
velle monarchie. On décréta que toutes
les dépenses d'Iturbicle seraient solclées
par le trésor public; et plus tard elles
furent fixées
a
la somme d'un million
et demi de piastres (8,100,000
fr.)
Tous
ces décrets passaient sans discussion,