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MEXI

QUE.

189

majorité. Vers la méme époque, le con–

gres, tou.jours hostile au président, dé–

posá tro1s des membres de la régence,

n'en laissant qu' un seul en place, en–

nemi d'Iturbide, dans le but de ren–

dre son vote nul dans toute délibéra–

tion pol\tique. On alla meme, dans une

autre sé{lrlee, jusqu'a présenter un pro–

jet de loi qui déelarait le commande–

ment de l'atmée incompatible avec les

fonctions du pouvoir exécutif. 11 n'é–

tait plus permis aux amis cl'Iturbide de

se

foíre

illusiou sur le déclin de son in–

fluence; ils demeurerent convaincus

qu'il fallait se hater d'organiser un

mouvement populaire pour le porter

sur le trone, si l'on voulait profiter du

moment ou le souven ir de

s~s

services

n'était pas encore éteint. Leurs me–

sures furent concertées avec rapidité;

aucun homme de rang ne fut employé

ni méme mis daos le secret. lis ne s'a–

dresserent qu'aux sous-officiers et aux:

officiers non commis-sionnés de la gar–

nison, tres-dévoués

a

Iturbide. lis

avaient

a

leur téte un sersent du pi:e–

mier régiment d'infanter1e de ligne,

un nommé Pio Marcha, le plus exalté

de tous; on avait néuni pour le secon–

der une foule de le.peros (lazzaroni),

ces misérables vagabopds dont k rues

de Mexico sont rempJ1es. Tout ce i•as–

semblement se porta <ilevant la maison

d'Iturbide, dans la nuit du 22mai1822,

et le proclama empereur, sous Je nom

d:Augustin

¡•r.

Les cris, les vivat, les

feux de joie se succéderent jusqu'au

jour. Aucune des manreuvres hypo–

crites que les usurpateurs pratiquent en

pareil cas, pour simuler une apparence

(le liberté et de vreu nalional, ne fut né-

,· gligée en cette occasion. Iturbide parut

hésiter, afin qu'on sembldt lui faire vio–

Jence. 11 publia une proclamation éq ui–

voque, qui encourageait le mouvement

commencé sous l'apparence de le mo–

dérer, en meme temps qu'il prenait

sous main toutes les mesures nécessai–

res pour parvenir

a

ses fins . Le len–

demain , le congres fut extraordinaire–

ment convoqué pour prenclre part

a

cette parade

politiq.ue

. Les ap;ents d'I–

turbide commencerent par obtenir un

'lécret qui Jui ordonnait de se rendre

au seiO' de l'assemblée. II y vint, ac–

compagné de quelques militaires de di–

vers grades. Les tribunes étaient rem–

plies par ses partisans armés. Les cris

de cette multitude couvraient la voix

des députés indépendants, et ses .ac–

clamations encourageaient l'éloquence

des députés vendus. Iturbide, se dra–

pant du manteau de l'hypocrite, récla–

mait la liberté de la parole pour ses

adversaires, et suppliait la p9pulace des

tribunes de les écouter avec bienveil–

Jance. La fin de ce pitoyable drame fut

ce qu'elle devait etre : l'élection d'Itur–

bide, proposée et discutée,

re~ut

la

sanction d'une assemblée qui n'était

pas libre. Sur cent quatre-vingt-cleux

députés, dont Je congres deva1t etre

composé, quatre-vingt-quatorze seu–

Jement se trouverent présents ; soix:m–

te-dix-sept voteren t pour l'élection,

deux se retirerent sans voter, et quinze

se prononcerent pour la négative, dé–

clarant qu'il leur paraissait indispen–

sable d'en référer a leurs commettants

· et d'en obtenir des pouvoirs spéciaux.

A son retour au palais, comme lors–

qu'il s'était rendu

a

rassemblée, la

voiture du monarque improvisé íut

tra!née par le peuple

1

Les provinces apprirer¡t cet événe–

ment par les joµrnaux, et l'accepterent

comme un fait accompli . L'opposition

était concentrée clans Ja capitale , mais

morne et silenoieuse; elle ne se révé–

Jait par aucun acte. La majorité d'I–

turbide dominait dans le congres; elle

voulut achever son reuvre. Elle décida

que la couronne serai

t

héréditaire dans

Ja famille de l'empereur ; elle

fit

un

prince impérial de son fils a!né ; elle

donna le titre de princes mexicains

a

ses autres fils; sa sreur fut princesse ;

son pere fut appelé prince de l'Union;

on régla le cérémonial de son couron–

nement ; un ordre de chevalerie, sous

le titre de

Guadalupe,

fut institué

pour compléter l'attirail de cette. nou–

velle monarchie. On décréta que toutes

les dépenses d'Iturbicle seraient solclées

par le trésor public; et plus tard elles

furent fixées

a

la somme d'un million

et demi de piastres (8,100,000

fr.)

Tous

ces décrets passaient sans discussion,